Événement
Le mouton dans tous ses états à la Foire de Poix
Comme chaque année au début du mois d’avril, la ville de Poix-de-Picardie accueille sa traditionnelle foire de printemps. Rendez-vous ce dimanche, dès 9h, place de la République, avec un monde agricole au cœur de la fête.
Comme chaque année au début du mois d’avril, la ville de Poix-de-Picardie accueille sa traditionnelle foire de printemps. Rendez-vous ce dimanche, dès 9h, place de la République, avec un monde agricole au cœur de la fête.
Milieu de semaine, alors que la traditionnelle Foire de printemps de Poix-de-Picardie arrivait à grands pas – c’est ce dimanche 7 avril –, le téléphone d’Hervé Bréart n’en finissait pas de sonner. Il faut dire que le rôle de l’association des éleveurs de la région de Poix-de-Picardie qu’il préside depuis trois ans est central dans l’organisation d’une foire organisée depuis plusieurs décennies ; et ce, malgré quelques tempêtes telles que la fièvre catarrhale ovine (FCO) ou la pandémie de covid-19. Aujourd’hui, tout cela est bien derrière eux. «Si les gens viennent à Poix, c’est pour la bonne ambiance et pour voir de beaux animaux», estime Hervé Bréart. Éleveur bovin et ovin, il exploite une ferme d’environ 120 hectares à Fourcigny. S’il a accepté d’assumer la présidence de l’association à la suite d’Antoine Decoster, «c’est parce qu’on a des choses à faire valoir et on va profiter de la foire pour le dire.»
Neuf races ovines représentées
Pour Hervé Bréart, la première chose à rappeler lors d’un événement comme la Foire de Poix, «c’est que nous sommes un territoire où il y a encore pas mal d’éleveurs». De bovins certes, laitiers ou allaitants, mais aussi de moutons. Ce n’est donc pas un hasard si le concours de la race blonde d’Aquitaine, qui a lieu tous les deux ans, est remplacé par un concours d’agneaux de boucherie. «Ce sera une grande première avec autant de participants», se réjouit-il. L’an dernier, une «simple» présentation de races avait déjà attiré du monde. Cette année, à l’occasion d’un concours, neuf lots d’agneaux - chacun en compte trois, soit vingt-sept animaux - seront soumis à l’œil de deux juges sur le ring central installé place de la République.
À quelques encablures du ring, neuf races ovines seront également présentées : boulonnais, rouge de l’ouest, bleu du Maine, suffolk, skud, black face, lourdaise, Île de France et charolais. S’il est lui-même éleveur de rouge de l’ouest, Hervé Bréart veille à ne pas laisser les autres races de côté, et à ne pas en oublier… Au total, pas moins d’une centaine d’ovins seront présents. Des démonstrations de chien de troupeau s’intercaleront entre les présentations et les appréciations. L’après-midi (15h) et bien qu’il n’y ait pas de concours, plusieurs races bovines seront présentées. «On veut vraiment que chacun s’y retrouve», commente le président de l’association des éleveurs. «On aura des blondes d’Aquitaine, des holstein, une normande, mais aussi des montbéliardes, des jersiaises et des blanc bleu.» «Avec tout cela, on devrait occuper le ring toute la journée…», imagine M. Bréart. Côté «petits animaux», une douzaine d’éleveurs de volailles sont aussi attendus, mais aussi des éleveurs de chevaux.
Animations, expositions et dégustations
Parce qu’une foire agricole sans espace de convivialité ne sera pas complète, c’est aux Jeunes agriculteurs du canton que revient la responsabilité d’assurer la restauration. «Qu’avec des produits locaux», assure Hervé Bréart. Exposition de matériels anciens et modernes compléteront le programme. Dans quel état d’esprit ? «Ce que l’on veut, c’est donner l’occasion de se rassembler, mais aussi de communiquer envers le grand public sur notre métier.» «Ensuite, on cherche à mettre en avant l’élevage de notre territoire et faire vivre notre canton.» Pas très loin des stands réservés aux animaux, FDSEA de la Somme, Crédit agricole Brie Picardie et autres partenaires seront présents pour accueillir et renseigner également les visiteurs. Et comme s’il s’agit de mettre en avant les productions locales, il se dit que l’on pourrait déguster de la viande d’agneau sur l’un de ces stands aux alentours de la pause méridienne.
Le renouveau de l’abattoir de Forges-les-Eaux vu d’un bon œil
Alors que la société qui exploitait l’abattoir de Forges-les-Eaux (76) a été liquidée à la fin du printemps 2023, la reprise des installations par une société baptisée Hmarket est «une bonne nouvelle» pour le président de l’association des éleveurs du canton de Poix. «Entre Poix et Forges-les-Eaux, il y a une quarantaine de kilomètres. Pour nous, c’est bien plus près que les autres abattoirs avec lesquels nous travaillons», constate Hervé Bréart. Si aucune relation commerciale n’existe pour le moment avec le nouvel exploitant de l’outil normand, l’éleveur de Fourcigny n’exclut rien pour l’avenir : «Pour nous, aujourd’hui, c’est soit Vitré (Ille-et-Vilaine), soit Fruges (Pas-de-Calais). Il n’est pas question d’abandonner l’un ou l’autre parce qu’on y est bien, mais s’il est possible de travailler avec Forges, il faut le faire.» Hervé Bréart cite notamment le déficit de viande ovine française sur le marché national. «Quand on sait que moins d’un gigot sur deux vendu dans les boucheries françaises est d’origine française, ça fait mal…», regrette l’éleveur, pas tendre envers l’élevage néo-zélandais avec lequel il est en concurrence. Et de citer tout un tas de différences entre deux modes d’élevage qui s’affrontent : taille des élevages, cahier des charges et même méthode de conservation de la viande. En mettant l’accent ce dimanche sur l’agneau local, le président de l’association des éleveurs du canton de Poix espère attirer les projecteurs sur le locavorisme, et peut-être aussi séduire de nouveaux acheteurs.