FDSEA et JA rencontrent une conseillère d'Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a sillonné la région dans le cadre
de son «itinérance mémorielle», l’occasion pour la profession d’évoquer l’actualité agricole avec lui.
Dans le cadre de sa venue en Hauts-de-France, lors du déplacement commémoratif du président de la République, la FRSEA, les différentes FDSEA et JA ont pu à différentes reprises obtenir audience auprès du président ou de ses conseillers.
Entretien direct avec le président à Avesnes-sur-Helpe
C’est ainsi que Jean-Christophe Rufin, président de l’arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe et secrétaire général de la FRSEA, a été convié par le sous-préfet et Anne-Laure Cattelot, députée de la circonscription d’Avesnes, à participer à un petit déjeuner avec différents acteurs locaux en présence d’Emmanuel Macron pour y représenter l’agriculture.
Y ont participé également un boucher, un restaurateur, une torréfactrice, une association de lutte contre l’illettrisme. Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics et le préfet de Région Michel Lalande étaient également présents.
L’entrevue permettait d’aborder directement avec le président de la République, les sujets qui préoccupent les acteurs économiques. La discussion s’est instaurée sous forme de questions/réponses. Au menu, l’apprentissage, le coût du travail, problématiques partagées par l’ensemble des professions présentes.
Jean-Christophe Rufin a, pour sa part, abordé les critiques dont sont victimes tous les jours les agriculteurs et a regretté les décisions politiques prises en réaction à ces critiques, en dehors de toute considération technique ou économique. Il a rappelé que la FNSEA et ses partenaires œuvrent à la transition écologique, à travers le contrat de solutions et que les agriculteurs ont besoin de temps pour mettre en place de nouvelles techniques. Il est nécessaire de rétablir la confiance. L’Etat doit être porteur d’apaisement dans ces débats de société. A cela, le chef de l’Etat répond qu’il ne se laisse pas influencer par les détracteurs de l’agriculture et qu’il a bien conscience des efforts entamés par la profession.
Jean-Christophe Rufin a souhaité mettre en lumière la problématique de distorsion de concurrence dont sont victimes les territoires agricoles des Hauts-de-France. «L’agriculture française est de plus en plus réduite à la production de minerais au service de nos voisins européens qui créent la valeur ajoutée que nous ne savons plus produire», a-t-il déclaré. Le Chef de l’Etat a rappelé que la perte de compétitivité et la fuite de la valeur ajoutée sont au cœur de ses préoccupations. C’est pour cela qu’il a mis en place un grand plan d’investissements qui comporte un volet agricole et agroalimentaire qui vise à accompagner la modernisation et la création d’ateliers en exploitations et dans les filières. Et de manière plus locale, le développement de certains territoires fragiles fait l’objet d’une attention particulière à travers la signature de pactes territoriaux, comme celui qui vient d’être pris sur les arrondissements d’Avesnes-sur-Helpe et de Vervins avec les acteurs locaux. Il vise, entre autres, à développer le numérique, réduire le désenclavement routier, et en agriculture, à développer les filières locales avec les bassins de populations voisins.
En définitive, le président de la République a mis en avant des outils pour pallier les difficultés que rencontrent les agriculteurs, qui doivent désormais être déclinés sur le terrain… A suivre donc.
Versement des aides, taxes et agribashing à Amiens
Lors du passage du cortège présidentiel dans la Somme, FDSEA 80 et Jeunes agriculteurs ont obtenu une seconde audience auprès des services de l’Elysée : une délégation composée de Françoise Crété, présidente de la FDSEA, Denis Bully, secrétaire général, et d’Edouard Brunet, président des JA, a rencontré Anne-Claire Mialot, conseillère en gestion des territoires auprès d’Emmanuel Macron. Les représentants agricoles de l’Etat étaient aussi présents avec Jacques Banderier, directeur de la DDT, et le chef du service économie agricole, Jean-Luc Becel. Dernier acteur de cette rencontre, le sous-préfet d’Abbeville, Philippe Fournier Montgieux.
Premier sujet abordé : le retard de paiement des aides Pac concernant plusieurs centaines d’exploitations samariennes, au lendemain du 16 octobre. Les contrôles et les délais d’instructions expliquant cela, selon l’administration, comme l’avait déjà expliqué l’ASP (cf. édition du
2 novembre 2018). «La situation est inacceptable. Dans les dossiers Pac, les agriculteurs ont une obligation de perfection. On en attend autant des services de l’Etat ! Il est urgent que les versements aient lieu, compte tenu aussi des trésoreries tendues sur les exploitations du département», ont rappelé les syndicats. «Pourquoi bloquer la totalité des aides alors que dans la très large majorité des cas,
20 % maximum des aides ne seront pas versées en cas de faute intentionnelle avérée ? On peut très bien verser les 70 % d’acompte à tout le monde», a mis en avant Françoise Crété. En ce début de semaine, le nombre de dossiers toujours en suspens est descendu à moins de cent. Un grand pas a été effectué, mais FDSEA et JA ne seront satisfaits qu’au paiement de tous les dossiers.
Autre point pesant : l’ensemble des taxes qui s’alourdissent sur les exploitations, comme la redevance de pollution diffuse (RPD), qui ne fait qu’augmenter. A l’échelle nationale, cela représente près de
80 millions d’euros. A l’échelle d’une coopérative telle que Noriap, c’est 1,2 million d’augmentation, soit près de 600 E d’augmentation moyenne par adhérent. Autre point d’inquiétude : le GNR, dont le prix avoisine les 1 E/l et va sans doute les dépasser. Et la profession de demander non seulement une pause sur la RPD, mais aussi une prorogation durable du remboursement TIC (si possible simplifié et intégré à la source). Pour aller plus loin, les responsables ont argumenté : «Nous avons des solutions en agriculture. Nous pouvons répondre à la transition écologique, mais encore faut-il que l’Etat nous accompagne.» Premier élément, utiliser et valoriser les contributions positives de l’agriculture, comme les biocarburants ; ensuite, développer les autres potentialités. D’autres pistes existent pour atteindre l’objectif de réduction au recours de produits phytosanitaires, notamment avec le contrat de solutions mis en avant par la FNSEA, JA et de nombreux partenaires.
Enfin, la FDSEA et JA 80 ont abordé la nécessaire reconnaissance positive de l’agriculture face aux attaques répétées des associations, voire de certains médias. «Inadmissible de faire passer pour une vérité des messages aussi extrémistes vis-à-vis de nos filières d’élevage. Cela ne peut plus durer», a dit Françoise Crété. «Nous, JA, sommes agréés pour intervenir dans les écoles, parler du métier, mais ces associations qui nous attaquent de toutes parts le sont-elles ?», a demadé Edouard Brunet. Les représentants syndicaux ont demandé à l’Etat, au gouvernement et au nouveau ministre de l’Agriculture en particulier, d’agir en conséquence pour préserver une vision économique, équilibrée et durable du modèle agricole français et samarien.
Enfin des précisions et des avancées sur les paiements Pac
Le versement de l’avance des primes Pac 2018 a été fait au 16 octobre : oui, mais par tout le monde. En effet, seulement 92 % des exploitations de la Somme ont perçu leur avance Pac. Ainsi, cette année, on a donc d’un côté ceux qui ont déjà touchés 70 % de leurs primes Pac au 16 octobre, comme prévu, puis, de l’autre côté, ceux qui n’ont encore rien touché. Pourquoi ?
Des pièces justificatives peuvent manquer au dossier, des doublons sont encore à régulariser ou alors l’exploitation fait partie de la zone de télédétection et a fait l’objet d’un contrôle administratif, avec une visite sur le terrain ou pas.
Restées longtemps inconnues, les dates des prochains versements Pac sont aujourd’hui communiquées. Ainsi, pour ceux qui n’auraient jusqu’à présent rien perçu, un paiement est prévu sur le compte des exploitants agricoles le 22 novembre. Ce versement correspondra à l’avance Pac, soit au paiement de 70 % des aides du premier pilier pour seulement une vingtaine de dossiers, aujourd’hui réglés. Pour les dossiers restants, soit les dossiers ayant fait l’objet d’un contrôle administratif avec une visite sur le terrain, la DDTM est en attente des retours de contrôles réalisés par l’ASP. Néanmoins, la prochaine date de paiement est fixée au 14 décembre, et à cette date, la majorité de ces dossiers devraient toucher l’intégralité de leurs aides du premier pilier.
Notons aussi qu’à cette date du 14 décembre, il est également attendu le versement du solde des aides du premier pilier pour ceux qui ont touché l’avance Pac.
Camille Lefranc