La FNSEA appelle l’Europe à mettre en place un plan d’urgence
Après plusieurs mois de lutte syndicale, la FNSEA a obtenu du gouvernement des mesures structurelles pour aider les agriculteurs à sortir de la crise.
sur le monde agricole» et un balayage «de l’ensemble des dispositifs.
Alors que le commissaire européen à l’Agriculture, Phil Hogan, a récemment reconnu avoir sous-estimé, il y a quelques mois, l’ampleur de la crise à laquelle l’agriculture européenne se trouve confrontée, la FNSEA a renouvelé, le 24 février, son appel en faveur d’un plan d’urgence à l’échelle européenne. A la veille de la rencontre entre Phil Hogan et Manuel Valls, Xavier Beulin attend du Premier ministre «beaucoup de fermeté et beaucoup de conviction» pour faire avancer le commissaire européen sur un certain nombre de sujets.
Le président de la FNSEA demande notamment à Phil Hogan «une analyse chiffrée des conséquences de l’embargo russe sur le monde agricole» et un balayage «de l’ensemble des dispositifs», et évoque différents leviers. Les restitutions et le crédit export pourraient permettre de développer de nouveaux marchés, comme le bassin méditerranéen pour la viande bovine, par exemple.
Concernant la filière porcine, Xavier Beulin prône pour un dispositif incitant les principaux producteurs à limiter le nombre de truies, et donc le nombre de porcelets pour rééquilibrer le marché. Quant à la filière laitière, le relèvement des prix d’intervention d’au moins 30 euros la tonne (ce qui porterait le prix d’intervention à 250 euros la tonne, contre 220 euros aujourd’hui) lui apparaît indispensable, tout comme une réflexion à plus long terme sur un dispositif d’alerte et d’encouragement à la réduction volontaire des volumes produits. Plus généralement, l’étiquetage de l’origine des viandes dans les produits transformés reste «un point dur» pour le président de la FNSEA, qui y voit une réponse à «une sensibilité» du consommateur vis-à-vis de la traçabilité.
Le Salon de l’agriculture doit rester «attractif»
Les mesures annoncées dernièrement par le gouvernement - baisse des charges sociales à hauteur de dix points au total, année blanche, comité national d’élaboration des normes et des réglementations - sont saluées par la FNSEA, «la revalorisation des prix reste le sujet numéro 1», précise Xavier Beulin. Les négociations commerciales doivent s’achever le 29 février, mais alors que très peu de contrats sont aujourd’hui signés, «ce qui nous revient, ce sont des demandes de baisse de tarif systématiques de 3 à 4 % jusqu’à 8 à 9 % sur la plupart des produits», s’inquiète-t-il.
Le Salon de l’agriculture, qui ouvre ses portes le 27 février à Paris, sera donc l’occasion pour les agriculteurs d’aller «challenger» les industriels et les enseignes de la grande distribution sur «la construction des prix, les contrats, l’intégration d’un indicateur de coût de revient en amont», explique Xavier Beulin, mais l’événement doit néanmoins rester une plateforme d’échange avec le grand public pour amener les visiteurs à comprendre les problématiques agricoles. En ce sens, les manifestations risquent d’être contreproductives, même s’il «y aura quelques mouvements», indique le président de la FNSEA. Et ce, y compris à son encontre, précise-t-il, conscient des critiques que lui opposent les autres syndicats agricoles. «C’est normal, arracher des mesures structurelles comme on l’a fait, ça ne vaut rien», ironise-t-il, renvoyant ceux qui le critiquent à dresser leur propre bilan en termes d’avancées syndicales.
Les politiques sont, en revanche, attendus de pied ferme. La FNSEA a envoyé un questionnaire aux différents partis pour connaître leurs positions quant à l’avenir de l’agriculture française. «Ceux qui ne répondront pas ne passeront pas sur le stand de la FNSEA», prévient Xavier Beulin. Les représentants politiques se sont d’ailleurs montrés moins prompts à annoncer leur venue cette année, redoutant sans doute un accueil assez frais, quel que soit le parti dont ils sont issus.