FNB : redynamisme de la filière porcine
À l’occasion du congrès de la Fédération nationale porcine (FNP), qui se tient à Lille les 21 et 22 juin au siège du conseil régional, voici un panorama de la situation de la filière régionale qui souhaite profiter de ce rendez-vous pour redynamiser la logique collective.
Avec 4,4 % de la production porcine française, les Hauts-de-France sont la 5e région productrice de porcs en France, derrière la Bretagne, les Pays de la Loire, la Nouvelle-Aquitaine et la Normandie. Plus d’un million de porcs charcutiers sont produits dans la région chaque année. Entre verre à moitié vide ou à moitié plein : le regard que l’on peut porter sur la filière régionale est ambivalent. Si elle a incontestablement des atouts, ses faiblesses sont aussi une réalité.
Une filière fragilisée
Du côté du verre à moitié vide, la production régionale se caractérise par son déséquilibre : 47 100 tonnes sont abattues chaque année par les outils régionaux contre une production de 93 300 tonnes (deux fois plus). Les exportations de porcs vivants destinés à l’abattage vers la Belgique ne cessent d’augmenter depuis 15 ans. En 2003, ces exportations étaient inférieures à 100 000 têtes par an ; elles atteignent aujourd’hui près de 350 000 têtes. Ce qui constitue une fuite de la valeur ajoutée. En parallèle, 189 000 tonnes de viande porcine sont consommées dans les Hauts-de-France (quatre fois plus que la production).
La baisse drastique du nombre d’élevages est aussi un élément qui fragilise la filière : - 95 % en trente ans et - 60 % sur les 15 dernières années. Cette diminution induit des effets de seuil de viabilité pour les producteurs et les opérateurs de l’aval de la filière. La diminution du nombre d’outils d’abattage illustre bien cet aspect.
Autre point négatif dans la balance : les distorsions de concurrence avec nos voisins concernant les exigences environnementales, l’organisation économique, le différentiel de coût du travail ou de l’abattage. Les éleveurs de la région y sont confrontés de manière très directe en raison de la proximité des bassins de production flamand et hollandais.
Des atoutspour rebondir
Si l’on regarde les choses du côté du verre à moitié plein, la filière a un certain nombre d’atouts à faire valoir et d’opportunités à saisir. Citons d’abord des ateliers porcins à taille humaine (145 truies en moyenne contre 190 au niveau national). La gestion de la mise en marché par les éleveurs au travers de leurs groupements (GPPMF, Suidéal et Cobévial) constitue aussi une force (74 % des volumes). Citons aussi la présence du groupe Bigard à Saint-Pol-sur-Ternoise qui réalise 72 % des abattages en Hauts-de-France et accroit régulièrement son volume d’activité.
Autre atout : la performance des élevages régionaux avec des coûts de production compétitifs et des résultats technico-économiques satisfaisants. «Les éleveurs qui ont réussi à maintenir leur activité n’ont pas eu d’autres choix que d’améliorer leurs performances pour perdurer», témoigne Jean-Marie Vanvincq, conseiller porc à la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais. Cette bonne maîtrise des coûts de production s’explique notamment par le fort lien au sol des élevages régionaux - près de 80 % des éleveurs utilisent leurs propres céréales pour fabriquer les aliments à la ferme -, mais également par l’utilisation des coproduits issus de l’industrie agroalimentaire très présente sur le territoire. «La qualification d’élevage hors-sol ne colle pas à la réalité des ateliers porcins de la région», constate Jean-Marie Vanvincq.
Un rattachement au terroir qui pourrait bien servir à la filière régionale pour maintenir ses volumes de production. La reconquête du marché régional porcin reste aujourd’hui la piste privilégiée par la filière pour dynamiser la production et la consommation. La montée en puissance des circuits de proximité et des démarches de qualité, au nombre de sept aujourd’hui dans la région, sont en phase avec les demandes des consommateurs.
Enfin, si l’avenir appartient à la jeunesse, la filière régionale a encore de belles raisons d’espérer puisqu’un quart des éleveurs sont âgés de 35 et 44 ans et 13 % ont même moins de 35 ans.