Ferme agro-écologie 3.0 ou l’agriculture de demain
La Ferme agro-écologie 3.0 sera inaugurée à Aizecourt-le-Haut, le 2 juin prochain, à partir de 10h. Quel est ce projet et quel est l’intérêt que peuvent trouver les agriculteurs ?
Ville intelligente, transports intelligents, agriculture intelligente… Les nouvelles technologies envahissent notre quotidien, comme nos activités professionnelles avec les outils connectés. Imaginer cependant que la machine pourrait demain supplanter l’homme, ainsi que la littérature de science-fiction et le cinéma le racontent, reste une vue de l’esprit. Le chef d’orchestre restera toujours l’homme, même si les travaux sur l’intelligence artificielle avancent à grands pas. Dans le même ordre d’idées, toutes ces nouvelles technologies qui s’invitent désormais dans les pratiques agricoles ne peuvent se passer de l’agronomie. Mais celles-ci caractérisent bel et bien une évolution conséquente, de même teneur que l’arrivée de la mécanisation dans les années 1960.
«Nous sommes à la veille d’une révolution importante dans l’agriculture, explique Olivier Morel, directeur adjoint de la Chambre d’agriculture de la Somme. Le numérique et la robotique utilisés dans l’agriculture apportent une véritable révolution dans les pratiques agricoles. Aussi pour accompagner au mieux ces changements profonds, il nous a semblé indispensable d’avoir un outil innovant présentant et démontrant l’utilité de ces technologies dans l’agriculture. Cet outil est la Ferme 3.0 à Aizecourt-le-Haut, qui nous sert à la fois de vitrine, de démonstration et d’expérimentation.» Une première en France, née de cette volonté, des échanges avec Agro-Transfert et de la rencontre avec un agriculteur, Jean-Marie Deleau, passionné d’agronomie.
L’agro-écologie en pratique
D’un côté, il y a les préoccupations environnementales et les contraintes réglementaires, qui imposent notamment la diminution des produits phytosanitaires. De l’autre, il y a une volonté politique avec un programme de développement de l’agro-écologie dans l’agriculture française pour les prochaines années. Nécessité et force de loi définissent donc les règles du jeu. Pour atteindre ces objectifs, tout en maintenant le potentiel de production et le développement économique des exploitations, le couple agro-écologie et outils connectés a semblé la meilleure réponse.
C’est sur celui-ci dans tous les cas que la Chambre d’agriculture a parié, avec Agro-Transfert et Jean-Marie Deleau, en portant sur les fonts baptismaux en juin 2014, la Ferme 3.0 et le lancement des premiers essais de scénarios agronomiques, dont des scénarios de systèmes en rupture, et des tests sur les équipements connectés. La convention entre les trois partenaires a été signée, elle, un an plus tard. Les rôles ont été répartis entre les trois acteurs. La Chambre d’agriculture joue le rôle de chef d’orchestre et est à l’origine des expérimentations annuelles. Agro-Transfert apporte, elle, son expertise scientifique sur les expérimentations systèmes et en définit la partition. Quant à Jean-Marie Deleau, il a fourni dans la corbeille de la «mariée» l’exploitation.
Apport capital, s’il en est, faisant que ce n’est pas une ferme d’expérimentation sur lesquels ne seraient pratiqués que des tests de pratiques agricoles, mais une véritable ferme avec ses contraintes quotidiennes et ses impératifs de viabilité économique. «Aussi la mise en œuvre des pratiques les plus économes en produits phytosanitaires se réalise-t-elle sans faire prendre de risques à l’exploitation», précise Olivier Morel. «L’intérêt est de s’appuyer sur la nature pour diminuer les coûts d’exploitation. Cela permet d’éviter les dépenses inutiles et de mieux appréhender les potentialités du système pour l’environnement local, grâce aux nouvelles technologies», ajoute Jean-Marie Deleau.
Drones, GPS, Big Data, modulation intra-parcellaire et équipements agricoles apportent chacun leur lot d’innovations technologiques pour construire des systèmes de culture innovants. Avec l’idée de les mettre à la portée de tous les agriculteurs, comme des constructeurs d’équipements, parce que la Ferme 3.0 se doit d’être également un lieu d’échanges entre tous les acteurs de l’agriculture. Le tout associé à des innovations qui passent également par de nouvelles formes d’aménagements et des modèles agronomiques pour la fertilisation azotée, la lutte contre les nuisibles et le pilotage de l’irrigation. De quoi envisager avec plus de sérénité les enjeux de demain pour l’agriculture.
Voir l'interview de Daniel Roguet, président de la Chambre d'agriculture de la Somme et de Jean-Pascal Hopquin, directeur d'Agro-Transfert dans votre journal l'Action Agricole Picarde.