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Glyphosate : rencontre entre agriculteurs et parlementaires

Vendredi 22 septembre dernier, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs conviaient les députés et sénateurs de la Somme sur l’exploitation agricole d’Alexandre Deroo, à Méharicourt, afin d’échanger autour du glyphosate.

Seul Emmanuel Macquet et Nicolas Blin ont répondu présent à l’invitation lancée par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs de la Somme.  
Seul Emmanuel Macquet et Nicolas Blin ont répondu présent à l’invitation lancée par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs de la Somme. 
© © D.R.


Le glyphosate n’a pas cessé de faire parler de lui ces derniers mois. Mais alors, pourquoi ? Tout d’abord, rappelons que le glyphosate est une substance active utilisée comme herbicide afin de lutter contre certaines espèces de graminées et certaines dicotylédones. Substance, qui, aujourd’hui, est la plus utilisée dans le monde et entre dans plus de trois cents préparations phytopharmaceutiques homologuées. De plus, comme tous les produits phytopharmaceutiques, conformément à la réglementation européenne, le glyphosate fait l’objet d’une Autorisation de mise sur le marché (AMM), soumise à un processus de révision tous les dix ans. Déjà renouvelée en 2002 pour l’ensemble de l’Union européenne, le glyphosate est ainsi en cours de renouvellement depuis 2012.
D’abord programmée début octobre, la France et les Etats membres de l’Union européenne se prononceront finalement le 10 novembre sur le renouvellement du glyphosate. Néanmoins, la France, au travers de la voix de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a déjà déclaré vouloir aller à l’encontre de cette proposition, en votant l’interdiction du glyphosate. De quoi faire réagir la profession agricole.

Un sujet qui mobilise peu
Sur les territoires, ce sujet ne semble pas spécialement passionner les parlementaires. Seul Emmanuel Macquet, député de la 3e circonscription et Nicolas Blin, attaché parlementaire de Jean-Claude Leclabart, député de la 4e circonscription, ont fait le déplacement.
«Le sol, je le place dans ma préoccupation première. Donc croyez-vous qu’on va y déverser et épandre n’importe quoi ?», interroge Alexandre Deroo, exploitant agricole à Méharicourt, en guise d’introduction lors de cette rencontre avec les parlementaires. «Le glyphosate est, aujourd’hui, un outil indispensable pour les agriculteurs, d’un point de vue agronomique, technique et économique. Difficile de s’en passer du jour au lendemain», ajoute Françoise Crété, présidente de la FDSEA de la Somme.
Alors, bien sûr, «si le produit est mauvais et nuit à la santé humaine, il faut le supprimer. Mais, le souci, c’est que les organismes scientifiques comme l’Autorité européenne de sureté des aliments (EFSA), l’Agence européenne des produits chimiques (l’Echa) et le Bfr, soit l’homologue allemand de l’Anses, classent le glyphosate comme non-cancérigène, mutagène ou reprotoxique», explique Alexandre Deroo. «Alors, pourquoi la France s’exprime-t-elle contre le renouvellement du glyphosate ?», font remarquer la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Somme aux parlementaires.

Les conséquences d’un retrait
N’existant pas à ce jour de solutions alternatives chimiques, biologiques ou encore mécaniques tout aussi efficaces, la FDSEA et les jeunes agriculteurs s’inquiètent des conséquences qu’engendrerait le retrait immédiat du glyphosate en France.
«Côté économique, c’est plus d’un milliard d’euros de pertes par an pour le secteur de l’agriculture française, et dont plus de 976 millions d’euros pour le secteur des céréales», explique Luc Vermersch, président de la section grandes cultures de la FDSEA. Une perte économique qui s’explique notamment par les augmentations du nombre de passages de désherbage chimique ou mécanique dans les parcelles, mais également par la chute de rendement qu’engendrerait la pression des adventices non détruits.
En parallèle, l’augmentation du travail du sol participera à l’accroissement des tassements des sols qui ne seraient, par ailleurs, pas sans conséquences sur les organismes du sol, comme les lombrics et la petite faune. Le tassement des sols, qui, entre autres, fait aujourd’hui l’objet du développement de plusieurs systèmes en agriculture dits «innovants». «Aujourd’hui, mon exploitation est conduite en technique culturale simplifiée. Je ne laboure plus mes terres. Mes sols vivent essentiellement au travers des bénéfices qu’apportent les couverts végétaux, mais aussi à leurs débris. Alors, demain, sans glyphosate, pour limiter l’envahissement des adventices graminées, un labour sera de nouveau nécessaire !», développe Alexandre Deroo. Un retrait de cette matière active serait ainsi un frein au développement de systèmes innovants. Et l’environnement dans tout ça ? L’Etat l’a-t-il mis de côté ? Notons, que le retrait de cette substance active remettrait en cause l’initiative française «4 pour 1 000», qui s’inscrit dans le cadre du plan mondial pour le climat adopté par la convention-cadre des Nations unies, et de l’accord de Paris…

L’Etat fait le choix du principe de précaution
Alors c’est sûr, «il faut qu’on vous aide sur ce sujet-là», répond Emmanuel Macquet. «Le souci en France, c’est qu’on veut être plus blanc que blanc», ajoute-t-il. Tout est une question d’acceptation du risque, et prendre des risques ne semble pas faire partie des intentions de Nicolas Hulot, qui préfère alors appliquer le principe de précaution.
C’est donc riche d’arguments que sont repartis les invités de la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs, ce jour-là. A eux maintenant, au travers des moyens dont ils disposent, d’essayer de faire bouger les lignes au gouvernement.

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