Le canal en eaux troubles
L’annonce du gouvernement de revoir les projets structurants jette le trouble sur la finalisation du projet de Canal Seine-Nord Europe. Réactions de la profession agricole.
nonce du Premier ministre a eu l’effet d’une traînée de poudre : le gouvernement veut revoir la participation de l’Etat dans les grands projets pour ne pas dégrader son niveau d’endettement. Résonnance immédiate pour la région Hauts-de-France : quid du canal à grand gabarit, pour lequel la société de financement a été créée au printemps dernier, et dépendant à l’heure actuelle d’un financement public de près de 900 millions d’euros. La levée de bouclier a été rapide, à tel point que le président du Conseil régional des Hauts-de-France a proposé à l’Etat que la Région avance cette somme. Pour l’heure, le sujet est ouvert, mais le pavé est bien dans la mare.
L’agriculture se sent doublement impactée par cette annonce : d’un côté, le canal paraît être un levier de compétitivité pour les intrants et les exportations des marchandises agricoles et agro-alimentaires. De l’autre, le tracé prélève près de 2 000 hectares de terres agricoles, d’ores et déjà mobilisées et mises en réserve. Dès lors, les représentants de l’agriculture ont saisi le chef de l’Etat en personne pour lui rappeler les enjeux et l’importance de ce projet, pas seulement pour l’agriculture, pas seulement pour la région Hauts-de-France, mais bien pour l’économie nationale au sens large. «Quand on veut relancer la France sur les thèmes de l’ouverture économique au monde, de la compétitivité industrielle et de l’exemplarité environnementale, on ne peut pas remettre à demain le projet du canal Seine-Nord Europe : il est l’incarnation même de ce tryptique», rappelle Laurent Degenne, président de la FRSEA Hauts-de-France. Et leur courrier s’accompagne d’une invitation faite au chef de l’Etat de venir sur place discuter du projet. Affaire à suivre.