Dégâts de gibier
Le long des cours d’eau, les ragondins font un festin de maïs
Depuis deux ou trois ans, les populations de ragondins exploseraient dans la Somme. Des agriculteurs exploitants de parcelles à proximité des cours d’eau constatent des dégâts conséquents. C’est le cas d’Hubert Boulle, à Famechon.
Depuis deux ou trois ans, les populations de ragondins exploseraient dans la Somme. Des agriculteurs exploitants de parcelles à proximité des cours d’eau constatent des dégâts conséquents. C’est le cas d’Hubert Boulle, à Famechon.
Des tiges cassées, qui n’ont pas résisté au poids de l’animal, quelques pains de maïs grignotés sur place, le reste certainement embarqué via les coulées bien marquées entre cette parcelle et la rivière des Évoissons. En ce mois d’octobre, Hubert Boulle, ancien agriculteur de Famechon, constate les dégâts que causent les ragondins sur les parcelles que son fils exploite désormais. «J’ai aperçu le premier il y a une dizaine d’années. Les populations explosent depuis trois ou quatre ans. Ils s’attaquent essentiellement au maïs», livre-t-il.
La Fédération des chasseurs de la Somme est consciente du problème. «Ce rongeur est arrivé par l’Aisne et a colonisé nos cours d’eau : les Évoissons, la Selle, l’Avre, la Somme… Il est beaucoup plus gros qu’un rat musqué, et cause de gros dégâts dans le maïs, mais aussi sur les berges», commente Hubert Séré, porte-parole de la fédération. Le mammifère semi-aquatique, originaire d'Amérique du Sud, a été introduit en France dans les années 1880 pour sa fourrure et est devenu une espèce invasive, raison de sa classification comme nuisible aux végétaux en France. «Nous pouvons le piéger toute l’année.»
Sangliers, chevreuils, blaireaux…
L’année dernière, Hubert Boulle, lui-même chasseur, en a attrapé près d’une vingtaine. «Ils faut installer des pièges car ils vivent surtout la nuit.» Cette année, il a choisi d’utiliser cette parcelle d’1,5 hectare comme zone tampon. «Ici, nous subissons aussi les dégâts de sangliers, de chevreuils, de blaireaux… On ne récoltera pas cette surface, pour préserver le reste.» La fédération de chasse s’attelle aussi à ces problématiques. Sept-cents sangliers ont été prélevés dans la Somme cette année. «Des battues ont été organisées depuis le 1er juin. Le remplacement gratuit des bracelets utilisés, qui avaient été initialement attribués, est un dispositif qui a bien fonctionné», analyse Hubert Séré.
Le lièvre victime d’un virus foudroyant
La plaine est bien triste cette année. C’est le constat que font de nombreux chasseurs de la Somme. Pas un lièvre à l’horizon. Pour cause : celui-ci est victime d’une maladie particulièrement virulente : l’EBHS (European Brown Hare Syndrome). «Devant les remontées de terrain, nous avons décidé de faire des comptages de nuits avec la technique de l’IKA (indice kilométrique d’abondance). Effectivement, on constate une baisse anormale de la population. Les secteurs de l’Est, vers Ham et Nesle, qui avaient une forte densité, sont les plus touchés», explique Hubert Séré, porte-parole de la Fédération des chasseurs de la Somme. Les analyses laissent apparaître des animaux touchés par le syndrome hémorragique EBHS. Ce type d’hépatite virale est extrêmement foudroyant puisque le lièvre meurt très souvent en une douzaine d’heures. Cette maladie est aussi appelée maladie de la goutte de sang, l’animal étant souvent retrouvé mort avec une goutte de sang au nez. La fédération appelle donc à la «prudence» pour cette espèce. «Les sociétés ne sont pas obligées d’aller au bout du plan de gestion.» Seul point positif, les lièvres analysés ne sont pas porteurs de la tularémie.