Gervais Grare : les charolaises par passion et par nécessité
Retour sur la porte ouverte Bovins croissance chez Gervais Grare, à Buigny-St-Maclou, le 23 mai.
Quel est l’historique de l’exploitation ?
Je me suis installé en 1981. Papa avait des Normandes et, mal équipé pour traire, il commençait à utiliser un taureau charolais. Très vite, sur les conseils de M. Vancraeynest d’Yzeux, nous sommes partis sur un achat de génisses inscrites en 1985, puis en 1991, et une des génisses achetées à cette époque est à l’origine d’une bonne partie du troupeau.
Quelle est la place de l’élevage et de la génétique dans votre exploitation ?
Les 66 ha d’herbe, c’est 30 % de ma surface, donc j’essaie de les faire le mieux possible. Je fais partie du réseau viande bovine et, à ce titre, je peux comparer mes chiffres aux autres et savoir où je peux progresser. Pour la génétique, j’ai toujours fait attention aux taureaux que j’achetais. Maintenant, 75 % des veaux sont issus d’IA (AVel-ALait-DS). Je connais les origines de mes vaches et comment elles reproduisent. La génétique est une passion qui agrémente mon métier d’éleveur, et encore plus depuis que les unités de sélection s’intéressent à mon troupeau. En m’installant, jamais je n’aurais pensé avoir des taureaux dans les catalogues d’insémination artificielle.
Et votre participation aux concours ?
Oui, je sais, je vous ai déjà dit que j’avais autre chose à faire que balader mes vaches sur les concours. Mais ça, c’était avant, et c’est Eric François qui nous a mis le pied sur le ring, à Hautvillers, en 2010. Mes enfants ont découvert, à cette occasion, l’ambiance des concours. Depuis, pour eux, c’est devenu une passion. Je dois dire que l’on se prend au jeu, et c’est le côté humain, le fait d’être entre éleveurs qui ont la même passion qui prime. C’est toujours difficile pour la famille, quand il faut se séparer de la vache fétiche. Chez nous, on préfère les vaches aux tracteurs.
Economiquement, le troupeau est-il rentable ?
Lors de la porte ouverte, tous les chiffres ont été exposés, j’ai joué le jeu car, moi aussi, j’ai souvent bénéficié de ce genre de journée. La marge brute moyenne est d’environ 1 100 € par ha de surface fourragère (85 ha), plus que le blé ces dernières années. Ce n’est pas assez pour le mal que l’on se donne, mais comme dit un certain conseiller dont je ne citerai pas le nom, cela vient en plus du reste, puisque l’on fait nos vaches le matin avant d’aller dans nos champs et le soir en rentrant. C’est un peu ironique, mais ce n’est pas faux. Chez moi, d’après les calculs, les quatre-vingt vêlages, c’est un poste de travail. Les éleveurs travaillent beaucoup mais, en 2016, j’étais content d’avoir mes vaches, et puis le fumier est un plus pour les cultures. De toute manière, je n’ai pas le choix, les prairies font partie de la ferme et 80 % sont situées le long de la Somme. Et puis, c’est devenu pour ma famille une passion partagée.