Féverole et chocolat : un mélange savoureux
Béatrice Maire, chocolatière à Beuvraignes, a concocté une pâte à tartiner au chocolat à base de féverole. Une création inédite qui fait un tabac.
«Donnez-moi quelques poignées de féveroles, je vous en sortirai une recette goûteuse !» Tout est parti de cette plaisanterie. En se promenant aux Terres de Jim, à Margny-lès-Compiègne (60), en septembre dernier, Béatrice Maire est tombée par hasard sur les féveroles, au stand de la coopérative Agora. «Je ne sais pas pourquoi cette légumineuse m’a intriguée. On m’a assuré qu’elle n’était consommée que par les animaux, ou en espèce de purée en Egypte. Mais j’ai insisté», s’amuse encore la chocolatière, qui a créé les Chocolats du Croisé à Beuvraignes, près de Roye, il y a deux ans.
Les premiers coups de fourchettes ne furent pas motivants. «Je les ai d’abord cuites comme des pois chiches, puisqu’elles y ressemblent. Le tout avait un drôle d’aspect. Je me suis dit que je perdais mon temps.» Et puis la première purée se révèle très agréable : une odeur appétissante qui fait frétiller les narines et, dès la mise en bouche, un doux goût de châtaigne… «J’en ai donc fait une crème à la vanille.»
Au fur et à mesure des recettes, l’idée vient à Béatrice Maire de transformer les féveroles en pâte à tartiner au chocolat. Le résultat est un délice. La féverole donne un aspect très onctueux à la pâte. La Tartimousse® - la chocolatière a fait déposer le nom de sa recette mise au point en novembre - est presque victime de son succès : «J’en ai vendu 700 pots en deux mois ! Dans les marchés de Noël, je ne vendais presque que ça. Les agriculteurs étaient comme des fous, et les parents qui cherchent une alternative aux pâtes à tartiner industrielles étaient ravis.» Chocolat noir, chocolat au lait, avec un soupçon de citron confit, oranges confites, cognac, Spéculoos, café ou caramel… Tout plaît.
Gourmande et diététique
Il faut dire qu’en plus de la saveur, la pâte a d’autres qualités. Comptez 1,5 gramme de lipides pour 100 grammes de plaisir culinaire. «Elle n’est pas grasse du tout. La seule matière grasse est le beurre de cacao du chocolat.» Comme toutes les autres gourmandises des Chocolats du Croisé, la production est entièrement artisanale, à base de produits locaux. Cerise sur le chocolat : un pot de 275 g coûte 4 €. «La féverole est bon marché. La pâte à tartiner aux noisettes se vend le double, car ces dernières sont très chères !» La coopérative Agora elle-même est tombée sous le charme, et en a commandé 350 pots pour offrir à ses adhérents.
Reste à Béatrice Maire à s’organiser pour pouvoir suivre la demande, «car la fabrication prend un temps fou». Et croiser les doigts pour que la recette ne soit pas copiée. Les idées, elles, continuent de fuser. Deux nouveaux parfums, noisettes et chocolat blanc/Spéculoos, devraient être au point pour la chandeleur. «Etalée sur des crêpes, c’est un régal !»
Contact : Béatrice Maire, 06 64 69 79 00 ; Chocolats du Croisé, 30 rue du Cessier. 80700 Beuvraignes ; www.chocolatsducroise.fr
Pour la petite histoire…
Béatrice Maire, enseignante d’équitation et cavalière de profession, s’est installée à Beuvraignes en 2011 pour y monter son commerce de chevaux. Mais un accident et l’équitaxe (passage de la TVA à 7 à 20 % pour la vente des équidés en 2013) auront eu raison de son activité. «J’ai toujours été passionnée de pâtisserie et de chocolat. Pendant ma convalescence, je me suis amusée à élaborer des recettes. Et j’ai fini par me convertir», raconte-t-elle. Elle apprend «l’art de la chocolaterie» dans la célèbre chocolaterie Beussent-Lachelle, dans le Pas-de-Calais. Ses produits sont vendus sur place, à La Ruche qui dit oui ! et au magasin de producteurs du Paraclet. La chocolatière garde néanmoins une activité liée aux animaux, puisqu’elle tient en parallèle une ferme découverte, avec vache naine, lapins, oies, moutons…