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La démocratisation des produits locaux passe par la logistique

Pour les producteurs en circuit court, produire est une chose et pouvoir rendre accessible les produits en est une autre. Zoom sur la logistique et son équation à résoudre.

De plus en plus de débouchés s’offrent aux producteurs locaux dans les circuits alimentaires de proximité. Ces débouchés peuvent être de différentes natures : la restauration collective, les restaurants, les grandes et moyennes surfaces, les distributeurs automatiques et aussi les magasins à la ferme. Une fois le but de trouver des nouveaux acheteurs atteints, il faut pouvoir livrer ses produits. Pour ce faire, la logistique est un maillon important entre la production et l’acheminement auprès du consommateur final.

 

8 h de livraison par semaine

La logistique à un certain poids dans une exploitation agricole. En moyenne par semaine, un exploitant passe huit heures à livrer seize points de ventes différents (Projet Olico - Seine 2016-2018) et les coûts logistiques représentent en moyenne 23 % du chiffre d’affaires des producteurs (Gabnor, 2014). Deux producteurs sur trois ont des coûts de livraison supérieurs à 50 % des recettes liées au trajet effectué.

Avoir un débouché en vente directe permet d’avoir une meilleure maîtrise de son prix de vente et une juste rémunération du producteur. Mais ces points sont corrects à partir du moment où tous les coûts afférents sont justes et pris en compte avec notamment les coûts logistiques et ceux-ci sont souvent négligés 

La logistique consiste à maîtriser les flux de produits et d’informations associés entre des sites expéditeurs et des sites destinataires. Il est compté dans la logistique la planification amont (prise de commande, planification des approvisionnements), la production/transformation (transport pour la transformation, conditionnement), la distribution (préparation des commandes, livraison), la logistique inverse (retour des invendus, emballages) et la facturation. 

Le but de la logistique est de répondre au triptyque limiter le coût final, limiter les pollutions et les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports, répondre aux besoins des débouchés. 

 

Logicoût, bon outil d’aide 

Pour un producteur, il est important de connaître les charges qui entrent dans la fabrication d’un produit et, dans ces charges, il est nécessaire de prendre en compte ses coûts de transport et de logistique afin de les intégrer au prix de vente. Les coûts de transport vont être différents selon le point à livrer ou le type de débouché. Par conséquent, connaître ce coût permettra de fixer ses conditions de livraison, ainsi que le seuil à partir duquel la livraison sera rentable. Un outil d’aide à la décision a d’ailleurs été créé pour calculer ce coût de transport : logicoût. Après avoir introduit plusieurs paramètres cet outil et notamment les adresses de livraison, logicoût vous informera sur la rentabilité de votre tournée de livraison.

Pour réaliser leurs livraisons, les producteurs du département ont plusieurs solutions : livrer soi- même avec son propre véhicule, faire livrer par un transporteur professionnel ou faire livrer en utilisant des solutions de co-transport. Si les deux premières solutions sont connues, la troisième l’est un peu moins. Le co-transport de produits locaux entre producteurs se fait de plus en plus et permet une réduction des coûts de transport. 

Pour le co-transport, de plus en plus de solutions se mettent en place, comme la Charrette ou Le Chemin des Mûres. Ces entreprises permettent la mise en relation de producteurs afin de livrer d’un point à un autre. En complément de ces deux solutions, une autre solution fait intervenir des personnes lambda : Yper. Il permet de faire transporter par des «shopers» des courses ou commandes réalisées entre un fournisseur et un client.

 

Réglementation du co-transport

Le cadre réglementaire du transport pour autrui a récemment évolué. Il existait depuis des années une ambiguïté entre dispositions du Code rural et du Code des transports sur les obligations des agriculteurs en cas de transport de produits pour autrui.

Une dérogation au code du transport a donc été abrogée. L’article R3211-3 prévoit une exception à l’inscription au registre pour les transports exécutés dans un rayon de 100 km autour de la commune dans laquelle le transport a son origine :  au moyen de véhicules et matériels agricoles tels que définis à l’article R. 311-1 du code de la route pour les besoins d’une exploitation agricole ; à titre onéreux, excepté, le cas échéant, la partage de frais, pour les besoins d’une exploitation, au moyen de véhicules appartenant à une autre exploitation ; et pour la collecte du lait lorsque cette activité est le complément d’une activité agricole. La Chambre d’agriculture travaille le sujet de la logistique en circuit court et notamment sur la livraison du dernier kilomètre. 

 

Témoignage : Justine Duhameaux, maraîchère à Quend 


En me lançant dans le maraîchage il y a deux ans à Quend (Les Bio Légumes de la Baie), il a fallu prendre une décision sur le mode de livraison à adopter. Mes clients sont des restaurateurs, des collectivités et autres points de vente. Après avoir étudié les différents scénarios logistiques, j’ai fait le choix d’acheter un utilitaire neuf pour livrer ma marchandise, car mon volume de livraison me permettrait de rentrer dans mes frais. En plus de prendre en compte les volumes à livrer, j’ai aussi pris en compte le nombre de kilomètres que j’allais réaliser. Afin d’être le plus rentable possible, il est important de massifier les marchandises à livrer. Chose qui est difficile à faire en zone rurale. Par ailleurs, un jour par semaine, je mutualise avec un voisin ma tournée de livraison vers Amiens.
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