La Fnsea lance une campagne d’explication sur le bien-être animal
Le 30 octobre, l’Assemblée nationale a adopté un texte évoquant l’animal comme «être sensible» dans le code civil.
La Fnsea estime que dans sa rédaction ce texte présente un «risque juridique gérable» et veut par ailleurs peser sur l'opinion.
Le 29 octobre, à la veille de la deuxième lecture de la loi sur la modernisation et la simplification du droit à l’Assemblée nationale, la Fnsea a indiqué qu’elle prenait acte d’un changement important pour l’élevage : l’alignement du statut de l’animal dans le Code civil sur celui du code rural. L’amendement de l’ancien ministre de l’Agriculture, Jean Glavany, intégré par la suite à la loi, prévoit que l’animal devienne dans le code civil «un être sensible soumis au régime des biens corporels». «Nos juristes disent qu’il n’y a pas d’alignement parfait, mais qu’il n’y a pas de risque. Ce texte va passer. Et nous espérons que cela n’ira pas plus loin», a expliqué la vice-présidente de la Fnsea, Christiane Lambert.
Groupes de pression puissants
Il n’empêche : cette modification aurait pu revêtir une autre formulation bien plus contraignante à terme pour l’élevage. Et, surtout, cette péripétie juridique a montré au syndicat que les groupes de pression opposés à l’élevage sont bien plus puissants qu’il ne le supposait. Du coup, le président de la Fnsea, Xavier Beulin, a annoncé que le syndicat démarrait une campagne d’explication auprès des leaders d’opinion et du grand public sur les conditions d’élevage.
Comme un avant goût de cette campagne, plusieurs élus de la fédération expliquaient les enjeux du bien-être animal dans les différentes filières : foie gras, porcs, oeufs, volailles de chair, bovins, chevaux. Pour la plupart d’entre elles, l’Europe a d’ailleurs légiféré, parfois dans le détail : Convention du Conseil de l’Europe, traités européens d’Amsterdam (1997) et de Lisbonne (2009).
Plus de recours
Le risque, aujourd’hui, avec la notion d’être sensible qui s’impose dans le code civil pour les animaux, est de voir un nombre croissant de recours juridiques à l’encontre des éleveurs de la part de voisins. Un bovin qui meugle est-il synonyme d’un animal qui souffre ?
Déjà, bon nombre d’exemples montrent, selon la Fnsea, que la pression sur les éleveurs s’intensifie. Pendant ce temps, le sujet du bien-être animal est un «must» médiatique sur les radios et télévisions.
«En presse radio et TV nous sommes exclus de ces débats», regrette Xavier Beulin qui note «un déséquilibre évident dans la manière dont on rend compte de ces sujets». La sensibilité à la question des modes d’élevage est comme un écho aux tendances anti-viandes d’une fraction faible de la population mais de quelques leaders d’opinion (Aymeric Caron, Franz-Olivier Giesbert ou même l’américaine Beyonce) qui ne sont pas sans influence.
À ces tendances, les éleveurs entendent répondre en montrant leurs pratiques professionnelles et en invitant le plus possible le public à venir voir : les bâtiments d’élevage qui se modernisent, les surfaces par volaille qui s’agrandissent, les parcours de plein air qui deviennent plus fréquents, l’oeil de l’éleveur qui capte les malaises des animaux, etc. Qui, mieux que l’éleveur peut percevoir un éventuel malaise de l’animal ?
D’autant qu’un animal malheureux implique la plupart du temps une production moindre, tant en quantité qu’en qualité.