Chasse
Le forcing d’ONG pour un dimanche sans chasse
Alors que le gouvernement doit annoncer une série de mesures pour «sécuriser» la pratique de la chasse, plusieurs associations environnementalistes demandent l’instauration d’une journée sans chasse.
Alors que le gouvernement doit annoncer une série de mesures pour «sécuriser» la pratique de la chasse, plusieurs associations environnementalistes demandent l’instauration d’une journée sans chasse.
Les chasseurs de France pourront-ils continuer à chasser le dimanche ? Selon toute vraisemblance, il semblerait que «oui», malgré la demande pressante d’associations environnementalistes de mettre en place une mesure visant à l’interdire. Selon nos informations, l’instauration d’un dimanche sans chasse, qu’il s’agisse de la totalité de la journée ou juste l’après-midi, ne ferait en effet pas partie des mesures retenues par le gouvernement pour la sécurisation de la chasse qui devraient être annoncées le lundi 9 janvier. Pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO), si cette information était confirmée, «cela signifierait un grand renoncement de l’exécutif», a-t-elle indiqué dans un communiqué daté du 3 janvier. Et de souligner que «l’Angleterre, les Pays-Bas, la Suisse, l’Espagne, l’Italie ou encore le Portugal ont instauré un ou plusieurs jours sans chasse».
10 % «pas favorables du tout»
Lundi 3 janvier, sept associations de protection de la nature dont la LPO, France Nature Environnement (FNE) ou encore l’Aspas ont dévoilé les résultats d’un sondage Ifop intitulé «Les Français et la chasse» autour de deux grandes questions : «Vous sentez-vous en sécurité lorsque vous vous promenez dans la nature en période de chasse ?» et «Seriez-vous favorable ou pas favorable à ce que le dimanche devienne un jour non chassé ?»
Commandé par des ONG dont les postures anti-chasse sont anciennes, ce sondage a été réalisé en décembre 2022 «sur un échantillon représentatif de 1 000 personnes». D’une manière générale, on y apprend que «70 %
des Français» ne se sentiraient pas en sécurité en période de chasse. Pour les associations de défense de l’environnement et des animaux, c’est plus qu’en 2009 (54 %) et qu’en 2016 (61 %), ce qui traduirait qu'«un sentiment d’insécurité par rapport à la chasse progresse nettement». Toujours selon ces mêmes détracteurs, «ce sont les habitants des campagnes les plus inquiets». Quant à la proposition d’imposer le dimanche comme jour «non chassé», «78 % des Français» y seraient favorables, dont 50 % «tout à fait favorables». Dans les 22 % réticents à ce que le dimanche soit un jour sans chasse, seuls 10 % n’y sont «pas favorables du tout».
Un effet «boule de neige» redouté
Du côté des chasseurs, la simple idée que le dimanche devienne un jour non chassé ne passe pas, avec comme premier argument le fait que «55 % des chasseurs sont des actifs». Autrement dit, pour une majorité d’entre eux, le dimanche est bien souvent le seul jour de la semaine à consacrer à leur loisir. En ce qui concerne l’accidentologie, les données du réseau national «sécurité à la chasse» tendent à montrer que le dimanche n’est pas le jour où se produisent le plus grand nombre d’accidents. Enfin, on rappelle que le dimanche sans chasse est déjà la règle dans les forêts publiques gérées par l’ONF. Dans son rapport publié en septembre 2022, la mission sénatoriale sur la sécurisation de la chasse s’est prononcée en défaveur de l’interdiction de la chasse le dimanche. Ce qui l’a motivée dans ce sens ?
Que la plupart des associations de sports de nature ne soient pas «pour» un dimanche sans chasse. Pourtant, «la mission s'attendait à ce que la demande de jours sans chasse soit largement soutenue par les associations de sports de nature», écrivent ses rapporteurs, Maryse Carrère et Patrick Chaize. Or, «leur audition a montré que, très majoritairement, elles ne soutenaient pas la mise en place d'un jour sans chasse», poursuivent-ils. Et de détailler ensuite les motivations de ces associations : «Elles craignent que, après l'interdiction de la chasse, d'autres pratiques soient interdites certains jours dans la nature : VTT, équitation, alpinisme... pour limiter le dérangement de la faune. Elles craignent également que l'interdiction de la chasse certains jours ne soit un premier pas vers la mise sous cloche de zones du territoire où l'homme ne pourrait plus se rendre que dans certaines conditions ou dans certaines limites.» La chasse d’abord, le reste ensuite.