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La mortelle myopathie atypique équine est de retour

Destruction des muscles posturaux, respiratoires et du myocarde entraînant la mort des équidés. Voici les caractéristiques de la myopathie atypique, qui sévit de manière précoce cette année dans la région.

La cause de la maladie est une toxine présente dans les graines de certains arbres du genre Acer (érable), dont l’érable sycomore. 
La cause de la maladie est une toxine présente dans les graines de certains arbres du genre Acer (érable), dont l’érable sycomore. 
© © D. R.



Voilà une quinzaine d’années qu’elle sème la terreur chez les éleveurs et propriétaires d’équidés d’Europe. La myopathie atypique, maladie saisonnière, fait des ravages dans les prairies, et 41 % des cas auraient été détectés en Belgique, en Allemagne et en France. Elle frappe les équidés de toutes espèces (chevaux, poneys, ânes…).
«Elle se caractérise par une destruction des muscles posturaux, respiratoires et du myocarde, expliquent les Haras nationaux. Des études récentes ont montré que la cause est une toxine présente dans les graines de certains arbres du genre Acer (érable), dont l’Acer pseudoplatanus ou érable sycomore.» Une fois ingérée, la toxine, nommée hypoglycine A, est métabolisée en un composé toxique, le «MCPA», qui engendre des désordres biochimiques sévères, entraînant la mort de l’équidé.
Les risques d’empoisonnement existeraient surtout au printemps, lorsque les pousses des érables sycomores se révèlent, et à l’automne, en période humide, lorsque les graines se répandent dans l’herbe. Mais, certainement du fait d’une saison précoce, des cas de décès de chevaux ont été déclarés dès le mois d’août dans les Hauts-de-France.
Les signes cliniques sont d’apparition soudaine. Parfois, les chevaux sont retrouvés morts alors que, la veille, ils ne présentaient aucun signe de la maladie. Les équidés sont généralement très faibles et sont souvent retrouvés couchés dans la prairie, incapables de se lever. Lorsqu’ils y arrivent, ils le font avec beaucoup de difficultés et ne restent pas debout très longtemps. En général, ils sont abattus, mais conscients de leur environnement, essayent de manger, etc. Lorsqu’ils sont capables de marcher, une raideur des quatre membres plus marquée aux membres postérieurs est généralement observée. Attention, cela peut être le premier signe clinique.
Ils peuvent aussi présenter des tremblements musculaires, une forte sudation, une urine foncée, et une hypothermie (température rectale inférieure à 37,5°C). La fréquence cardiaque et la fréquence respiratoire sont généralement élevées. Dans les cas les plus sévères, les chevaux peuvent présenter des difficultés à respirer.
Aucun antidote de la toxine n’existe actuellement. «Un traitement symptomatique est mis en place : administration de vitamines et d’antioxydants qui soutiennent la fonction musculaire et le métabolisme énergétique. L’apport énergétique doit être assuré via des sucres puisque le muscle du cheval ne sait plus, temporairement, utiliser les lipides», précisent les Haras nationaux. Les cas de guérison sont cependant rares, et dépendent du taux d’empoisonnement.

Prévention délicate
Il est difficile d’empêcher la présence de samares (fruits des érables) dans les pâtures. «Même en évitant de planter des érables à proximité des herbages, la dissémination des graines par le vent est importante, jusqu’à plus de 100 m de l’arbre.» L’Acer pseudoplatanus est un arbre qui peut atteindre 20 à 30 m de haut. Ses feuilles sont vert sombre et présentent cinq lobes arrondis. On le retrouve dans les forêts mixtes de l’Europe occidentale jusqu’à la Mer Baltique. La configuration des samares prédispose à la dissémination par le vent, ce qui accroît le rayon d’action d’un arbre ou bosquet.
Pour réduire les risques, le bilan des études épidémiologiques amène à conseiller de complémenter les chevaux vivant au pré, réduire le temps passé au pâturage aux saisons à risque, rentrer les chevaux les jours de pluie ou de grand vent, laisser une pierre à sel à disposition, abreuver avec l’eau du réseau et nettoyer régulièrement les abreuvoirs.

Un réseau de surveillance

Depuis 2005, le réseau d’alerte de la myopathie atypique a été constitué : il s’agit de l’Amag (Atypical Myopathy Alert Group). Initié et géré par l’Université de Liège (Belgique), il rassemble les chercheurs et cliniciens européens confrontés à la problématique de la maladie. Depuis l’apparition des premiers cas français en 2002, le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe), participe au réseau européen.

Le groupe Amag collecte les informations épidémiologiques et cliniques auprès des propriétaires de chevaux et des vétérinaires (de terrain, de cliniques privées et universitaires) et informe les professionnels de la filière équine lors de l’émergence de séries cliniques.
Retrouvez les informations sur le site : http://labos.ulg.ac.be/myopathie-atypique/
Si vous avez connaissance d’un cas, vous pouvez le déclarer : en tant que propriétaire,
via le lien http://labos.ulg.ac.be/myopathie-atypique/questionnaire-proprietaire/ ; en tant que vétérinaire, via le lien http://labos.ulg.ac.be/myopathie-atypique/diagnostic_veterinaire/

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