lait : le bien-être animal dans la charte d’élevage
L’interprofession laitière vient de se mettre d’accord sur seize indicateurs permettant d’évaluer le bien-être animal dans les troupeaux laitiers. Cette nouvelle thématique fera désormais partie intégrante de la charte des bonnes pratiques d’élevage.
Les trois familles de l’interprofession laitière (producteur, industriel privé, coopération) ont travaillé à la définition d’indicateurs permettant d’évaluer le bien-être des animaux dans un troupeau laitier. «Nous avions pris l’engagement de travailler sur le bien-être animal lors de l’élaboration de notre plan de filière “France Terre de lait”. C’est maintenant chose faite, explique Daniel Perrin, éleveur laitier et président de la commission Sciences et techniques du Cniel (interprofession laitière nationale). Nous souhaitons, avec cette démarche, valoriser les savoir-faire de la filière laitière, apporter des réponses aux clients, aux consommateurs, et mettre en place les conditions d’une démarche de progrès pour renforcer la compétitivité et l’acceptabilité des élevages.»
Ainsi, les représentants de la filière ont co-construit, avec l’expertise scientifique de l’Institut de l’élevage, seize indicateurs permettant d’apprécier le bien-être animal. «Pour choisir ces indicateurs, nous nous sommes appuyés sur le Code terrestre de l’OIE (1)(Organisation mondiale de la santé animale), qui fait référence en la matière et sur les cinq libertés fondamentales (cf. encadré) définies par le Farm animal welfare council (FAWC)», précise Nadine Ballot, chargée de projets au Cniel.
«Ces indicateurs sont centrés sur l’animal, ils doivent être facilement observables et mesurables et avoir un intérêt technico-économique. Nous sommes dans une démarche positive, au lieu de courir derrière nos détracteurs. Nous préférons montrer et expliquer ce que l’on fait dans les élevages», avertit Daniel Perrin.
Seize indicateurs du bien-être animal
Les seize indicateurs du bien-être animal sont répertoriés dans cinq rubriques qui correspondent aux cinq libertés fondamentales et sont désormais rajoutés à la charte des bonnes pratiques d’élevage. Lorsqu’un éleveur sera audité dans le cadre de la charte, l’agent vérifiera que tous les points du volet bien-être animal sont respectés et attribuera une note pouvant aller de zéro à vingt. «A partir de ses observations et/ou de ses mesures, le contrôleur va définir un score pour chacun des indicateurs. Après l’agrégation des notes, on obtiendra des résultats pour chacune des libertés et une note finale. Cette évaluation permettra à l’éleveur de se situer pour chacune des libertés fondamentales, mais aussi de pouvoir se comparer à la moyenne nationale», explique Nadine Ballot.
«Si la note est satisfaisante, l’éleveur sera charté. En revanche, si certains points ne sont pas respectés, l’éleveur devra alors apporter des mesures correctives pour se conformer aux critères. Enfin, si la note est insuffisante et que l’éleveur ne souhaite pas engager une démarche de progrès, il ne sera plus en conformité avec la charte et ne sera plus collecté», annonce Daniel Perrin.
Ces nouveaux indicateurs seront pris en compte dans les audits de la charte des bonnes pratiques d’élevage à partir du 1er janvier 2020. «On estime que dans les deux à trois ans, tous les éleveurs auront été audités sur le bien-être animal, et nous serons en avance sur nos engagements qui prévoyaient plutôt cela pour 2025», assure le président de la commission.
(1) Le Code sanitaire pour les animaux terrestres (le Code terrestre) prévoit des normes visant à améliorer la santé et le bien-être des animaux et la santé publique vétérinaire dans le monde. Pour en savoir plus : www.oie.int/fr/normes/code-terrestre.
Bien-être animal : les cinq libertés fondamentales
- Ne pas souffrir de la faim ou de la soif
- Ne pas souffrir d’inconfort
- Ne pas souffrir de douleurs, de blessures ou de maladies
- Pouvoir exprimer les comportements naturels propres à l’espèce
- Ne pas éprouver de peur ou de détresse