Sports
Ils quittent la cotte pour enfiler le dossard du marathon de Paris
À la SARL Beugnet, à La-Chaussée-Tirancourt, la course à pied est désormais une histoire d’entreprise. Nicolas, l’un des gérants, prendra le départ du marathon de Paris ce dimanche, avec ses trois salariés. Sébastien rentre de celui de Rome, et sera dans le public pour encourager l'équipe. Une aventure sportive qui soude l’équipe.
À la SARL Beugnet, à La-Chaussée-Tirancourt, la course à pied est désormais une histoire d’entreprise. Nicolas, l’un des gérants, prendra le départ du marathon de Paris ce dimanche, avec ses trois salariés. Sébastien rentre de celui de Rome, et sera dans le public pour encourager l'équipe. Une aventure sportive qui soude l’équipe.
À quelques jours du départ du marathon de Paris, l’ambiance est toujours franchouillarde à la SARL Beugnet frères, à La-Chaussée-Tirancourt. On plaisante, on se chambre les uns les autres… Mais on sent tout de même la tension monter. «Ça fait des semaines qu’on s’entraîne, avec trois à quatre sorties par semaine. Là, ça devient concret, et on a hâte d’en découdre», confie Nicolas Beugnet. Dans cette exploitation familiale de polyculture et élevage allaitant, doublée d’une entreprise de travaux agricoles, le sport assure une vraie cohésion d’équipe. Le dirigeant, ainsi que deux salariés Benoît Beugnet et Antoine Henry, et un apprenti, Pierre Bonneval, se sont lancés le défi des mythiques 42,195 km au cœur de la capitale.
Le premier à avoir chaussé les baskets est Sébastien, l’un des deux associés. «J’ai participé à trois marathons déjà, dont deux à Paris et le troisième à Rome (Italie), ce 19 mars», précise-t-il. À cette époque, son frère le prenait pour un fou. «Pour moi, 10 km c’était déjà énorme», rit-il aujourd’hui. Mais la course le motive cependant. «L’année dernière, nous avons participé à la Jules Verne d’Amiens. C’était 10 km, donc rien à voir, mais ça nous avait plu. Et puis Benoît a décidé de s’inscrire au marathon de Paris, et on a suivi…»
Depuis, le groupe ne lâche rien. «On a couru tout l’hiver, le soir après le boulot, à la lampe frontale. On connaît le chemin du halage par cœur.» Pas toujours facile de se motiver dans ces conditions. «Mais en groupe, on se booste les uns les autres.» Ils ont pu bénéficier du programme d’entraînement disponible sur le site du marathon. «On fait entre 40 et 50 km par semaine, avec deux ou trois sorties courtes et une plus longue.» L’hygiène de vie est aussi de mise. Enfin, pour certains. «Cela fait trois mois que je ne bois plus une goutte d’alcool», assure Nicolas. Les trois jeunes n’en disent pas autant, surtout Pierre, adepte des soirées JA festives. «Mais à leur âge, on récupère plus vite», plaisante Nicolas.
Dimanche, tous ont le premier objectif de terminer la course. Un chrono inférieur à 4h30, voire 4h pour certains serait un bonus. Nicolas espère que ses genoux tiendront le coup, mais compte sur son mental pour dépasser la douleur. Benoît, Antoine et Pierre ont en tête de calmer leur ardeur en début de course pour pouvoir aller au bout. «Le piège, c’est de partir trop vite.» Ils bénéficient des conseils de Sébastien, dont l’expérience lui a appris que rien n’est acquis d’avance. «Je n’ai pas su finir mon deuxième marathon, car il tombait pendant la période d’ensilage et je n’avais pas pu m’entraîner correctement. Ça m’a hanté toute la préparation et la course de cette année.» Mais il a finalement dépassé l’angoisse. Dimanche, il a étudié le parcours pour encourager l’équipe sur les points stratégiques. «On sera plus d’une vingtaine, avec la famille et ceux qui courraient Rome avec moi. Les spectateurs, ça donne un vrai coup de boost.»
Une belle «promenade»
Pour cette quarante-deuxième édition, les samariens seront mélangés aux 45 000 participants, originaires de plus de 140 pays à travers le monde. Des Champs-Élysées à l'avenue Foch, le parcours offre des monuments emblématiques de Paris, comme la place de la Concorde, l'Opéra Garnier, le Musée du Louvre, Notre-Dame, le Grand Palais, la Tour Eiffel et l'Opéra Bastille. Il emprunte aussi les bois de Vincennes et de Boulogne. Mais les novices ne sont pas sûrs de pouvoir apprécier pleinement le paysage. «On a aussi vu qu’il y avait 280 m de dénivelé. Ce ne sera pas simple.»
Plus que la performance sportive espérée, ce défi commun est un véritable lien pour l’entreprise. Les midis, un peu plus fades pour le palais depuis qu’ils ont troqué la bière pour l’eau, sont toujours animés. «Avant, on ne parlait que de machines. Aujourd’hui, on parle un peu de machine, et beaucoup de course !» Le programme d’entraînement est même affiché sur le tableau d’organisation du travail. Celui-ci rythme les journées. «On s’organise pour terminer les journées à l’heure et pouvoir aller courir.» Les Beugnet sont aussi fiers de casser l’image de l’agriculteur et de l’entrepreneur le nez dans le guidon, qui n’a pas le temps pour les loisirs. «C’est la preuve que notre métier peut permettre d’avoir une vie en dehors.» Y’a plus qu’à…