Restauration écologique
Grattez, gagnez (?) et aidez à restaurer les tourbières de la Haute-Somme
Contribuer à la protection de la biodiversité près de chez soi pour 3 €. C’est l’objectif de «Mission nature», le jeu de grattage lancé par le groupe La Française des Jeux, disponible depuis le 23 octobre. Parmi les vingt projets bénéficiaires figurent les tourbières alcalines de la Haute-Somme, à Étinehem-Méricourt.
Contribuer à la protection de la biodiversité près de chez soi pour 3 €. C’est l’objectif de «Mission nature», le jeu de grattage lancé par le groupe La Française des Jeux, disponible depuis le 23 octobre. Parmi les vingt projets bénéficiaires figurent les tourbières alcalines de la Haute-Somme, à Étinehem-Méricourt.
Le paysage qu’offre le belvédère de Chipilly, entre Corbie et Péronne, est époustouflant. Des hectares de marais, appelés tourbières alcalines, où la nature semble y reprendre ses droits après des années d’extractions humaines. Ce site est en fait à protéger. Gratter un ticket de la Française des jeux à 3 €* permettra d’y contribuer. C’est ce qu’annonçait Sarah El Haïry, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, chargée de la biodiversité, venue sur place ce 23 octobre, pour le lancement du «Mission nature» lancée ce même jour.
Après le succès de la «Mission Patrimoine», la loi de finances pour 2023 a prévu le lancement d’un nouveau jeu de grattage, en faveur des sites naturels cette fois. «Pour préserver la biodiversité, Mission Nature permet, grâce à la vente des tickets de grattage, de récolter des fonds directement versés à l’Office français de la biodiversité (OFB) pour le financement de projets de restauration du vivant», présente Sarah El Haïry. Une cinquantaine de candidatures ont été déposés, et vingt lauréats ont été désignés, parmi lesquels les milieux tourbeux alcalins d’Étinehem-Méricourt, «d’une grande richesse biologique et géologique». «L’objectif est de rendre ces zones à nouveau fonctionnelles et d’en faire une zone de quiétude pour la biodiversité. Nous accompagnons le maire pour la création de cette réserve et le soutien de Mission Nature va nous permettre d’aller au fond des choses», assure Christophe Lépine, président du Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France.
Quel est l’enjeu ici ? «Une tourbière est un type de zone humide qui présente un sol saturé en eau toute l’année. La tourbe est l’accumulation de matière qui se dégrade très peu dans ce milieu privé d’oxygène ou presque. Ici, certains endroits sont encore actifs, et continuent à créer de la tourbe. Y pousse une végétation bien particulière, qui abrite une biodiversité rare», explique Matthieu James, responsable du Conservatoire d’espaces naturels de la Somme.
En s’y promenant, il est possible d’entendre le sifflotement du Gorgebleue à miroir, passereau peut répandu en région, d’admirer la belle demoiselle Agrion joli voleter légèrement au-dessus de l’eau, la plante carnivore drosera à feuilles rondes ou, plus rare encore, de rencontrer une vipère péliade, «l’espèce à enjeu phare du site». Les tourbières sont aussi d’une aide précieuse pour lutter contre le réchauffement climatique. «En termes de stockage de carbone, cela représente 1 400 tonnes par hectare, soit dix fois plus qu’une forêt.» Mais ces dernières années, les tourbières ont subi de fortes dégradations : assèchement, milieu qui se referment à cause des plantations…
Les éleveurs, précieux partenaires
Pour préserver, et même mieux, restaurer l’endroit, les élus locaux se sont lancés dans un programme d’envergure. L’objectif est d’améliorer l’irrigation sur 86 hectares. «Il va falloir déboiser et reprofiler les berges», ajoute Valentin Dromard, du Conservatoire d’espaces naturels. L’opération a déjà commencé, avec la «dépollution du site», soit le démontage des chalets et huttes de chasse qui s’y trouvaient, puisque l’endroit est désormais une réserve. Pour entretenir le tout, les éleveurs locaux sont de précieux partenaires. «En Hauts-de-France, nous travaillons avec 1 500 éleveurs, dont les troupeaux pâturent sur ces sites, et qui pratiquent de la fauche», pointe Christophe Lépine. «Ce loto est une opportunité de boucler notre plan de financement de 1,8 million d’euros, qui pourrait monter à 2,5 millions d’euros au total», se réjouit Franck Beauvarlet, maire d’Étinehem-Méricourt. La subvention prévisionnelle est de 800 000 €.
* Les tickets sont disponibles dans les 30 000 points de vente La Française des Jeux, sur https://www.fdj.fr/et sur l’application La Française des Jeux.
Découvrir un projet près de chez soi
Pour Sarah El Haïry, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, chargée de la biodiversité, «ce loto est un bonus». Ce 23 octobre, elle rappelait que le premier pilier de la restauration de la nature en France est la stratégie nationale biodiversité. «C’est 10 Md € supplémentaires dans le budget de cette année, 40 Md € de budget du pôle transition environnemental et 1,2 Md€ d’augmentation pour la biodiversité spécifiquement», précise-t-elle. La «Mission nature» affiche une projection jusqu’à 6 M€ d’aides aux projets de restauration. L’élue est surtout persuadée que le jeu est un moyen de «rendre populaire des lieux près de chez soi». Si certains Samariens découvrent les tourbières alcalines des méandres de la Somme, les Meusiens en apprendront certainement sur les pelouses calcaires de la forêt d’exception de Verdun, les Occitans sont sensibilisés au retour du gypaète barbu sur leur territoire, plus grand rapace nécrophage d’Europe, et les habitants du Cap Taillat (Var) auront peut-être la joie de voir revenir les tortues d’Hermann, dont l’habitat a été détruit par l’incendie de 2017.
Les projets sont à découvrir sur /www.ofb.gouv.fr/mission-nature