Génétique : des outils pour affiner la reproduction
Les Open Days du CIA Gènes Diffusion ont été l’occasion
de discuter génétique, reproduction, monitoring et nouveautés au sein d’élevages de la région.
A chacune des réunions de Gènes Diffusion, la formule est la même : une présentation de l’exploitation accueillante et des problèmes rencontrés, puis un voyage au cœur de la ferme entre quatre ateliers thématiques : génétique, reproduction, monitoring et nouveautés. Dans le département du Nord, l’une de ces dernières rencontres s’est déroulée à Winnezeele, chez Laurent et Sylvie Verielle.
L’exploitation produit 620 000 litres de lait pour une moyenne de 9 500 litres par vache. Les vêlages s’y effectuent en majorité entre les mois de juin et de septembre, à raison d’une soixantaine par an. Le taux de mortalité des veaux et d’avortement tourne autour de 7 %. Enfin, le couple d’éleveurs pratique un suivi de la reproduction de son troupeau «toutes les six à sept semaines», selon une méthode présentée par Jean-Noël Lemaire, technicien suivi repro.
Manager la reproduction
Le renouvellement d’un troupeau laitier, c’est en effet quelque chose «qui se manage», explique Jean-Noël Lemaire. Le suivi repro consiste à constater la gestation d’animaux inséminés pour détecter ensuite les femelles vides. Il permet ainsi d’analyser toutes les femelles par des visites régulières, et d’établir une synthèse des données de reproduction en fonction des objectifs fixés par l’éleveur.
Chez Gènes Diffusion, ce service existe «depuis douze ans», explique Noël Lemaire. Il s’exerce aujourd’hui dans près de 750 élevages par an pour un volume d’animaux d’environ 75 000, et serait en progression. «Bien préparer ses bêtes avant le vêlage limite les problèmes de délivrance, poursuit le technicien. 90 % des vaches sont cyclées, mais on ne le sait pas forcément.» Parmi les bénéfices du suivi repro, on peut aussi citer la réduction de l’intervalle vêlage-vêlage (IVV), un moindre recours aux médicaments de reproduction, un meilleur pilotage des choix de réforme ou des périodes de vêlage. Pratiqué par une quarantaine de spécialistes au sein du CIA Gènes Diffusion, le suivi repro «ne se limite pas à un simple suivi échographique. C’est, au contraire, un véritable levier économique pour l’élevage, appuyé par un logiciel expert».
Des outils d’aide au suivi
En parallèle à la méthode et au logiciel, des outils désormais connectés permettent en temps réel de connaître le comportement d’une vache en gestation. Leurs noms ? «Heatbox +», un système de monitoring pour la détection des chaleurs, et «Moocall», un système de monitoring pour prévenir les vêlages. Les deux sont équipés de capteurs qui prennent en compte les mouvements d’un animal.
Pour le premier, les données enregistrées sont envoyées vers un serveur à partir duquel elles sont comparées. «Le but de cet outil est de détecter les chaleurs plus tôt, explique Christophe Rouseré, responsable R&D. Ainsi, on arrive à réduire l’IVV et on assure une meilleure utilité des paillettes.» L’équipement serait aujourd’hui utilisé par quelque cinq cents éleveurs, le frein principal restant son coût d’utilisation et d’équipement.
Sur le même principe, le système «Moocall» fonctionne à partir d’un capteur de mouvement que l’on pose sur la queue de la vache. «Ce système a d’abord été conçu pour les élevages allaitants, rappelle le responsable R&D, mais il est de plus en plus utilisé en élevage laitier.»
Des index plus précis
Santé du pied pour réduire l’impact financier des boiteries dans l’élevage, acétonémie qui entraîne une baisse de la production et de la reproduction ou encore efficacité alimentaire sont les nouveaux index développés par Gènes Diffusion pour orienter les éleveurs dans le choix d’un animal reproducteur. Technicien génétique, Marc Bellenguez l’assure : «Nous disposons de plus en plus d’informations sur nos reproducteurs, et cela permet ensuite d’affiner les choix.»
Plusieurs gammes de reproducteurs sont d’ores et déjà proposées : «OptiRobot» avec des reproducteurs choisis pour produire une descendance adaptée à la traite robotisée ; «OptiSanté» avec des reproducteurs sélectionnés d’après leur niveau global de santé et produisant une descendance dotée d’une bonne longévité ; «Optiéqui» pour une gamme de taureaux complets, améliorateurs à la fois des caractères de production, de santé et de morphologie fonctionnelle…
Le génotypage gagne du terrain
Comment connaître avec plus de précision le potentiel génétique de son troupeau ? Chez Gènes Diffusion (mais aussi chez d’autres acteurs de la génétique), le génotypage est bel et bien en train de gagner du terrain. Cela permet à l’éleveur de mieux connaître ses index de production, de morphologie, fonctionnels, de santé ou encore le statut génétique. La méthode de réalisation a un nom : «GDScan». «Même si cela a été lancé il y a une dizaine d’années, on constate une vraie progression du génotypage depuis environ un an», rapporte Michaël Fievet. Conséquence : son prix a tendance à diminuer.
Associé au logiciel d’accouplement informatisé «OptiGen», l’utilisation du génotypage permet de croiser les objectifs de l’éleveur et les différentes indexations annuelles. Le résultat est un accouplement basé sur un choix nominatif de taureaux, en «live», et respectant les objectifs de sélection de l’éleveur qui devient de plus en plus «acteur» dans la reproduction de son troupeau. Toujours d’après lui, «cela oriente la ligne directrice de ce que l’on souhaite et évite le risque de consanguinité. Certains défauts d’un animal vont aussi pouvoir être corrigés, comme la morphologie ou la vitesse de traite».
D’une manière plus générale, au-delà de l’impact sur le confort de travail, Gènes Diffusion tente de faire accepter aux éleveurs que «la sélection génétique, ce n’est pas une charge, mais un investissement».