Immersion en grand site naturel à la Maison de la Baie de Somme
La Maison de la baie de Somme, à Lanchères, entre Cayeux-sur-Mer et Saint-Valery-sur-Somme, a rouvert ses portes fin mai. La nouvelle muséographie fait du visiteur un explorateur.
La Maison de la baie de Somme, à Lanchères, entre Cayeux-sur-Mer et Saint-Valery-sur-Somme, a rouvert ses portes fin mai. La nouvelle muséographie fait du visiteur un explorateur.
«Tel un explorateur, partez à la découverte de la baie, de ses milieux, son histoire et son devenir.» Voici la proposition que fait la Maison de la Baie de Somme, nantie depuis sa réouverture le 19 juin d’une nouvelle muséographie. Le voyage initiatique se passe à l’intérieur et à l’extérieur, et intéresse autant les petits que les grands. «Donner un nouveau souffle au site», c’était, selon Bruno Dalle, directeur général du Syndicat mixte Baie de Somme Grand littoral picard (SMBS-GLP), l’objectif des cinq mois de travaux, pour un budget total de 516 000 €.
«Nous voulions raconter une histoire ludique, immersive et sensorielle, avec différents niveaux de lecture pour intéresser les plus jeunes», affirme Fanny Villez, scénographe du cabinet Kascen, qui a piloté le projet.
Six salles thématiques se succèdent. La visite débute avec une immense carte interactive sur laquelle se déploie l’estuaire de
72 km2, considéré comme l’un des plus beaux au monde. Un film retrace ses origines et son évolution. Il rappelle notamment qu’autrefois Abbeville et Rue étaient des ports et souligne combien ce milieu trop façonné par l’homme s’envase inexorablement.
Les espaces suivants permettent de découvrir, comme si on y était, la faune et la flore de la baie. Chaque vitrine abrite un espace naturel fidèlement recréé : falaises, plaines, bois, bord de mer… Il suffit de sélectionner la photo d’un oiseau sur une tablette tactile, et le voilà, qu’on croirait vivant, éclairé. Dans notre découverte, nous avons par exemple cliqué sur un élégant canard que nous avons régulièrement observé en baie, sans prendre le temps de l’identifier. Dans la vitrine, c’est la première fois que nous l’observons de si près. Il s’agit du tadorne de Belon, au plumage blanc et noir, avec un collier roux, et au bec rouge vif. Nous apprenons qu’il s’agit du plus grand des canards de surface en Europe. Le mode d’éducation des canetons et une particularité qui fait sourire : les petits ne sont pas élevés par les parents, mais confiés à des crèches qui peuvent rassembler plusieurs dizaines de pullis de différents âges.
Les stars phoques
L’espace dédié aux phoques a particulièrement captivé les enfants. Un film, que l’on visionne en enfonçant sa tête dans un télescope, offre des images impressionnantes, au plus près de ces mammifères. La colonie se compose aujourd’hui de quatre-cents phoques veaux marin et de cent phoques gris. On retient surtout qu’il ne faut pas les approcher de trop près si on souhaite pouvoir les observer dans les prochaines années, car ils prennent peur et se remettent à l’eau, abandonnant parfois les bébés non émancipés qui ne peuvent survivre à une séparation prématurée.
À mi-parcours du musée, nous poussons la porte pour une promenade extérieure. Une haie champêtre borde un plan d’eau sur lequel des oies et canards de la région s’y reposent. Un sentier stabilisé mène sur un ponton en bois jusqu’à un observatoire. Les libellules étaient déjà de sortie, mais le chant des batraciens se faisait désirer. Pour cause, en scrutant l’eau, nous repérons les têtards. De retour au musée, nous sommes scotchés par les risques naturels qui pèsent sur la côte picarde. Nous enrichissons notre vocabulaire avec des mots que nous connaissions, mais dont nous n’avions pas saisi le sens exact, comme «aléa».
Des témoignages touchants
Les enfants ont été séduits par les témoignages des acteurs de la Baie. Celui de Laure Poupart, jeune éleveuse de moutons AOP de la Baie de Somme, a captivé tout le monde. En short et en bottes, au milieu de son troupeau qui pâture dans les prés salés, elle est authentique. Elle raconte son métier, sa vision de l’élevage, mais plus largement celle de la vie en Baie de Somme. «Ce sont les rencontres et les liens que nous tissons qui font notre richesse», confie-t-elle.
Avec cette nouvelle mise en scène, la Maison de la Baie de Somme espère dépasser les 35 000 visiteurs annuels recensés jusque-là. 600 000 € supplémentaires seront consacrées l’hiver prochain aux travaux d’extérieur, avec la création d’un verger et de tables de pique-nique, ainsi qu’un parking plus grand. Une piste cyclable reliée à la Véloroute de la Baie de Somme doit aussi être construite.
Pour une visite sereine
- Réserver son billet en ligne sur baiedesomme.tickeasy.com/fr. À cause de la crise sanitaire, le nombre de places reste limité afin de contrôler l’affluence à l’entrée du site ainsi que dans les postes d’observation.
- Tarifs : adulte 9 €, enfant de plus de six ans 6,70 €, forfait famille 26,70 €, sortie nature adulte 12 €, sortie nature enfant 6,50 €.
- La Maison de la Baie de Somme est aussi le lien de départ de visites. En ce moment : observation de la colonie de phoques, découverte des richesses de l’estuaire, et balade historique «la Baie de Somme en 39-45».