Greenpeace : "Nous défendons l'élevage écologique"
Suzanne Dalle, chargé de campagne agriculture chez Greenpeace France, s’excuse auprès des agriculteurs apparus sur la carte par erreur. Mais l’ONG condamne
la tendance à l’industrialisation.
Nous avons remarqué de nombreuses erreurs concernant les exploitations de la Somme nommées sur la carte. Qu’en dites-vous ?
Nous avons reconnu des erreurs sur la cartographie, basée sur un fichier fourni par le ministère de la Transition écologique et solidaire, et disponible en ligne. Celui-ci nous avait pourtant assuré que le fichier était à jour. Cela prouve qu’aucune structure publique n’est aujourd’hui en mesure de donner un état des lieux fiable des exploitations dépassant véritablement les seuils des ICPE soumises à autorisation, et donc une vision claire et précise de ce à quoi ressemble l’élevage industriel en France. Nous présentons toutes nos excuses aux agriculteurs dont la ferme s’est retrouvée sur cette carte alors qu’elle n’aurait pas dû y être ! Nous tentons désormais d’obtenir les bonnes données et nous réfléchissons à la meilleure façon de les transmettre.
Quelle est votre position quant à l’élevage ?
Nous n’avons pas du tout une position abolitionniste. Greenpeace a toujours défendu l’élevage, car il est indispensable pour nourrir la population et maintenir les équilibres écologiques de la planète. Dans les zones humides, par exemple, l’élevage est indispensable pour la valorisation des prairies. Nous condamnons donc fermement tous les actes de violence à l’encontre des éleveurs, des abattoirs ou des boucheries. Mais nous dénonçons la tendance à l’industrialisation et à la concentration des exploitations agricoles. La question que nous devons nous poser est «quel modèle d’élevage souhaite-t-on pour assurer un avenir viable pour les éleveurs, les citoyens et la planète demain ?»
Quelles conséquences ont, pour vous, les «fermes-usines» que vous dénoncez ?
Les conséquences sont notamment environnementales. Lorsqu’il y a une concentration des spécialités, comme les porcs en Bretagne, cela augmente la pression sur l’environnement. Les concentrations de nitrates sont plus élevées dans ces territoires, la surface en herbe n’est plus suffisante… Ensuite, l’agriculture industrielle enferme les agriculteurs dans une dynamique destructrice. On remarque d’ailleurs que les agriculteurs engagés sur la voie de la transition agroécologique s’en sortent bien économiquement, tout en préservant les ressources naturelles, le climat et leur santé. Greenpeace appelle donc les pouvoirs publics à soutenir efficacement celles et ceux qui mettent déjà en œuvre des pratiques agroécologiques, ou qui veulent s’engager dans cette voie.
Quelle est la définition de l’élevage écologique que vous prônez ?
Pour nous, l’élevage est écologique quand l’animal valorise ce que l’humain ne peut pas consommer, comme l’herbe, les déchets alimentaires… Nous nous appuyons, par exemple, sur le scénario Afterres2050 (réalisé par Solagro, une association «au service des transitions énergétique, agroécologique et alimentaire», ndlr), qui dresse le tendanciel de notre système agricole. Il montre qu’une agriculture écologique qui permet de nourrir sainement les habitants est possible. C’est ce que nous voulons.