Le porc, viande préférée des français, mais des enjeux de taille
Les Français raffolent de viande de porc et de charcuterie. Mais entre le déclin du cheptel, la concurrence étrangère et les attentes sociétales, la filière doit relever de nombreux défis pour assurer sa pérennité.
Les Français raffolent de viande de porc et de charcuterie. Mais entre le déclin du cheptel, la concurrence étrangère et les attentes sociétales, la filière doit relever de nombreux défis pour assurer sa pérennité.
33 kg : c’est la consommation moyenne de porc par Français chaque année, environ un quart sous forme de viande et trois quarts sous forme de charcuterie. Ce chiffre fait du porc la viande préférée des Français. Bonne nouvelle pour les plus de 100 000 professionnels qui constituent la filière porcine, dont 14 000 élevages. La Bretagne occupe le premier rang, avec 5 300 exploitations porcines en 2018 et un cheptel estimé à 7,6 millions de têtes en 2019. Avec une moyenne de 190 truies, soit près de 4 700 porcs produits par an, la taille des élevages de porcs français est l’une des plus faibles d’Europe. En France, en moyenne 2,3 personnes travaillent dans un élevage de porcs.
Les éleveurs sont souvent séduits par le cycle de cet animal monogastrique, presque réglé comme une horloge, et qui facilite donc l’organisation. La portée de porcelets est allaitée par la truie entre vingt et trente jours. Après le sevrage, les porcelets sont élevés en groupe d’âge homogène (bandes). Après une phase de post-sevrage d’environ un mois, l’engraissement proprement dit dure environ quatre mois jusqu’au départ à l’abattoir. À chaque phase de croissance de l’animal correspond une alimentation adaptée.
Mais en dix-sept ans, «le nombre d’exploitations porcines spécialisées a baissé de 26 %», assure Agreste, l’outil de statistique du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Il faut dire que la filière a subi plusieurs crises, dont la dernière en 2018. Depuis deux ans, la filière amont a connu une vraie respiration liée à l’explosion de la demande de la Chine, après que son cheptel ait été décimé par l’épidémie de peste porcine africaine (PPA). «Au marché du porc breton, le prix du porc progresse toute l’année 2019 avec, à deux reprises, un maximum jamais atteint de 1,7 €/kg entre fin septembre et début décembre», précise Agreste. Mais aujourd’hui, la filière peine encore à sortir de la spirale des prix bas et du coût de l’aliment élevé.
Le bien-être animal en question
Selon FranceAgriMer, elle doit aussi faire face à des enjeux économiques et sociaux. La relance de la production nationale, la compétitivité du secteur à tous les maillons de la filière, l’équilibre de la balance commerciale en valeur et un meilleur équilibre des prix et de la rentabilité sont des défis à relever. Des enjeux environnementaux et sociétaux prennent aussi de plus en plus d’importance : maîtrise des impacts environnementaux, respect du bien-être et de la protection animale, acceptabilité de la production et des élevages…
Deux récents événements prouvent à nouveau l’importance des attentes sociétales. Sur le plan sanitaire, l’Assemblée nationale a adopté un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) le 15 octobre 2019, visant à instaurer une contribution sur les additifs nitrés en charcuterie. Très utilisés dans les viandes transformées (jambons crus et cuits, saucissons...), les sels nitrités sont accusés d’être responsables de certains types de cancers. Dernièrement, c’est le bien-être animal qui était pointé du doigt, avec l’interdiction de la castration à vif des porcelets à compter du 1er janvier 2022.
Pour répondre à ces attentes, les modes d’élevage évoluent progressivement. 95 % des porcs sont élevés en bâtiment sur caillebotis. Leur bien-être dans ce système d’élevage évolue. Par exemple, certains éleveurs insèrent un module de plancher à la place d’un caillebotis pour favoriser le comportement de grattage et de fouissage. L’engraissement sur paille ou le plein air se développent aussi de plus en plus. Ces nouvelles pratiques sont boostées par des démarches locales. En Hauts-de-France, par exemple, le Porc d’Antan propose depuis 2002 des porcs nés, élevés sur paille et abattus en région, nourris avec un minimum de 75 % de céréales et des graines de lin. Plus de cent boucheries de la région sont partenaires.
À la clé : des consommateurs satisfaits et une juste rémunération pour les éleveurs.