La régionalisation des Cuma Nord-Pas-de-Calais-Picardie est lancée
Le 4 février, à Vimy, une assemblée générale extraordinaire des fédérations des Cuma a porté sur les fonts baptismaux la FRCuma Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Ce n’est pas encore l’heure de la fusion totale entre la FRCuma Nord-Pas-de-Calais et les FDCuma de la Picardie, mais ce n’est plus qu’une question de temps. «Depuis cinq ans, avant même que les politiques ne se décident à redécouper les régions, on évoquait le regroupement de nos fédérations, car le réseau des Cuma (Coopératives d’utilisation de matériel agricole) manquait de moyens sur certaines activités, notamment en Picardie», rappelle Pascal Lévèque, ex-président de la FDCuma de la Somme, devenu depuis le 4 février vice-président de la FRCuma Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
En effet, si la FRCuma Nord-Pas-de-Calais et les FDCuma de Picardie réunissent à peu près le même nombre de Cuma adhérentes, soit 220 pour la première et 210 pour les picardes, les fédérations sont très disparates en termes de développement et d’animation. Le nombre d’animateurs dans chacune d’elles parle de lui-même : cinq dans le Nord-Pas-de-Calais, un dans la Somme, et aucun dans l’Oise et l’Aisne. Conclusion : l’organisation départementale n’est plus viable.
C’est la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) et ses incidences sur l’organisation du réseau des Cuma, qui a mis un coup d’accélérateur, il y a un an, à la régionalisation du réseau. Les administrateurs de la FRCuma Nord-Pas-de-Calais et ceux des FDCuma de Picardie ont planché sur quatre scenarii : la mise en place d’une super structure chapeautant toutes les fédérations existantes, l’élargissement, la création d’une FRCuma Picardie travaillant aux côtés de la FRCuma Nord-Pas-de-Calais ou la fusion.
Les débats n’ont pas manqué, provoquant même la démission du président de la FRCuma Nord-Pas-de-Calais, seul à défendre le projet de super structure. Autre point d’achoppement : le niveau de cotisations. «La cotisation est plus élevée que celles que nous avions en Picardie. Cela a fait grincer des dents. Les Picards craignaient aussi d’être absorbés et gouvernés par le Nord-Pas-de-Calais. Mais, nous partagions tous le même objectif, à savoir que les Cuma se développent. Ce qui nous a aussi aidés, c’est qu’il n’y a pas eu de guerre de chef, et que l’on a déjà un esprit très ouvert au sein de ces coopératives, car on a l’habitude de réfléchir sur des projets en groupe», commente Pascal Lévèque.
Le choix de l’élargissement
Si la fusion tentait la plupart, plusieurs facteurs ont cependant pesé dans la balance pour l’élargissement. «Le cabinet Delsol, que nous avions commandité pour faire un diagnostic, nous a conseillé d’opter pour l’élargissement, car c’est la structuration juridique la plus facile et la plus rapide pour la mise en place de la nouvelle organisation fédérative des Cuma à l’échelon du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie. Ce qui nous évite de perdre du temps avec les démarches administratives qui ralentiraient de trop nos activités», précise Daniel Desruelles, directeur de la FRCuma Nord-Pas-de-Calais.
L’élargissement permet aussi d’avoir une continuité dans les conventions en cours passées avec les différents partenaires (Chambres d’agriculture, Régions, Agence de l’eau, métropoles…).
Toujours dans la même volonté de simplifier les démarches administratives et ne pas perdre de temps, le siège social reste, pour l’heure, à Saint-Laurent-Blangy, qui était le siège de la FRCuma Nord-Pas-de-Calais, mais avec un bureau à Amiens, de telle sorte à répartir l’équipe sur deux antennes. «Peut-être que nous ouvrirons d’autres antennes ou bien on centralisera tout. C’est l’avenir qui le dira», précise Thierry Bailliet, le nouveau président de la FRCuma Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Outre les cinq animateurs de l’ex-FRCuma Nord-Pas-de-Calais et celui de la FDCuma de la Somme, un nouvel animateur sera embauché dans la Somme, ainsi que dans l’Aisne, portant le nombre des animateurs à huit.
Ce qui change
Avec l’élargissement, voté à l’unanimité lors de l’assemblée générale extraordinaire du 4 février dernier, la FRCuma Nord-Pas-de-Calais-Picardie a donc été portée sur les fonts baptismaux. «On ne crée pas une nouvelle structure, c’est toujours une association de loi 1901. Il n’y pas de fusion, ni d’absorption, mais les trois FDCuma de Picardie seront amenées à être dissoutes progressivement», dit Daniel Desruelles. Si le scénario idéal serait leur dissolution d’ici la fin de l’année, il faudra sans doute plus de temps, selon les administrateurs.
La circonscription territoriale que recouvre la nouvelle organisation fédérative va désormais de la Picardie au Nord-Pas-de-Calais, et jusqu’aux territoires contigus de la Belgique. Si les membres de l’association sont toujours les Cuma (430 désormais avec l’élargissement, ndlr), d’autres Cuma pourront les rejoindre, voire des associations ou d’autres coopératives. Traduction : la porte est ouverte.
Quant au conseil d’administration, qui était entre 18 et 24 membres auparavant, il est dorénavant à 30. Un nouveau bureau a été nommé, ainsi qu’un nouveau président. Seul candidat à se présenter, Thierry Bailliet, qui présidait depuis quelques semaines la FRCuma Nord-Pas-de-Calais, a été élu président de la nouvelle FRCuma Nord-Pas-de-Calais-Picardie. L’objectif de la nouvelle organisation est de «maintenir le service existant, mais aussi de l’augmenter, comme de réfléchir aux choix stratégiques pour demain», commente celui-ci.
Au final, c’est un ticket gagnant pour tous. En effet, le réseau du Nord-Pas-de-Calais, bien que plus dynamique que celui de la Picardie, connaît tout de même un léger essoufflement, lié notamment au difficile renouvellement des générations. Quant au réseau picard, quasi-atone, il ne peut être tiré que par le haut. C’est peut-être aussi pour cela que la régionalisation du réseau s’est finalement réalisée sans trop de casse à la différence d’autres organismes…