Lact'Union : AG de section mouvementée...
Valentin Crimet, co-président de l’UPLP, réagit aux informations livrées lors de l’assemblée de section de la coopérative Lact’Union, à Saint-Riquier, la semaine dernière.
en meilleure position pour bénéficier d’un retour. Encore faut-il que ce retour lui soit accordé !
La semaine dernière a eu lieu l’assemblée de section de la coopérative Lact’Union, à Saint-Riquier, pour faire le bilan de l’année écoulée, et projeter l’entreprise et les producteurs vers l’avenir. C’est aussi l’occasion de faire le point d’une année d’exercice suite à la dernière crise et à la mise en place des éléments de la loi Egalim.
La première chose qui m’a frappé, c’est la faible participation des adhérents. Pourtant, la projection de l’activité laitière est fondamentale dans nos exploitations. En effet, nous ne pilotons pas nos ateliers avec une vision de court terme, où nous pourrions augmenter ou diviser de moitié nos productions. L’anticipation est indispensable. Les montants engagés, les risques, le travail… tout cela doit nous amener, nous, producteurs, à être présents lors des assemblées. Et ce, d’autant plus cette année, où la loi Egalim a pointé deux facteurs déterminants : la construction des accords commerciaux pour mieux protéger les producteurs, et le bon fonctionnement des coopératives. A ce sujet, on pourrait simplement revendiquer un ordre du jour plus complet, voire un document envoyé en amont de l’AG avec les éléments clés et les résolutions. Cela encouragerait les producteurs à venir donner leur avis, qui est essentiel au bon fonctionnement des coopératives.
Côté bilan d’activité, que ce soit en tant que co-président de l’UPLP, ou simple adhérent de cette coopérative, je suis nécessairement satisfait (et je le revendique) de la performance de celle-ci, de ses choix de croissance et de développement. La performance de Lact’Union est une bonne nouvelle pour ses adhérents, et plus largement pour le bassin et la filière laitière française.
J’ai toutefois trouvé un bémol dans l’assemblée, et ce fut le point de crispation : c’est qu’une certaine somme, 4 €/1 000 litres, soit «mise en réserve pour la construction du prix de l’année à venir», en l’occurrence 2019. Que l’on soit prudent quand l’avenir est sombre peut être compris et accepté dans le cadre d’une gouvernance partagée. En 2019, le risque me paraît bien faible d’autant plus que les signaux sont au vert. On nous l’a présenté : les principaux pays exportateurs dans le monde enregistrent une baisse de leur production, (Nouvelle-Zélande, Australie, Argentine, Pays-Bas, et, pour la première fois depuis cinq ans, les Etats-Unis). Seule l’Irlande enregistre une hausse. Les cours du beurre sont plus bas que l’année dernière, mais restent élevés et se situent autour de 4 200 €/t. Les cotations de poudre de lait sont stables. Les stocks d’intervention européens se résument à 200 t, bien loin des 700 000 t d’il y a trois ans…
La loi Egalim met le producteur en meilleure position pour bénéficier d’un retour. Encore faut-il que ce retour lui soit accordé ! La somme en question représente 2 000 € pour le producteur moyen de la coopérative. Cette somme améliore la trésorerie de la ferme, permet un prélèvement privé supplémentaire, finance deux semaines de remplacement, que sais-je ! Lors de l’assemblée, nous avons eu l’impression d’un vieux réflexe d’alignement au moins disant, à un moment où la conjoncture nous permet un meilleur espoir.
C’est d’autant plus dommage que la situation financière de la coopérative le permet, et que les derniers mois nous ont donné de bien tristes scènes de gouvernance dans certaines coopératives du territoire qui, elles aussi, ont fini par «emprunter à leurs producteurs». Bien gérer, c’est bien ; mieux partager, c’est bien mieux. Il n’est nullement trop tard pour bien faire d’ici l’assemblée générale. Au moment où les producteurs commencent à entrevoir ou à ressentir une situation un peu meilleure, le choix est toujours à refaire : je mise sur le lait et je développe, ou j’arrête, je n’ai plus envie. L’envie, ça se cultive. Mon propos repose sur un vécu, mais il s’adresse aussi à tous les groupes laitiers. Nous avons joué «filière complète» pour négocier les prix dans la loi Egalim, il faut aussi que le partage des marges soit fait «filière complète» !