Impact du taux de renouvellement en élevage allaitant
Le renouvellement du troupeau permet de profiter du progrès génétique en faisant sortir, par exemple,
les vaches à vêlage difficile. Toutefois, il a un coût
non négligeable.
Une récente étude, réalisée par le réseau national Bovins Croissance, démontre que les performances de reproduction, de croissance et d’abattage ne sont pas pénalisées dans les élevages avec un taux de renouvellement élevé, bien au contraire. Pourtant, la plupart des éleveurs hésitent encore à faire vêler des génisses…
Pour les élevages suivis par Bovins Croissance, le taux de renouvellement se situe entre 20 et 25 % suivant les races. Les races dites «rustiques» (Salers et Aubrac) ont un taux de renouvellement plus faible. Mais les moyennes cachent des écarts importants d’un élevage à l’autre.
Tout d’abord, la répartition entre les naisseurs et naisseurs-engraisseurs est différente. En Charolais, les naisseurs-engraisseurs ont un taux de renouvellement supérieur aux naisseurs (cf. graphique). Le constat est identique dans notre région.
Une analyse détaillée (cf. tableau ci-dessous) des performances de reproduction, de croissance et d’abattage selon le taux de renouvellement permet de tirer les enseignements suivants. Pour ce qui concerne l’amélioration de la production, quel que soit le type d’élevage, naisseur ou naisseur-engraisseur, l’augmentation du taux de renouvellement s’accompagne d’une amélioration de la production globale, principal facteur de la productivité d’un troupeau. L’intervalle vêlage-vêlage des primipares s’améliore et le nombre de vêlages par vache présente s’accentue lui aussi.
De même, par rapport à la mortalité, celle-ci évolue peu, malgré le nombre plus important de primipares. Il faut tout de même veiller au bon déroulement des vêlages, car les conditions de vêlage se détériorent un peu. Le choix génétique est important pour obtenir des veaux légers à la naissance. De plus, pour ce qui est de la valorisation des réformes, le taux de renouvellement n’a pas d’impact sur la croissance des veaux sous la mère. Cependant, la valorisation des vaches de réforme est clairement supérieure dans les élevages avec un renouvellement élevé, grâce notamment à un meilleur poids de carcasse. Enfin, au sujet de la reproduction, le taux de renouvellement augmente nettement avec l’intensité de groupement des vêlages. Dans les situations où peu de génisses sont mises à la reproduction, la période de vêlage s’allonge et les IVV se détériorent.
D’un point de vue économique, favoriser le renouvellement permet d’augmenter la productivité et de réduire ainsi le manque à gagner. Pour la prochaine période de reproduction, faire le point sur le renouvellement et mettre à la reproduction quelques génisses supplémentaires peut très certainement être un choix gagnant.
Elevage des génisses : adapter la conduite en fonction de l’objectif d’âge au vêlage
- Vêlage à vingt-quatre mois : le vêlage à deux ans permet de réduire le nombre d’animaux improductifs, et donc d’améliorer la productivité de «viande vive» du troupeau. Cette technique est très exigeante. D’une part, parce que les objectifs de croissance hivernale sont soutenus, soit 900 g de GMQ à compléter par un bon pâturage. D’autre part, parce que la conduite après vêlage requiert également une grande attention pour que la génisse puisse terminer sa croissance, nourrir le veau et assurer sa prochaine phase de reproduction.
- Vêlage à trente mois : avec cet objectif, il faut viser une croissance régulière de l’ordre de 700 g de GMQ du sevrage au vêlage. Le vêlage à trente mois est bien adapté pour les élevages qui ont deux périodes de mise bas.
- Vêlage à trente-six mois : les objectifs de croissance se situent entre 500 et 600 g de GMQ du sevrage au vêlage.
Dans tous les cas, il ne faut pas oublier de faire vêler les génisses en début de période de vêlage pour éviter tout décalage l’année suivante.