L'abattoir Bigard de Feignies montre ses muscles
L’abattoir Bigard de Feignies (59), qui fête son 10e anniversaire, veut se montrer irréprochable dans un contexte de diminution de la consommation de viande bovine.
Alors que le procès de l’abattoir de Mauléon (64) pour maltraitance animale s’est ouvert en début de semaine, et que l’abattoir Bigard de Feignies doit fêter son 10e anniversaire en privé ce week-end, ce dernier a ouvert exceptionnellement ses portes à une délégation du Conseil régional des Hauts-de-France le 6 septembre dernier. En mai 2016, lorsqu’une commission d’enquête parlementaire avait débarqué «par surprise» à Feignies avec, à sa tête, le député Olivier Falorni et quelques caméras de télévision, la démarche n’avait été que moyennement appréciée par les responsables du site. Directeur de l’outil depuis mai 2017, Xavier Lemaître s’est cette fois prêté à une opération transparence qui avait tout l’air d’une opération séduction. Et d’annoncer avec une certaine assurance qu’un abattoir, «c’est un lieu où l’on donne naissance à la viande. On travaille un produit noble et c’est pour cela qu’on doit le faire avec sérieux».
Sourcing local et emploi
En termes d’emploi, l’abattoir Bigard du Maubeugeois, c’est d’abord quelque 320 salariés, «dont 310 en CDI», détaille-t-il devant les élus régionaux Marie-Sophie Lesne, Sophie Merlier-Lequette et Jean-Michel Serres. Son activité principale est l’abattage, le désossage, la découpe de muscles et l’emballage de viande sous-vide.
2 000 animaux y sont abattus chaque semaine, mais l’abattoir dispose d’une capacité supplémentaire.
En termes d’approvisionnement, Bigard assure privilégier l’origine locale des animaux en travaillant avec plusieurs coopératives d’éleveurs et commerçants en bestiaux installés dans un grand quart Nord-Nord-Est de la France : «80 % des animaux que nous recevons sont des Hauts-de-France, assure ainsi le directeur de Bigard à Feignies. Le reste, nous allons le chercher dans les Ardennes, la Marne ou la Haute-Marne». Pour l’industriel, cet approvisionnement local permet de s’assurer d’une meilleure qualité : «Un animal qui voyage peu donnera une viande de meilleure qualité, puisqu’il sera moins stressé et souffrira moins pendant le transport.» «Même si nous sommes une entreprise de grande taille, nous sommes attachés à l’origine locale», poursuit Xavier Lemaître. Et d’annoncer la mise sur le marché «à moyen terme» de pièces de viande identifiées plus clairement comme ayant été découpées à Feignies. Les clients du site sont des enseignes de la GMS, des bouchers traditionnels, mais aussi d’autres sites du groupe. Feignies est ainsi le premier fournisseur de l’usine de Flixecourt (80) spécialisée dans la fabrication de steaks hachés.
Des regards portés vers l’export
Lors de sa création, 50 millions d’euros avaient été investis dans le site qui occupe 13 hectares et 18 000 m2 de bâtiments. «Depuis, on a dû réinvestir, poursuit Xavier Lemaître. Un abattoir est un outil qui s’use rapidement. Chaque année, on renouvelle une partie de notre matériel pour maintenir notre compétitivité et garantir l’aspect sanitaire.» L’agrément CE du site nordiste lui permet en outre d’exporter de la viande «dans toute l’Europe et à l’international». Depuis juillet 2018, un agrément sanitaire supplémentaire permet à Bigard Feignies d’envisager l’expédition de morceaux de viande vers la Chine. «Aujourd’hui, détaille Xavier Lemaître, nous n’avons pas encore de visibilité sur ce que cela peut représenter. Nous n’avons pas de bureau de vente sur place, mais nos commerciaux travaillent à la recherche de débouchés dans ce pays.» D’ici la fin de l’année, le site nordiste devrait bénéficier d’un nouveau gage de sécurité sanitaire avec l’obtention de la certification IFS. Une manière supplémentaire de sécuriser ses débouchés et de rassurer ses clients sur la mise en œuvre des bonnes pratiques dans ses murs.