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Elevage bovin
À la découverte d’un filon charolais dans l’Aisne

En 2024, deux éleveurs de l’Aisne sont parvenus à se hisser sur le podium national des Sabots d’Or en race Charolaise. Cela mérite un coup de projecteur sur leurs pratiques afin de découvrir les clés de leur réussite.

À Wiège-Faty, le souci du détail paie !

Xavier Herbert est le lauréat du trophée des Sabots d’Or 2024 Charolais. À Wiège-Faty (02), il élève 70 vaches charolaises mais aussi 70 de race Salers et 400 truies (naisseur-engraisseur).

La conduite de deux troupeaux bovins de races différentes répond à plusieurs objectifs. «Les salers sont plus rustiques, elles valorisent les prairies sur une plus longue période. Et, historiquement, c’est une race qui vêle plus facilement que la charolaise, mais aujourd’hui, avec les progrès génétiques, il n’y a plus vraiment de différence», explique l’éleveur.

Jusqu’en 2017, il travaillait au sein du Gaec avec son frère et se consacrait essentiellement à la conduite de l’atelier porcin. Lorsque les deux associés choisissent de prendre chacun leur indépendance, Xavier commence à gérer les bovins en y appliquant quelques-uns des principes de l’élevage hors sol : rigueur et efficacité.

Une reproduction millimétrée

La conduite de la reproduction vise un objectif principal : obtenir des lots (un Salers et un Charolais) les plus homogènes possible. «Il y a deux bâtiments équivalents et bien dimensionnés pour les deux troupeaux. Pour une question de simplification et d’efficacité du travail, je ne souhaite pas avoir plusieurs lots distincts», précise l’éleveur. Il poursuit : «Je fais du groupage de chaleurs sur l’ensemble des femelles. Le 2 décembre dernier, 85 vaches et génisses Charolaises ont été inséminées. Trois semaines plus tard, si elles sont non gestantes, elles sont inséminées une seconde fois. Le but est d’obtenir 70 femelles pleines qui vêleront en moins de 50 jours en septembre-octobre.»

Avec une période de vêlages aussi courte, l’alimentation des animaux est simplifiée. «J’ai une ration de base qui répond aux besoins d’une vache de 500 kg (soit 8,2 UF) et on fait varier les quantités selon l’évolution des besoins après le vêlage jusqu’à la mise à la reproduction.» Ce menu à 8,2 UF est constitué de maïs ensilage, d’herbe (10 kg de MS chacun), de minéraux, de sel et de magnésie. Le correcteur est réalisé à la carte selon les résultats des analyses de fourrages.

Vêlées à deux ans, une des clés de réussite

Les génisses sont élevées pour être inséminées à quinze mois. Pour y parvenir, Xavier maîtrise leur croissance dès le plus jeune âge et jusqu’au sevrage de leur premier veau. «Le vêlage deux ans demande une croissance continue et la plus linéaire possible, je n’y parviens pas avec l’herbe pâturée. En ne les sortant qu’après le sevrage de leur premier veau, je maîtrise la croissance des génisses et leur production laitière.» En 2024, l’âge moyen au premier vêlage est à peine supérieur à 24 mois. Avec les croissances rapides, les génisses non gestantes à quinze mois sont engraissées pour être vendues rapidement et bien valorisées (450 kg de carcasse en moyenne à moins de deux ans).

Un éleveur peut en cacher un autre…

À quelques kilomètres de Wiège-Faty, dans le village de Rougeries, un autre troupeau de charolaises a été médaillé aux Sabots d’Or 2024. «Je n’étais pas un passionné d’élevage, mais avec le temps, je le suis devenu», commente Xavier Bouxin. L’éleveur a repris l’exploitation de ses parents en 1995. En complément des 70 ha de cultures de vente dont une partie est cultivée en maïs fourrage, 30 ha de prairie sont destinés au troupeau de 45 vaches charolaises.

L’IA : un investissement payant

«Depuis mon installation, je n’ai jamais fait le choix d’agrandir le troupeau, je préfère viser l’optimisation des résultats». Xavier introduit immédiatement une part d’IA dans la reproduction du troupeau afin de faire évoluer la conformation des animaux ; les résultats sont rapidement visibles et, petit à petit, il se prend au jeu. Depuis quinze ans, 100 % des vaches et génisses sont inséminées. «Le troupeau est devenu bien plus homogène et équilibré, avec du squelette et du muscle. Il faut maintenant conserver cette homogénéité, tout en progressant sur les poids».

L’âge au vêlage en question

Chez Xavier Bouxin, les vêlages sont également très regroupés sur les mois de septembre et octobre. Lui aussi constate une nette amélioration des conditions de naissance des veaux Charolais. En revanche, l’éleveur ne vise pas uniquement un premier vêlage à deux ans, «cela nécessite de bichonner les génisses et j’ai encore des craintes quant à leur croissance…». Malgré cela, sur les quinze génisses vêlées en 2024, neuf avaient deux ans et six avaient un an de plus. «Petit à petit l’âge au premier vêlage se réduit, deux ans peut encore faire peur, mais c’est un objectif technique assurément gagnant d’un point de vue économique si les génisses sont suffisamment préparées», commente Didier Oden, conseiller d’Avenir conseil élevage.

Pour favoriser la croissance dès le plus jeune âge, les veaux sont complémentés avec un aliment à 21 % de protéines. Le maïs constitue ensuite la base des rations hivernales pour les génisses et les vaches. «Depuis deux ans, je fais plus attention aux minéraux. J’ajoute 200 g d’un complément haut de gamme qui comble les besoins et participe au maintien de la flore microbienne. Et j’apporte un complément naturel bien spécifique avant le vêlage qui permet de bien préparer les vaches et de booster le veau dès la naissance», explique Xavier Bouxin.

Le point commun de ces deux éleveurs est sans aucun doute la rigueur avec laquelle ils mènent leur troupeau. Dans les deux cas, le groupement des vêlages leur permet d’obtenir des lots d’animaux très homogènes, offrant ainsi une grande efficacité de leur travail au quotidien. La volonté de progresser en suivant de près les indicateurs techniques et de se former en s’entourant de techniciens complète la formule de leur réussite.

 

EARL société Herbert Faty
• 180 ha dont 30 en prairie et ray-grass dérobé avant le maïs
• 70 VA Charolaises, vêlages septembre-octobre
• 70 VA Salers, vêlages juillet- août
• 400 truies naisseur-engraisseur
• Main-d’œuvre : Xavier et son épouse pour le suivi administratif et 2 salariés à temps plein
 

L’exploitation de Xavier Bouxin
• 100 ha dont 30 en prairie
• 45 VA Charolaises
• Vêlages : septembre-octobre
• 100 % IA
• Vente des mâles en broutards

 

Rations hivernales des génisses et des vaches

 Vaches suitéesGénisses + 1 an
Maïs ensilage20 kg15 kg
Pulpes sèches1,5 kg1 kg
Correcteur 40 % MAT1,5 kg1 kg
Luzerne enrubannée6 kg4 kg
PailleÀ volontéÀ volonté
  En kg de matière sèche

 

Le trophée des Sabots d’Or

Les Sabots d’Or sont organisés chaque année dans le cadre du suivi Bovins croissance. Ce classement est établi par race, à partir des principaux critères de mesure de la rentabilité des élevages.
Le jugement se fait sur la qualité globale de la gestion de l’élevage et la collecte des informations. Pour calculer une référence globale, différents critères sont analysés :
• la valeur génétique du troupeau (IVMAT maternel) et sa progression au cours des cinq dernières campagnes,
• la reproduction (intervalle vêlage-vêlage),
• la croissance des veaux (PAT 210 jours corrigé moyen),
• le choix des pères (ISEVR des veaux),
• le nombre de vêlages dans le troupeau.
Pour remporter le titre du Sabot d’Or, les duos doivent être successivement sélectionnés au niveau départemental, puis régional et, enfin, national. Ces passages obligés donnent lieu respectivement au Sabot de bronze, d’argent et enfin d’or.
En 2024, le Trophée des Sabots d’Or Charolais a rassemblé plus de 1 000 élevages français. Les troupeaux de Xavier Herbert et de Xavier Bouxin se classent respectivement premier et troisième, c’est dire leur qualité !
 

Voici leurs résultats 2023-2024 comparés à la moyenne nationale de la race Charolaise

 Xavier HerbertXavier BouxinRace
IVMAT117116105
IVV365368381
PAT 210 JS396375292
ISEVR115111102
Productivité102110,194,3
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