Il convertit ses laitières en vaches pondeuses pour s'adapter à la demande
Entre confinement et fluctuations des marchés alimentaires, des agriculteurs font preuve d'ingéniosité pour répondre présents.
D'un côté, sa laiterie lui demande de réduire le volume de lait qu'il produit, car une surproduction est à craindre alors que les vaches profitent de la bonne herbe de printemps. De l'autre côté, les poules pondeuses de ses collègues ne parviennent plus à suivre la demande des consommateurs, qui se ruent sur les oeufs depuis qu'ils sont confinés. Alors Hervé Michu, éleveur laitier de la Somme, a eu une idée : « J'ai décidé d'arrêter le lait, et de convertir mon troupeau de laitières en vaches pondeuses.» Son leitmotiv : « Quand on veut, on peut ! »
Techniquement, quelques ajustements sont à prévoir, mais rien de compliqué. « Elles avaient juste besoin d'un bec pour pouvoir picorer du grain comme des poules ». Un atelier découpage et collage a suffit pour confectionner des becs en carton, et voilà les soixante Prim'Holstein équipées d'un bec. « Cette activité a occupé mes enfants, eux aussi confinés, une journée entière », se réjouit-il.
Douze oeufs par jour et par vache
La ration est adaptée : plus d'ensilage de maïs, mais du blé entier, produit sur l'exploitation. Le reste n'était que de la psychologie. « Il suffisait de demander calmement aux vaches de concentrer leur énergie sur la production d'oeufs. Les animaux sont sensibles et intelligents, ils comprennent tout !» Le rendement est au rendez vous : alors qu'une poule ne pond qu'un oeuf par jour, ses vaches, elles, parviennent à remplir une boite de douze quotidiennement. «Je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas pensé avant.»
Et lorsque le marché des oeufs chutera, alors que la demande de lait remontera ? « Il me suffira d'enlever les becs artificiels, de donner à nouveau du maïs ensilage, et d'expliquer la situation aux vaches.» Les agriculteurs savent s'adapter à la demande des consommateurs, Hervé Michu en est la preuve incarnée.