Le lait cède la place à la viande et les exploitations grossissent
Panorama de la filière élevage en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Une semaine avant les Etats généraux de l’élevage, organisés à Lille par le Conseil régional de Hauts-de-France, une étude sur la filière viande en Nord-Pas-de-Calais-Picardie a été présentée à la presse, en marge du Salon agricole «Terres en fête», à Tilloy-lès-Mofflaines. Cette étude est le fruit d’un partenariat entre la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) et l’Insee.
La grande majorité des terres de notre région sont riches et propices aux cultures en tous genres, mais quand elles sont difficilement labourables les pâtures remplacent les cultures et l’élevage s’installe. On compte ainsi dans les Hauts-de-France quelque 9 945 élevages, essentiellement de bovins (7 769, soit 70 % des exploitations), mais aussi d’ovins (1 353), de volailles et lapins (1 010) et de porcins (787). Ce sont environ 11,5 millions d’animaux qui sortent chaque année des élevages de la grande région (chiffres de 2010), les porcs venant cette fois en deuxième place avec 628 300 bêtes, après les bovins (964 300) et devant les ovins (144 700). Il faut mettre à part les volailles (9,7 millions) et les lapins (44 500). En 2014, les productions animales représentent 29 % de la valeur de la production agricole régionale (37 % au niveau national).
Une filière en restructuration
Avec quelque 5 550 installations, le Nord-Pas-de-Calais pèse lourd dans l’élevage régional et regroupe 55 % des ateliers bovins viande (Avesnois et Boulonnais surtout), 80 % des ateliers porcins (Flandre intérieure essentiellement) et 70 % des ateliers volailles ou lapins. La main-d’œuvre est surtout familiale, en particulier dans les élevages bovins viande (85 %) et porcins (74 %). Au total, l’élevage emploie 17 500 unités de travail annuel, soit en moyenne 1,8 UTA par élevage contre 1,5 dans les exploitations uniquement végétales. Les productions hors sol grimpent encore plus haut : 2,2 UTA en moyenne dans les élevages porcins.
Côté bovin, la production s’est fortement réorganisée depuis quarante ans : le nombre des exploitations laitières a été divisé par huit (5 350 en 2015) et celui des vaches laitières par deux. En compensation, le nombre de vaches allaitantes a presque quintuplé (140 000 têtes) et celui des élevages bovins viande a été multiplié par trois (6 000 exploitations).
Côté porcin, les Hauts-de-France totalisent 630 000 porcs dans 790 élevages, soit 6 % des élevages nationaux et 5 % du cheptel. La moitié se trouve dans le Nord et un quart dans le Pas-de-Calais. On a constaté la disparition de très nombreux petits ateliers de moins de dix truies mères (près de 6 000) entre 1979 et 2010, la taille moyenne passant de 27 à 122 truies mères.
D’une manière générale, dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, grande région de cultures, la viande est souvent complémentaire d’autres productions plus importantes économiquement.
Un aval créateur d’emploi et de valeur ajoutée
En 2015, les dix-neuf abattoirs des Hauts-de-France ont abattu 261 000 bovins (dont les trois quarts ont été élevés dans la région), 700 000 porcs et 10,8 millions de volailles et lapins. 37% des bovins élevés dans la région sont abattus ailleurs. Les activités d’abattage, de transformation des viandes, de commerce de gros, de production et de distribution d’aliments pour animaux et d’équipements pour élevage, tout ce qu’on appelle l’aval de la filière, fait vivre 8 746 salariés dans 491 établissements et entraîne 506 millions d’euros de valeur ajoutée. 65 % de ses salariés sont des ouvriers et 75 % travaillent dans l’abattage et la transformation. Leur salaire net médian s’élève à 10,8 € de l’heure, soit dans la moyenne de l’ensemble de l’économie régionale.