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L’agriculture européenne résiliente face à la Covid-19

Dans une étude commandée par la commission de l’Agriculture du Parlement européen portant sur les impacts préliminaires de la pandémie de Covid-19, les auteurs soulignent avant tout son haut degré de résilience. Toutefois, ils précisent que certains secteurs, comme ceux du vin ou de la viande, ont été durement fragilisés par les restrictions sanitaires. 

Le secteur vitivinicole fait partie de ceux qui ont été le plus gravement touchés en raison de sa dépendance à celui de la restauration.
Le secteur vitivinicole fait partie de ceux qui ont été le plus gravement touchés en raison de sa dépendance à celui de la restauration.
© Pixabay

Devant les eurodéputés de la commission de l’Agriculture, les auteurs de l’étude portant sur les impacts préliminaires de la pandémie de Covid-19 sur l’agriculture européenne (commandée par la Comagri), ont expliqué le 15 juin que le secteur agroalimentaire de l’UE, dans son ensemble, s’est relativement bien comporté en 2020. Les niveaux de production et d’échanges tout comme les prix des denrées alimentaires sont restés stables dans tous les secteurs. En 2020, la valeur de la production de la branche agricole n’a diminué que de 1,4 % par rapport à 2019 et, comparée à la moyenne 2015-2019, elle a augmenté de 2,9 %. La chaîne d’approvisionnement agroalimentaire a fait preuve d’une grande résilience, concluent-ils. Par exemple, les chaînes de production ont été converties afin d’éviter les gaspillages et d’assurer la viabilité économique. Ainsi, indiquent les auteurs, le vin et l’éthanol carburant ont été transformés en alcool pour les désinfectants, les produits de volaille en vrac ont été transformés en emballages de détail. En outre, ils ajoutent que les stratégies commerciales ont été adaptées et de nouveaux modèles commerciaux ont été introduits (par exemple : le commerce électronique, les livraisons à domicile et les plats à emporter dans le cas de la restauration) afin de garantir la continuité de l’approvisionnement alimentaire. 

 

Des secteurs fragilisés 

Néanmoins, l’étude souligne que certains secteurs ont été plus sévèrement touchés que d’autres. Il s’agit notamment des fournisseurs directs du secteur de la restau- ration, notamment les agriculteurs, les grossistes et les fabricants d’aliments et de boissons. Le secteur vitivinicole, très dépendant de la restauration pour la vente de vins de haute qualité, a notamment été confronté à des défis importants en raison des effets combinés du Covid-19, des restrictions commerciales spécifiques (les droits de douanes punitifs imposés par Washington depuis octobre 2019 dans le cadre de l’affaire Airbus/Boeing) et du manque de soutien financier supplémentaire de l’UE et des pays membres. Et le secteur va, en plus, devoir faire face à l’impact du gel printanier. Selon les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca), 30 % de la récolte de 2021, soit 2 Mds €, ont été perdus rien qu’en France. 

Le secteur de la viande bovine a également subi l’impact négatif de la fermeture de restaurants où la viande de veau est généralement consommée. À titre d’exemple, la consommation de veau en France, l’un des plus grands marchés européens pour ce type de viande, a diminué de 35 % au printemps 2020, par rapport à la moyenne 2015-2019. Par ailleurs, les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) estiment, dans leur dernière évaluation sectorielle, qu’entre avril et juin 2021, la production globale de viande bovine a diminué de 9,7 % par rapport à 2020 (janvier-février). La consommation de sucre a aussi grandement subi les effets de la pandémie avec une nette baisse de 429 milliers de tonnes au cours de la campagne 2019-2020. Au cours de l’été 2020, le Copa-Cogeca a signalé une perte de valeur du sucre de 100 €/t, directement liée à l’impact de la Covid-19. Cela implique ainsi une perte de valeur d’environ 1,6 Md€ pour le secteur européen de la betterave sucrière au cours de la prochaine saison. 

Enfin, le secteur des fleurs et des plantes a subi des pertes financières importantes. Lors de la première vague de la pandémie, la demande de fleurs et de plantes a chuté de 80 %, ce qui a engendré une perte de chiffre d’affaires estimée à 4,12 Mds €. Les auteurs expliquent qu’il s’agit d’une conséquence directe des perturbations logistiques et des restrictions qui continuent d’empêcher les transports internationaux de fonctionner dans des conditions normales. 

 

Des pistes d’amélioration 

Au regard de l’expérience liée à la pandémie de Covid-19, les auteurs appellent à une approche plus coordonnée et plus structurée au niveau de l’UE lors de futures crises. À cette fin, ils recommandent avant tout d’enquêter davantage sur les raisons de l’impact limité des mesures de gestion du marché adoptées dans le cadre de la Pac pendant la pandémie, afin que ces instruments soient correctement conçus et que les opérateurs du secteur alimentaire puissent les utiliser efficacement lors de crises futures. Ils estiment aussi qu’il serait bon d’envisager le découplage de la réserve de crise des paiements directs aux agriculteurs afin de renforcer la capacité financière de l’UE en temps de crise. 

Par ailleurs, ils invitent aussi Bruxelles à contrôler l’impact à court et moyen terme sur le marché des aides d’État fournies par les États membres pendant la pandémie en évaluant si elles ont pu entraîner une distorsion de la concurrence sur le marché unique. Enfin, ils appellent à un renforcement des programmes d’assistance alimentaire. 

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