La cohérence avec son environnement : un enjeu de rentabilité
Mardi 6 février, Olivier Gaffet et Christophe Lenglet ont accueilli une vingtaine d’éleveurs à l’occasion de la réunion «Hivernales d’Avenir conseil élevage». Au programme :
les techniques pour valoriser au mieux les surfaces dédiées
à la production laitière.
«Mesurer la cohérence de son système fourrager», thème des Hivernales d’Avenir conseil élevage, est une chose, mais il faut également prendre en compte tout un ensemble de paramètres (parcellaire, type de sol et autres ateliers) pour tirer des conclusions concrètes sur les choix possibles. Avec un parcellaire relativement éclaté et éloigné des bâtiments, une grande hétérogénéité de potentiel des terres et la présence de cultures de ventes, les associés du Gaec de Belval ont choisi un système fourrager à base de maïs, luzerne, prairie et dérobées.
Complexe pour le pâturage…
«Ici, nous sommes en fond de vallon, les surfaces directement accessibles par les vaches sont souvent en pente, difficiles à fertiliser correctement, et très rapidement séchantes à la fin du printemps», indique Olivier Gaffet, éleveur associé du Gaec de Belval. Pour autant, le pâturage n’est pas totalement éclipsé de la conduite technique et les éleveurs sont même à la recherche de solutions pour faire face à ces contraintes. Des essais de semis de dactyle ont été récemment tentés : la quantité était au rendez-vous, mais cette espèce est peu adaptée au pâturage… «C’est effectivement une plante qui pousse bien, même en conditions séchantes. Seulement, elle monte vite à épiaison et perd de ce fait son appétence. En revanche, il faut savoir qu’elle ne monte qu’une fois à graines. Si la plante est fauchée, les repousses sont plus faciles à gérer», explique Raphael Lejeune, conseiller fourrages d’Avenir conseil élevage.
…mais parfait pour la luzerne
En revanche, certaines parcelles sont un réel atout pour la culture de la luzerne. Depuis sept ans, 16 hectares y sont consacrés. Auparavant, la ration des vaches était essentiellement constituée de maïs et de co-produits qui pouvait varier en fonction des opportunités. Par période, cette conduite a pu entrainer des problèmes d’acidose. Depuis, l’intégration de luzerne dans la ration a largement contribué à améliorer la santé du troupeau.
Pour une récolte rapide et pour faciliter le mélange dans la ration, les trois ou quatre coupes de luzernes sont ensilées. «Pour réussir la récolte, il faut d’abord être certain d’avoir la fenêtre météo nécessaire. Deux jours suffisent. Nous fauchons et nous andainons presque aussitôt selon les conditions. Comme la luzerne sèche vite, nous recherchons un andain sec sur le dessus avec du vert dessous. Pour assurer la qualité, nous ajoutons un conservateur au silo.»
Des dérobées pour intensifier
Une autre bonne partie des fibres de l’alimentation du troupeau est issue des dérobées semées depuis deux ans principalement avec du Ray Grass après l’orge de semence. De plus, une fois récolté, le dactyle porte graine est également ensilé à l’automne. Toutes ces surfaces produisent une centaine de tonnes de matière sèche !
Un résultat non négligeable qui nécessite une certaine rigueur. «Lorsque vous décidez d’implanter des cultures dérobées, le plus important est de ne pas perdre de vue la culture que vous implanterez après. Votre objectif doit être de ne pas la pénaliser», insiste Raphael Lejeune. Ainsi, la coupe de printemps est précoce, même si la plante est en pleine pousse et pourrait peut-être produire un peu plus.
Le conseiller Avenir conseil élevage a exposé quelques chiffres qui démontrent la bonne cohérence de ce système. «Sur les 285 hectares de SAU, 112 ont été utilisés à la production de plus de 1 220 TMS. Pour être complet, il faut ajouter les achats d’herbe et maïs sur pied, soit 140 TMS. Avec ces 1 360 TMS, nous estimons qu’il est possible de produire 1,36 million de litres de lait, soit exactement la quantité livrée par le Gaec de Belval en 2016-2017. En comparaison à des systèmes fourragers équivalents, la situation actuelle est légèrement pénalisée par un chargement (UGB/ha) un peu faible : 1,8 équivalent vache par hectare contre 2 en moyenne du groupe. Cette différence peut s’expliquer par le potentiel des surfaces fourragères...». La principale marge de progrès du système actuel réside donc dans la productivité des prairies.