La FNPL déterminée à mieux faire respecter la contractualisation
Contractualisation et politique européenne seront les deux chevaux de bataille de la Fédération nationale des producteurs de lait en 2015.
Anticipée par les producteurs depuis plusieurs années, la fin de quotas laitiers en mars 2015 ne présage pas forcément d’une année difficile pour la filière qui a travaillé en amont sur la contractualisation. A condition cependant que les entreprises respectent leurs engagements, ce qui n’a visiblement pas été le cas en 2014. Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (Fnpl), est catégorique : 2015 doit être «l’année du respect gagnant-gagnant» entre producteurs et transformateurs, a-t-il expliqué devant la presse le 13 janvier.
Action de groupe
Preuve de cette détermination à obtenir des prix justes, la Fnpl a décidé de lancer la première action de groupe des producteurs de lait auprès des organisations de producteurs (OP) qui ont décidé d’attaquer Lactalis via une «procédure d’intervention volontaire». Disposition mise en œuvre dans la loi d’Avenir pour l’agriculture, la possibilité de cette procédure collective permettra à la Fnpl d’accéder à tous les éléments du dossier, à l’image du schéma du type «partie civile», auprès de l’Organisation des producteurs de Normandie Centre qui a voté l’action de groupe.
En arrêtant de calculer le prix payé aux producteurs en référence avec les indicateurs contractuels, Lactalis n’aurait en effet pas respecté ses engagements : la Fnpl dénonce une évolution de seulement + 24,8 € / 1000 L sur douze mois glissants, en décembre 2014, au lieu de + 27 € normalement attendus, soit un manque à gagner estimé à 8 000 euros par ferme. Le groupe aurait ainsi tiré les prix vers le bas en s’alignant sur Sodiaal, dernier du classement fin décembre, selon André Bonnard, trésorier de la Fnpl.
Lactalis condamne la décision des producteurs
Dans un communiqué du 14 janvier, Lactalis a affirmé avoir «respecté ses engagements et suivi tout au long de l'année 2014 les évolutions du marché», ajoutant que l'année 2014 «a permis de payer un prix du lait record et jamais atteint avec des volumes en forte hausse». L'industriel déplore la «judiciarisation des relations» consécutive à cette action de groupe contre lui. Il la juge «lourde de conséquence» et d'autant plus «irresponsable» que la fin des quotas approche.
Pour une politique laitière en Europe
Autre revendication forte que la Fnpl soutiendra en 2015, la mise en place d’une véritable politique européenne pour le lait, aujourd’hui insuffisante voire inexistante à leurs yeux. «Si toutes les grandes zones de production laitière dans le monde ont une politique laitière, ce n’est pas pour rien», argumente Thierry Roquefeuil qui a bien l’intention de porter ce sujet auprès de la Commission. La France souhaite en effet aller plus loin dans la mise en place d’outils de gestion de crise au niveau européen, sans être pour l’instant très écoutée de Phil Hogan, commissaire européen à l’Agriculture. Ce dernier considère en effet qu’à ce jour, le secteur laitier n’est à pas en crise, ce qui rend inutile une régulation plus importante des marchés. Or, la fin des quotas risque d’inciter certains pays à augmenter leur production bien au-delà des besoins du marché. Avec le risque de voir le nombre de producteurs de lait en France diminuer fortement. Les producteurs demandent notamment une revalorisation des prix d’intervention.