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L’agriculture à la préfecture

C’est avec les OPA du département que la FDSEA et les JA ont été reçus par le préfet.

© AAP


La FNSEA l’avait annoncé la se­maine dernière : il ne faut pas que les problématiques agricoles sortent des écrans radars des pouvoirs publics. Dans le département, la FDSEA a pris le parti d’inviter à cette rencontre un maximum de forces économiques agricoles pour que chacun puisse témoigner de l’ampleur de la crise à son échelle et appuyer les revendications syndicales.
C’est donc avec Hervé Drouvin (président de Cobevial et président du Conseil économique de la Somme), Jean-François Gaffet (président de Noriap), Hervé Demalle (président de CerFrance), Christophe Buisset (président de Groupama Somme et président de la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France), Laurent Degenne (vice-président de la Chambre départe­mentale d’agriculture), Jean-Louis Dutote (président du comité départemental de la MSA), Arnaud Pyckaert (responsable des marchés agricoles de la Caisse régionale du Crédit agricole), Denis Delattre, Dominique Dengreville et Christophe d’Halescourt (bureau FDSEA), que Françoise Crété et Bruno Macron ont été reçus par Philippe de Mester, préfet de la Somme, entouré des responsables de la DDTM.
En préambule, Françoise Crété a dressé le tableau de crise profonde durable dans laquelle s’enlisent toutes les filières agricoles. Et ce, d’autant plus que les cours des grandes cultures, qui ont souvent pour effet de stabiliser les productions animales, dévissent également depuis la récolte 2015.
Hervé Demalle a complété en rappelant les chiffres de la «Ferme Somme» : «Les exploitations agricoles étaient en 2015 à leur troisième année successive de baisse du fonds de roulement, et nous en sommes revenus fin 2015 à une situation de trésorerie dégradée par rapport à 2010. La conjoncture est très mauvaise, mais les règles fiscales ne sont plus adaptées : elles font la part belle à l’investissement lors des années favorables, mais ne permettent encore que trop peu de parer la volatilité lors des retournements de conjoncture.» Jean-François Gaffet a détaillé la situation des filières végétales, plombées par des stocks mondiaux lourds depuis près d’un an, avant de souligner les répercussions de la crise vues depuis les fenêtres de l’approvisionnement : «10 % des adhérents n’ont pas pu solder à la récolte 2015, et les encours n’ont de cesse d’augmenter depuis 2012. Ils atteignent parfois des montants très élevés, qui deviennent dangereux pour les exploitations. Pour autant, nous essayons d’accompagner au maximum les adhérents, mais il faut reconnaître que cet accompagnement est bien plus difficile aujourd’hui qu’il ne l’était il y a quinze ou vingt ans. D’ailleurs, l’autre indicateur des difficultés de l’élevage est celui des fabrications d’aliment du bétail : «- 15 % en 2015, on s’attend à - 10 % en 2016, ça fait – 25 % en deux ans ; sur un groupe comme Novial qui compte cinq usines, les chiffres sont implacables.» Les emplois sont donc menacés dans les fermes, c’est une évidence, mais ils le sont tout autant dans les entreprises en amont et en aval de la production, et quand on a comme repère qu’un éleveur génère sept emplois, les conséquences sur les territoires vont aller bien au-delà des difficultés des fermes. Des chiffres corroborés par ceux de Jean-Louis Dutote au niveau de la MSA : «Malgré la prise en charge accordée en 2015, il reste 64 éleveurs qui n’ont pas pu solder leur retard de cotisation, à hauteur de plus de 180 000 €.»

Contrôles et installation
Hervé Drouvin, président de la Cobevial, a exprimé au nom du Conseil agricole de la Somme ses inquiétudes quant à la crispation des inquiétudes au sujet des contrôles en cette période : «Nous sommes conscients qu’il doit y avoir des contrôles, mais il faut qu’il y ait davantage de tact car bon nombre d’éleveurs sont à cran, et on sait que certains contrôles bien identifiés se sont mal déroulés sur un plan humain. Ce n’est pas le con­trôle qui est la cause d’un arrêt de production ou de l’écœurement définitif, mais il peut en être le déclencheur.»
Pour sa part, Bruno Macron a rappelé que les jeunes installés sont toujours en attente de leurs aides Pac : «Il n’y a en fait aucun dossier Pac 2015 achevé, mais les jeunes installés, les mouvements sociétaires, et les fermes qui ont l’objet d’un contrôle sont toujours orphelins des systèmes d’avance.» Sur les dossiers Pac, force est de reconnaître les lourdeurs générées par les décisions et les outils du ministère. Une faille que Laurent Degenne et Christophe Buisset ont pointé à un niveau plus local, puisque les dossiers PCAE sont toujours en souffrance d’instruction, du seul fait d’un système informatique en retard de déploiement avec en toile de fond la reprise des disparitions des anciens conseils régionaux sur le périmètre de l’actuel. «C’est d’autant plus important que les aides qui venaient auparavant consolider un projet sont devenues incontournables pour la rentabilité aujourd’hui», souligne Arnaud Pyckaert, insistant de nouveau par ailleurs sur l’urgence à rétablir les dossiers Pac 2015, puisque les banques ne peuvent pas s’appuyer sur un système d’avance de trésorerie pour soutenir la trésorerie des exploitations.
Et Françoise Crété de synthétiser les demandes sur trois axes : «L’urgence et le conjoncturel, c’est de solder les dossiers Pac 2015 et de prolonger, consolider et simplifier le PSE. Sur ce volet, il faut impérativement renforcer les enveloppes de FAC, et rendre beaucoup plus simple le principe de l’année blanche. En second lieu, il faut abaisser la charge réglementaire. Pour cela, nous rejetons le classement de la Somme en zones vulnérables, mais s’il faut un terrain de progrès, nous sommes prêts à ce que les mesures aux champs s’appliquent partout, mais que les travaux de mises aux normes des stockages ne soient à faire que pour les nouvelles installations. L’amélioration des relations lors des contrôles et la prise en compte des difficultés rentrent dans cet axe. Enfin, reste l’accompagnement des projets futurs : le PCAE doit être pleinement opérationnel et efficace sur les mois à venir.»

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