Patrimoine
La valeur des sites mémoriels de la Somme récompensée
Le Conseil départemental de la Somme s’est réuni le mardi 28 novembre à l’occasion de l’inscription de onze sites mémoriels au patrimoine mondial de l’humanité le 23 septembre dernier.
Le Conseil départemental de la Somme s’est réuni le mardi 28 novembre à l’occasion de l’inscription de onze sites mémoriels au patrimoine mondial de l’humanité le 23 septembre dernier.
C’est la première fois depuis 1972 que l’Unesco ouvre son champ aux champs mémoriels. Ce changement permet l’inscription de onze sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale dans la Somme. Pour ces monuments historiques, il s’agit de la plus haute distinction patrimoniale. Pour obtenir cette inscription, les sites mémoriels doivent répondre à des valeurs telles que l’intégrité, l’authenticité et l’exceptionnalité.
Cette inscription doit représenter un bon économique pour les communes ainsi qu’une ouverture sur l’international. Malgré ces aspects positifs, certains élus se disent inquiets comme l’adjoint au maire de Longueval, Alain Tarlier : «Il va y avoir un impact sur les habitants notamment dans la réalisation de leurs petits travaux, car il faudra respecter des normes. Nous sommes contents de la classification de nos sites. Mais économiquement, on n’attend rien, c’est au final plus de problèmes que de positif.» En réponse, Marie-Madeleine Damien, secrétaire générale de l’association Paysages et Sites des mémoires de la Grande Guerre, lui a assuré «qu’il faut redynamiser certaines zones rurales en créant des restaurants, des petits commerces, des relais vélos. Ce sont des pistes à creuser. C’est à la mode.» Avec l’inscription des sites de mémoire au patrimoine mondial de l’humanité, un certain nombre de projets ne pourront voir le jour. C’est le cas par exemple de nouveaux parcs éoliens. Quant aux parcs existants, leur renouvellement pourrait être contrarié.
Une procédure complexe
L’inscription des sites de mémoire de la Somme à l’Unesco se présente comme le plus gros dossier de ce genre mené à terme en Europe jusqu’à présent, et le deuxième dans le monde. Il ne concerne pas seulement la France, mais bien le monde puisque les sites de mémoire des Hauts-de-France liés à la Première Guerre mondiale rendent hommage à pas moins de 150 nationalités et ethnicités. Sur quelque 7 000 monuments et sites candidats à une reconnaissance par l’Unesco, seuls 130 sites ont été classés sur un territoire qui s’étend des frontières de la Suisse, à la Flandre à la mer du Nord. Une nouvelle signalétique permettra de les identifier.
La procédure d’inscription restera dans les esprits comme quelque chose de «complexe» qui a demandé «un travail de longue haleine», ont souligné les promoteurs de cette démarche. Marie-Madeleine Damien y contribue depuis 2007 et ce n’est seulement que depuis le 20 septembre dernier que l’on a pris connaissance de la liste des sites retenus. Pour qu’ils soient sélectionnés, de nombreux critères devaient en effet être satisfaits. On attendait aussi de ces sites qu’ils soient des témoignages d’un événement majeur, significatif d’une période de l’humanité ou encore dotés d’une valeur universelle.
Attirer un nouveau public
L’inscription au patrimoine mondial des sites de mémoire de la Somme présente différents enjeux. Grâce à elle, le devoir de mémoire sur la guerre qui a profondément marqué l’Europe prend une reconnaissance internationale. Au plan patrimonial, elle facilite la préservation, l’entretien des sites concernés, et donne l’occasion de transmettre et de partager. Enfin, on y trouve également des enjeux civiques, pédagogiques, touristiques et économiques. Pour le directeur adjoint du Commonwealth War Graves Commission (CWGC), Baptiste Prevost, l’opportunité est «exceptionnelle» pour le département de la Somme : «On peut avoir des opportunités exceptionnelles de visites de touristes étrangers. On l’a vu avec la Coupe du monde de Rugby. C’est pour cela qu’il faut préparer en amont les Jeux olympiques, faire évoluer les communes pour qu’elles soient au rendez-vous. On va accueillir le monde entier aux portes de la Somme et des Hauts-de-France.»
Les communes et leurs monuments concernés par l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco
Tout d’abord, il y a la commune de Beaumont-Hamel Auchonvillers avec le Caribou mémorial Terre-neuvien. La commune de Thiepval et Authuille avec le Mill Road Cemetery et son architecture authentique ainsi que le mémorial aux disparus du Commonwealth. Ensuite, la commune d’Ovillers-la-Boisselle avec le Pozières Mémorial et le Pozières British Cemetery. Dans la commune de Longueval, c’est le monument en l’honneur des Sud-africains qui est choisi de son nom le M et Delville Wood Cemetery. Hommage aux français dans les communes de Rancourt Bouchavesnes-Bergen avec la nécropole française et la Chapelle du Souvenir français. Ainsi que le cimetière britannique et la nécropole allemande. Dans la commune de Fouilloy, on retrouve le mémorial national australien. Puis le cimetière militaire de Villers-Bretonneux. Dans la commune de Noyelles-sur-Mer, c’est le mémoriel chinois qui est classé, il s’agit du plus grand cimetière chinois d’Europe, environ 190 000 combattants sont venus en France. Et, enfin, dans le cimetière militaire de la commune de Louvencourt.