Introduire des levures pour optimiser les performances
En équilibrant l’écosystème ruminal, l’incorporation de levures vivantes dans l’alimentation contribue à une meilleure valorisation de la ration et à une optimisation des performances de production, voire de reproduction.
La levure vivante est un probiotique qui a un impact positif sur le développement de la flore ruminale et intestinale. Le probiotique a l’avantage de ne pas être toxique, le surdosage n’étant pas nocif pour l’animal.
Une meilleure valorisation de la ration
Concrètement, l’introduction dans la ration de la vache laitière de l’aliment minéral Rimiflor+ qui incorpore les levures vivantes ActiSaf développées par Phileo (filiale du groupe Lesaffre) permet, selon Christine Julien, responsable R&D ruminants, une action combinée sur l’écosystème ruminal à laquelle s’ajoute un complexe de prébiotiques (levures de bières inactivées, céréales germées et fermentées). Elle permet d’améliorer les fermentations dans le rumen et ainsi de développer les bactéries cellulolytiques qui assureront une meilleure dégradation des fibres, mais aussi des bactéries utilisatrices de l’acide lactique qui limiteront le risque d’acidose. Visuellement, l’apport de Rimiflor+ se traduit par une diminution de la quantité de particules non digérées dans les bouses (grains, fibres...), des bouses plus homogènes, une diminution des problèmes liés à l’acidose (boiteries, sous-production, écart TB-TP restreint)... Sans compter qu’un animal en bonne santé va donner plus de lait. Il est déjà prouvé, d’après Christine Julien, que «l’utilisation des levures augmente la production laitière de 1,86 kg de lait par jour en moyenne».
Des essais Rimiflor+ dans quinze élevages
Afin de connaître l’incidence d’un apport de levures vivantes et de prébiotiques sur les performances de reproduction de la vache laitière holstein inséminée avec de la semence conventionnelle (de race holstein), Gènes Diffusion et la société Philéo ont conduit une étude sur le produit “Rimiflor+” dans une quinzaine d’élevages adhérents du CIA Gènes Diffusion.
Dans le cadre de ce projet R&D, une amélioration d’au moins un critère pour dix élevages sur quinze et de deux critères pour six élevages sur quinze a été mise en évidence. Les résultats s’améliorent, quel que soit le niveau de performance initial.
Le recours à une supplémentation quotidienne en levures vivantes et en prébiotiques sur une quinzaine d’élevages pendant une année induit une amélioration significative de quatre points en moyenne du taux de réussite à l’insémination artificielle et de six points du taux de réussite à l’insémination artificielle première chez les vaches laitières multipares. Le nombre d’inséminations nécessaires pour obtenir une gestation est en conséquence réduit.
En parallèle, la production de matière utile de ces mêmes animaux tend à être améliorée entre ces deux périodes, attestant que performance laitière et maintien d’une fonction reproductrice efficace sont possibles.
En conclusion, cette étude confirme bel et bien l’intérêt d’optimiser l’alimentation des vaches laitières en production afin d’améliorer leurs performances de reproduction.
Des levures pour mieux valoriser la ration
C’est en octobre 2016 que Julien Guyart, basé à Andainville (55 vaches laitières, 600 000 litres, 97 ha) a introduit du Rimiflor+ dans la ration de ses vaches laitières. Son objectif : mieux valoriser la ration de base qu’il cherche à simplifier et à adapter au mieux à l’environnement. En distribuant, chaque jour, 50 g d’un mélange de levures vivantes et de prébiotiques par vache sur la ration de base (maïs, pulpes surpressées, 3 à 3,5 kg de tourteaux) et 70 g à l’occasion des transitions alimentaires, Julien Guyart apprécie l’effet tampon des levures vivantes qui maintiennent la flore ruminale, notamment entre deux changements de silos de maïs (les microbismes y sont différents). «D’après l’observation des bouses qui sont plus consistantes, la cellulose est mieux valorisée dans la ration, ce qui a un impact positif sur le taux butyreux. La vache exploitant 100 % du produit mis à disposition, le taux de réussite à l’insémination augmente et l’Intervalle Vêlage Vêlage diminue et donc le niveau de production laitière augmente. Quant aux frais vétérinaires, ils ont tendance à se réduire avec moins de non délivrances et de métrites», note Julien Guyart. Alors que les résultats de reproduction chez les bovins sont impactés par une multitude de facteurs, il est cependant intéressant de constater la progression des chiffres de l’élevage, suite à l’utilisation de pro et prébiotiques, qui demeure un des leviers pour optimiser les performances du troupeau. Si l’on compare la campagne 2015-2016 (avant le démarrage de l’utilisation des levures) aux deux campagnes suivantes 2016-2017 - 2017-2018, l’Intervalle Vêlage-IA fécondante a diminué de treize jours chez les multipares. Le pourcentage de génisses pleines à la première insémination a augmenté de 12. Le nombre de doses pour obtenir une IA fécondante (IA/IF) a diminué de 0,50 dose chez les génisses. Très satisfait du produit, l’éleveur espère demain aller plus loin en affinant au cas par cas l’apport de Rimiflor+, grâce à l’installation d’un distributeur automatique de concentrés.