Parole d'expert - Chambre d'agriculture de la Somme
Le PCAE, une opportunité à saisir pour moderniser son élevage
Au Gaec Merlot-Roussel, la modernisation des bâtiments d’élevage amorcée en 2015 se poursuit grâce au PCAE. Visite guidée de ces installations innovantes au service du bien-être animal.
Au Gaec Merlot-Roussel, la modernisation des bâtiments d’élevage amorcée en 2015 se poursuit grâce au PCAE. Visite guidée de ces installations innovantes au service du bien-être animal.
C’est en 2015 que Nicolas Correur, expert en bâtiments d’élevage à la Chambre d’agriculture, rencontre Alexis Merlot et Antoine Roussel. Fraîchement diplômés, ils viennent d’intégrer le Gaec familial avec des idées plein la tête. Pour développer l’élevage à la hauteur des ambitions des deux jeunes agriculteurs, il faut bâtir. L’outil de production laitière est alors repensé dans un souci d’efficacité et de rentabilité, mais aussi avec une sensibilité toute particulière au confort des animaux. Le bâtiment des vaches sort de terre la même année à Villers-sur-Authie.
Gérer la température
«Les rideaux amovibles restent abaissés une majeure partie de l’année», témoigne aujourd’hui Alexis Merlot. Un pilotage automatique a été installé avec une mini-station météorologique, équipée de sondes de température intérieure et extérieure, et sur chaque face, un anémomètre et un capteur de pluie. Ainsi les rideaux se ferment progressivement et de manière indépendante, en cas de froid intense et/ou en cas de pluie associée à des vents forts. Pour mieux appréhender la façon dont la vache perçoit la température, il faut intégrer deux points essentiels.
Le premier point concerne les conditions de thermo neutralité de la vache qui se situent entre 2 et 15°C. On parlera de stress thermique en dehors de cette plage, avec une meilleure adaptation au froid qu’à la chaleur. En second lieu, une hygrométrie importante viendra accentuer le ressenti de l’animal, d’où l’intérêt de faire la chasse à l’eau. Cependant, «il ne faut pas faire une confiance aveugle aux réglages d’usine», précisent les éleveurs. En effet, un test au fumigène par une belle journée d’hiver, quelques temps après la mise en service du bâtiment, n’avait pas donné du tout satisfaction quant au renouvellement d’air. «Désormais, c’est résolu, mais il reste à solutionner cet effet de four les jours de canicule», constatent-ils.
Lors de la construction du bâtiment, il avait été évoqué l’hypothèse de réaliser une toiture en panneaux sandwich isolant. Le surcoût était alors d’environ
15 E/m² de bâtiment. Cette hypothèse avait donc été écartée car ce projet s’inscrivait dans un projet global d’installation déjà assez lourd. «Avec la certitude d’obtenir les subventions à l’époque, on l’aurait fait», dit avec une pointe de regret Alexis. La modernisation de l’atelier laitier a été initiée en 2015 avant le lancement du PCAE, les modalités de financement de ce programme étaient alors inconnues.
Un projet de ventilation mécanique
Le Gaec Merlot-Roussel a aujourd’hui pour projet de donner un petit coup de pouce à la ventilation naturelle, par l’installation d’une ventilation mécanique. Mais l’intérêt de ce type de dispositif est surtout d’homogénéiser la qualité du volume d’air. On parle d’ailleurs de brasseurs d’air, capables aussi de créer des vitesses d’air directement sur les bovins pour faire diminuer la température ressentie.
Homogénéiser, c’est faire disparaître les zones de confort où les bêtes peuvent s’agglutiner et éliminer les zones d’inconfort totalement boudées. Cet investissement fera l’objet d’une demande d’aide PCAE cette année, dont les dossiers sont à déposer entre le 15 février et le 30 avril.
Cette construction a une autre particularité en lien avec la réduction du pâturage et donc la présence de vaches toute l’année à l’étable. Il s’agit de la zone d’alimentation, ainsi que du couloir de circulation entre les rangées de logettes. Ils sont assimilables à un système «caillebotis» avec la fosse en dessous, mais ils sont recouverts d’éléments en béton préfabriqués «pleins» et rainurés.
Ces zones sont donc raclées automatiquement plusieurs fois par jour et les déjections rejoignent la fosse depuis le bout du bâtiment. L’ambiance au sein de l’unité s’en ressent avec une diminution des odeurs d’ammoniac et de lisier, surtout pendant les périodes chaudes et peu ventées.
Dans la même optique d’amélioration des conditions estivales, la pose d’éléments translucides en toiture a été volontairement limitée à un bandeau lumineux en zone centrale pour limiter le rayonnement et l’effet de serre sous la toiture. Les matériaux utilisés sont des plaques de PVC polycarbonate à double peau. Cette double épaisseur couplée à un traitement anti-UV lui confère des propriétés isolantes et surtout une légère opacité qui interdit tout rayonnement au niveau de la table d’alimentation. En contrepartie, c’est un peu plus sombre à l’intérieur mais comme les rideaux sont souvent ouverts, ça ne pose pas de grosses difficultés.
Les derniers étés nous font bien comprendre la réalité du réchauffement climatique. Le bien-être animal répond aujourd’hui à une attente sociétale, mais surtout un animal en parfaite santé encaissera de manière plus aisée les périodes de conditions extrêmes. Certains diront : donnez du confort à vos animaux, ils vous le rendront.