Pommes de terre
La filière plants de pommes de terre s'estime «en danger»
La hausse des charges enregistrée depuis plus d’un an affecte grandement la filière plant à tous les niveaux, s’inquiète Semae, l’interprofession des semences et plants, qui interpelle Emmanuel Macron et Marc Fesneau sur le sujet.
La hausse des charges enregistrée depuis plus d’un an affecte grandement la filière plant à tous les niveaux, s’inquiète Semae, l’interprofession des semences et plants, qui interpelle Emmanuel Macron et Marc Fesneau sur le sujet.
Cela n’a échappé à personne, depuis fin 2021, c’est l’ensemble de l’économie française qui est touché par une crise économique et énergétique «sans précédent». Et la filière plant de pommes de terre, comme d’autres, s’alarme des conséquences. Pour Semae, l’interprofession des semences des plants, la filière est clairement «en danger». Dans un courrier daté de fin de semaine dernière, plusieurs organisations dont le Syndicat des obtenteurs de pomme de terre, la Fédération nationale des Producteurs de plants de pomme de terre (FN3PT), la Fédération nationale des négociants (Fedepom) et le Syndicat national des courtiers en pommes de terre et en légumes se sont associées pour interpeller le président de la République, Emmanuel Macron et son ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. La demande des organisations aux pouvoirs publics ? «Garantir une répercussion équitable de la hausse des coûts et une meilleure répartition de la valeur tout au long de la filière pomme de terre tout en préservant le pouvoir d’achat des consommateurs finaux».
Un tiers du coût de production
Pour Semae, les coûts de production, de collecte et de distribution des plants de pomme de terre ont «explosé» : «La hausse des charges enregistrée depuis plus d’un an (…) affecte grandement la filière plant à tous les niveaux. Les opérateurs sont tous impactés par la très forte augmentation du coût des engrais, de l’énergie et de la main-d’œuvre, et la production 2022 est annoncée en baisse de 10 à 15 % en raison des épisodes de canicule et de sécheresse inédits que la France a connu cette année. D’autre part, la hausse des prix de l’électricité (+ 300 % attendus en 2023) va peser fortement sur les coûts de stockage au froid, indispensable à la conservation des plants», indique l’organisation. Toujours selon l’interprofession des semences et plants, le prix de revient du plant pour les producteurs va «nécessairement augmenter, sachant que ce dernier représente jusqu’à un tiers du coût de production de la pomme de terre (…) Les collecteurs rencontrent déjà des difficultés pour répercuter équitablement les hausses de prix du plant et de leurs propres charges à leurs acheteurs français ainsi qu’à l’export». Après une première baisse inédite depuis vingt ans en 2022, la filière anticipe un nouveau recul des surfaces en plants pour 2023.
Secteur stratégique
La France est le 2e producteur et exportateur mondial de plants de pomme de terre. La filière plant compte 800 agriculteurs producteurs et plus de 200 producteurs-vendeurs pour 23 500 ha de multiplication, 4 obtenteurs de variétés, plus de 60 collecteurs et des milliers de distributeurs partout en France auprès des agriculteurs producteurs de pomme de terre et des jardiniers. Il s’agit également d’une filière «d’excellence» qui produit plus de 650 000 t de plants certifiés chaque année, dont 250 000 t exportées, pour un excédent commercial de plus de 80 M€. Enfin, elle fournit près de 400 000 t de plants chaque année à la filière pomme de terre française et lui permet, par sa richesse variétale et la qualité de ses plants, de se placer parmi les plus gros acteurs mondiaux.