L’art se (re)découvre au fil des rieux des hortillonnages
Chaque printemps depuis treize ans marque l’ouverture d’une nouvelle édition du Festival international de jardins, aux hortillonnages d’Amiens. 46 installations paysagères dont 12 nouvelles créations sont à découvrir du 26 mai au 16 octobre.
Chaque printemps depuis treize ans marque l’ouverture d’une nouvelle édition du Festival international de jardins, aux hortillonnages d’Amiens. 46 installations paysagères dont 12 nouvelles créations sont à découvrir du 26 mai au 16 octobre.
Impossible de se lasser d’une balade aux hortillonnages d’Amiens. Ces trois-cents hectares qui abritent une multitude de petites parcelles, accessibles uniquement en barque grâce à un réseau de canaux, les «rieux», offrent un dépaysement total. Chaque année, la visite du lieu façonné par des générations de maraîchers appelés les hortillons est différente. Il faut dire que le Festival international de jardins qu’il abrite, créé en 2010, le rend unique. «Le jardin, c’est la vie. Et ceux des hortillonnages sont l’identité de la ville. Notre festival rend la culture accessible dans l’espace public», annonce Gilbert Fillinger, directeur de l’association organisatrice Art et jardins.
Cette année, 46 installations paysagères dont 12 nouvelles créations sont à découvrir du 26 mai au 16 octobre. «Notre festival a conforté sa renommée internationale. Nous avons reçu une centaine de candidatures, et le jury a retenu celles qui lui paraissaient les plus pertinentes.» Gilbert Fillinger prévient pourtant : «Les conditions de réalisation sont très difficiles. Il faut pouvoir s’adapter au lieu, parfois inaccessible pour certains matériels, et aux conditions météo.»
Parmi les nouveaux artistes, plusieurs ont été inspirés par les sujets de l’alimentation et l’agriculture. C’est le cas du paysagiste belge Studio Basta, et son Jardin a(c)cueillir. «Ce jardin installé à l’Île aux fagots est un point d’entrée et de sortie du festival. Nous tenions à ce qu’il soit un lieu convivial, où l’on puisse s’y reposer», note Gilbert Fillinger. La création est au croisement entre jardin cultivé, potager et friche boisée, qui constituent les trois espaces types des hortillonnages. La végétation est composée d’une déclinaison de petits fruits. «Au centre, un cabanon fait office de guinguette, avec un comptoir, une table de pique-nique, des transats… Et sous le poirier King prunus, un filet se transforme en assise joueuse pour les enfants», décrivent les organisateurs.
L’agriculture est aussi au cœur de l’œuvre de l’association paysagiste Vergers urbains, créateurs de La Fascinatrice des hortillonnages. «Le visiteur accoste sur l’île et découvre un environnement à la fois étrange et commun. Une entité mi-monstrueuse, mi-protectrice est garante du lieu.» Le parcours progressif, de plus en plus sauvage, amène le visiteur à se questionner sur la place qu’il occupe sur le site. La plasticienne américaine Thrase Design Studio, elle, a souhaité s’attacher à la préservation du patrimoine local à travers la question de l’érosion des berges. Son jardin est composé de boutures de saule placées sur la berge et maintenues par de la ficelle reliée à des piquets. La pousse des racines des saules aide à la stabilisation. Les plantes émergentes offrent un habitat à la faune locale.
Les pêcheurs glorifiés
Le collectif H3O s’est plutôt intéressé à la partie invisible du territoire : le monde sous-marin, avec son œuvre l’Île aux housses. «Les artistes se sont servis des photos que les pêcheurs ont fait avec leurs prises, puis les ont reproduites en grand sur des housses imprimées.» Brochets, perches et silures révèlent aux promeneurs ce qui sommeille sous leur embarcation. En plus des nouveautés, des œuvres références font encore partie du festival. On ne se lasse par exemple pas du Potager embarqué de Florent Morisseau (2010), refait cette année, élu plus beau jardin potager de France. Embarquez.
De l’inspiration pour les autres festivals
Comment découvrir les œuvres ?
D’autres œuvres, installées sur des îles, ne sont accessibles qu’en barque ou canoë. Des barques électriques sont à louer à Camon, au port à fumier (35 rue Roger Allou), pour un parcours fléché d’îlots en îlots de 2h30.
Réservations et tarifs sur www.artetjardins-hdf.com