Filières viande : Toujours plus de porcs et de bovins collectés pour la Cobevial
En moins de dix ans, la coopérative Cobevial, n’a cessé d’augmenter son volume de collecte de porcs et de bovins. Bilan et perspectives dressés lors de son assemblée générale, le 27 juin, à Siracourt.
De 150 000 à 380 000 porcs, de 11 000 à 33 000 bovins et de 400 à 700 adhérents en moins de dix ans. Les chiffres qu’affiche la Cobevial (groupement de producteurs porcs et bovins), présentés le 27 juin, à Siracourt (62), lors de l’assemblée générale, sont révélateurs de sa réussite. Les comptes le sont de manière identique : 3 318 993 euros d’excédents, affectés de la manière suivante : 480 568 euros sous forme de dividendes, 730 000 euros en caisse de développement d’activités bovines et porcines, 2 108 425 euros en réserve libre d’affectation.
Pour autant, «le développement du chiffre d’affaires n’est pas une fin en soi, assure Hervé Drouvin, le président. Il doit permettre de mieux rationaliser les coûts et d’asseoir les charges fixes de notre entreprise, mais aussi de répondre à certains marchés et d’essayer de peser face à nos acheteurs. Cela, dans le but de mieux valoriser notre production.»
380 000 porcs charcutiers…
La Cobevial a collecté, en 2017, près de 380 000 porcs charcutiers (+ 7,5 %). «Cette année 2017 a permis d’asseoir nos marchés, principalement en France, avec l’ouverture de Socopa Strasbourg, le passage à trois camions par semaine à Socopa Evron, et la continuité du travail avec Tradival à Orléans, mais aussi à l’export avec un camion vers l’Allemagne chaque semaine», précise François Thibaut, vice-président porcin. La coopérative mise également sur la poursuite du travail dans les filières locales et régionales, qui pèse tant en volume qu’en valeur (PHP, porcs d’antan, filière tracée avec les salaisons du terroir, cochon’or). La Belgique, quant à elle, est devenue une variable d’ajustement : «elle reste nécessaire, mais n’est pas recherchée, devant la difficulté de bien valoriser les animaux sur ces marchés.»
La conjoncture, pourtant, était complexe. «Avec la chute des exportations vers l’Asie (principalement la Chine) sur la deuxième partie de l’année, les cours n’ont cessé de s’effondrer depuis l’été 2017, le commerce restant globalement atone sur le grand export comme au niveau national, analyse François Thibaut. Les exportations pays tiers de l’union européenne ont donc chuté de 9 %, quand celles des Etats-Unis progressaient de près de 8 % et celles du Canada de près de 5 %.»
Au niveau français, 350 000 porcs de moins ont été abattus, soit l’équivalent d’une semaine de tuerie. Mais la combinaison favorable des trois facteurs que sont le prix du porc, le prix de l’aliment, et les progrès techniques, ont fait que l’année 2017 fut une bonne année pour la production. «Le prix moyen MPB s’est établit à 1,37 €/kg, avec un point le plus bas à 1,14 € et un point le plus haut à 1,54 €. On a ainsi vu les trésoreries se refaire tout au long de l’année.»
Seul point noir : la relance des investissements qui aurait dû accompagner cette année des cours corrects n’a pas eu lieu : manque de confiance dans la production, remise en cause de l’élevage, incertitude sur les choix techniques à adopter vis-à-vis des attentes sociétales… «Pourtant, l’amélioration des conditions de travail va devenir primordiale pour conserver de la main-d’œuvre salariée, de même les investissements pour réaliser des économies d’énergie (aujourd’hui cinquième poste de charges devant les frais financiers) vont s’avérer essentiels pour être performant demain.»
… et 25 400 bovins viande
Avec 25 400 bêtes collectées en 2017, le secteur bovin viande est lui aussi en croissance à la Cobevial (+ 6 %). «Les ventes sont aussi en progression, notamment en JB (jeune bovin) viande, ou en JB McKey, pour les magasins McDonald’s», commente Jean-Michel Regnier, vice-président bovin. L’avantage de ces derniers : l’éleveur connaît son prix d’achat un an à l’avance. Mais le plus gros des ventes, la Cobevial les fait aux abattoirs Bigard de Feignies (50 %) et de Formerie (22 %), puis d’Elivia (20 %). La coopérative se penche aussi sur le développement des circuits courts et travaille notamment avec l’atelier de découpe Centrale Frais.
Pourtant, les cheptels, en vaches allaitantes comme laitières, ont plutôt tendance à diminuer. «Avec 93 000 vaches allaitantes de moins qu’en 2016, le cheptel se stabilise à un peu plus de 4 200 000 têtes. De manière globale les réformes allaitantes ont abondé en 2017, et nous avons également assisté à une baisse significative des naissances sur la fin de l’année», détaille Jean-Michel Regnier. En laitières, 2017 a enregistré une baisse de plus de 38 000 têtes des effectifs de vaches laitières, pour un troupeau France aux alentours de 3 500 000 vaches : - 6 % en veaux mâles - 11 % en broutards et - 7 % en mâles de 16 à 24 mois.
Les abattages, eux, sont en hausse de 5 % par rapport à 2016 pour les vaches allaitantes (+ 4 %). «Ces abattages massifs ont participé largement à la baisse des cours». Les réformes laitières, en revanche, ont été moins nombreuses en 2017 qu’en 2016 (- 3,6 %). «Ce sont donc bien les réformes allaitantes qui ont pesé sur le marché.» Concernant les jeunes bovins (lait et viande), la chute des abattages qui dure depuis 2013 s’est poursuivie en 2017. Les effectifs de mâles laitiers, n’ont même jamais été aussi bas qu’en fin 2017. «Ceci est la conséquence d’une forte diminution des mises en place de JB face à une demande de broutards de la part des pays voisins toujours plus forte.»
Le marché des broutards est donc resté très fluide. Les exportations de bovins maigres en 2017 sont restées dynamiques (- 1 % par rapport à 2016). Le premier client restant de loin l’Italie, en progression de 1 % par rapport à 2016. Malgré un accord avec la Turquie en octobre 2017, les exportations de bovins maigres de plus de 300 kg n’ont pas décollé sur la fin de l’année : les conditions FCO quasiment inapplicables en étant la principale explication.
Pour Jean-Michel Regnier, la pérennité de la filière repose en partie sur les éleveurs et le soin accordés à leurs animaux. «Car les images chocs régulièrement relayées par Internet et les médias font beaucoup de mal à la profession. Chaque scandale, c’est une érosion de la consommation.» Les Français sont bien les plus gros consommateurs de viande bovine de l’union européenne (avec 17,1 % de la consommation totale de viande, volaille et charcuterie en France), mais la consommation en kgec/hab a chuté de 1,1 %.
Vision contrastée du marché
L’élu a donc une vision très contrastée du marché bovin pour le reste de l’année 2018 : «le marché chinois et des pays tiers semblent prometteurs, la baisse des abattages de vaches allaitantes et de JB devrait réorienter les prix à la hausse et la demande d’animaux maigres qui devrait être bonne. Mais, parallèlement, le cheptel laitier risque de continuer de se contracter avec une hausse des abattages de réformes laitières. Enfin, les risques sanitaires sont difficiles à anticiper, rappelons-nous la FCO sérotype 4 en 2017…»