A la SCL de la Voyelle Mulot, la qualité passe par le confort des animaux
Comme chaque année, Avenir Conseil Elevage a tenu deux forums. Le premier s’est déroulé à Valines dans la Somme.
Le confort des animaux a été le fil rouge du forum organisé le 3 juillet à la SCL de la Voyette Mulot à Valines dans la Somme par Avenir Conseil Elevage (ACE). 250 éleveurs ont pu y découvrir l’exploitation à travers différentes thématiques présentées par les conseillers d’ACE ainsi que leurs partenaires sur chacun des stands répartis dans la ferme.
Passage en logettes : attention aux idées reçues
La SCL de la Voyette Mulot a installé des logettes en 2009 car les problèmes de qualité du lait étaient trop récurrents. «Le passage en logette permet d’évacuer les déjections au quotidien, de laver plus facilement le bâtiment et donc d’avoir des animaux plus propres. Et au final une meilleure maîtrise sanitaire», a expliqué Nicolas Correur de la chambre d’agriculture de la Somme. Par ailleurs, il y a moins de pailles à étaler et donc moins de travail.
Toutefois, les logettes n'ont pas que des avantages. Les problèmes de patte y sont plus fréquents. La SCL fait appel au pareur deux fois par an et une partie en aire paillée a été conservée. «Il est conseillé de conserver 10% de la surface du bâtiment en aire paillée pour isoler des vaches en cas de maladies par exemple», a affirmé Nicolas Correur. De plus, le passage en logettes n’est pas synonyme de gain de place dans le bâtiment.
L’exploitation s’est équipée d’un arrêtoir au sol, «élément essentiel, selon Nicolas Correur, car il donne un repère d’avancement à la vache et permet de définir son espace de couchage».
Le coût de l’investissement pour les logettes est de 67 200 euros pour la SCL soit 550 euros par place. Un coût très faible compte tenu de la présence sur l’exploitation de capacités de stockage surdimensionnées.
Le confort passe aussi par l’alimentation
Julien Larry, conseiller ACE, a expliqué les principes d'une bonne alimentation. «Pour augmenter l’ingestion, une longueur d’auge de 70 cm par vache laitière est nécessaire, ainsi que des cornadis pour éviter la concurrence, surtout entre les primipares. Ces derniers doivent être inclinés pour limiter les refus. L’auge doit être propre et éclairée la nuit», a exposé le conseiller.
Une bonne alimentation permet d’avoir un bon état sanitaire. Pour cela, il faut du maïs bien haché (17 mm), un mélange équilibré à l’auge entre l’azote et l’énergie. Il est indispensable d’apporter régulièrement du sel. Le conseiller met en garde également les éleveurs sur la qualité du maïs pouvant entrainer des problèmes de mammites en trotte. Pour la SCL, le coût alimentaire s’élève à 111 euros les 1000L de lait.
Détecter le BVD en bouclant ses animaux, c’est possible
Afin de ne pas élever un veau IPI (infecté permanent immunotolérant) porteur du virus BVD, il est aujourd’hui possible de tester l’animal dès la naissance. La méthode est proposée depuis cette année aux éleveurs du Nord Picardie. En effet, "lors de l’identification du veau, il est possible de prélever un fragment de cartilage auriculaire en posant une petite boucle additionnelle qui fait emporte-pièce à l’aide d’une pince spécialisée. Le prélèvement est récupéré puis placé dans un sachet envoyé au laboratoire vétérinaire départemental. Si le résultat de l’analyse est positif, il sera nécessaire d’euthanasier l’animal le plus rapidement possible", a commenté Jean-Michel Bonzack, directeur du GDS de la Somme.
Il faut compter 12 euros pour la pince et 2 euros pour la boucle «BVD» si elle est commandée en même temps que les boucles identification. L’analyse PCR coûte 6 euros par veau.
De bons pieds pour plus de lait
«Compte tenu de l’augmentation du nombre de stabulations à logettes, du nombre d’animaux dans les troupeaux, de la taille et du poids des vaches, il est important d’avoir des animaux aux aplombs solides et de qualité», a lancé Laurent Ferry de Genes Diffusion. Et d’ajouter «les lésions du pied constituent par leur fréquence et leur impact économique global le troisième trouble de santé en élevage laitier, après les problèmes de fertilité et les mammites».
La sélection génétique joue un rôle essentiel dans l’amélioration des membres. «Elle participe à diminuer le risque de boiteries et d’autres problèmes locomoteurs, d’augmenter l’efficacité alimentaire, de diminuer les problèmes de détection des chaleurs et de diminuer le risque de réformes anticipées», a expliqué Laurent Ferry.
Les quatre critères pris en compte dans la sélection sur les membres sont : la locomotion, l’angle du jarret, l’angle du pied et la vue arrière des membres. L’héritabilité de ces caractères comprend une part environnementale forte. Cependant, la part génétique n’en reste pas moins non négligeable puisqu’elle représente 10 à 15% de l’héritabilité. Les deux prédicteurs génomiques pour améliorer la santé du pied sont la «résistance aux lésions» et la «robustesse du pied».
Une nurserie bien conçue pour le confort des veaux
L’une des spécificités de la SCL de la Voyette Mulot est sa nurserie. Construite en 2013, celle-ci a été conçue par les éleveurs. Elle peut accueillir jusqu’à 70 veaux. Un sas d’entrée a été créé pour éviter que les veaux ne soient en plein courants d’air lorsque les portes sont ouvertes. La nurserie est équipée d’une ventilation dynamique qui renouvelle l’air. Elle est également dotée d’un DAL alimentant les veaux de 12 à 75 jours.
Autre équipement à noter : les cases à veaux pour les veaux de la naissance à 12 jours. Elles sont en hauteur pour faciliter le travail physique et sont équipées d’un système d’évacuation des effluents avec racleur en-dessous. Un investissement qui s’élève à 75 000 euros.
Laurine Vancraynest, conseiller d’ACE a rappelé les besoins d’un veau : «un air régulièrement renouvelé et une température constante. Il est possible d’éviter les variations de températures en jouant avec la nature des matériaux. Avec le bois ou des panneaux sandwichs, on va favoriser le pouvoir isolant», a-t-elle souligné. Et de continuer «éviter de placer des translucides en toiture au-dessus de l’aire paillée, il vaut mieux disposer l’éclairage en long-pan ou sur le couloir de paillage».
Du confort aussi pour les exploitants
La MSA est intervenue sur les troubles musculo squelettiques (TMS), premières causes de maladies professionnelles chez les exploitants. Ils sont en partie dus à la sur-sollicitation d’une articulation comme l’épaule, le coude ou le poignet. Il faut donc être vigilant lorsque vous concevez ou moderniser une salle de traite.
Des exemples de question à se poser : quel est le poids de la griffe ?, la hauteur du quai est-elle adaptée à la taille du trayeur ?... Il n’y a pas que le confort des animaux, mais aussi celui des hommes !
Comme ont pu l'apprécier les visteurs, à Valines, beaucoup d’aménagements sont prévus pour le confort des animaux mais aussi pour le confort de l’éleveur.
Fiche d'identité : SCL de la Voyelle Mulot
140 vaches laitières à 9680 kg
1 163 500 litres de lait à Lact’Union
3 UTH : Didier et Odile Renaut et leurs fils Mathieu
Un apprenti
Une stagiaire occasionnelle
Deux personnes du service de remplacement occasionnellement
SAU : 77 hectares
Dont 18 ha de prairies
50 ha de maïs ensilage
2 ha de betteraves fourragères
7 ha de luzerne
70 tonnes de céréales autoconsommées
80 tonnes de pulpes sèches de droit
Résultats techniques :
Taux butyrique : 39,9 g/kg
Taux protéique : 31,6 g/kg
Cellules : 182 000 ml
Mammites par vaches laitière par an : 0,6
Age au vêlage : 2 ans et 3 mois avec objectif 24 mois
Intervalle entre deux vêlages : 409 jours
Génisses dans le troupeau : 40%