Le rémouleur samarien redonne le tranchant aux lames du quotidien
Renaud Sorel, alias le Rémouleur samarien, fait sortir le métier de rémouleur de l’oubli. Avec son camion tout équipé, l’affûteur itinérant sillonne le département pour redonner vie aux outils tranchants si utiles.
Renaud Sorel, alias le Rémouleur samarien, fait sortir le métier de rémouleur de l’oubli. Avec son camion tout équipé, l’affûteur itinérant sillonne le département pour redonner vie aux outils tranchants si utiles.
Depuis qu’il est gamin, Renaud Sorel a toujours un couteau dans la poche. «Je ne sais pas comment expliquer cette passion. Quand je partais en voyage scolaire, ou pour la fête des mères et des pères, j’offrais toujours un couteau à mes parents», rit-il. Il a désormais fait de l’amour des lames son métier. Depuis janvier 2021, l’ex-cadre commercial a donné un nouveau sens à sa vie grâce à une reconversion atypique : affûteur-rémouleur. «J’ai toujours voulu travailler avec mes mains. Alors en 2020, j’ai réalisé une formation de trois semaines dans le Gers, auprès de la seule école française, et je me suis installé en tant qu’affûteur itinérant à mon compte.»
Depuis janvier 2021, il sillonne donc le département à bord de son camion tout équipé d’affûteuses, tourets, perceuse à colonne et autres matériels qui permettent de redonner le tranchant des outils abîmés. Il se rend sur les marchés (Roye, Ailly-sur-Noye, Conty, Molliens-Dreuil, Croixrault…) et chez les particuliers. Cette liberté a un prix. «Je n’en vis pas pleinement. Mais il faut que ce métier entre à nouveau dans les mœurs. Les gens ont perdu l’habitude de faire entretenir leur matériel.» De plus en plus de professionnels lui font confiance : bouchers-charcutiers, restaurateurs, coiffeurs…
Ces lames, qu’elles soient en acier ou en céramique, s’émoussent et perdre leur tranchant. Un bon affûtage leur fait retrouver leur jeunesse. «Sans matériel adéquat, et sans savoir-faire, ça peut causer une usure prématurée des lames», prévient le rémouleur. D’où l’intérêt de passer par un professionnel. Son geste est sûr. Il crée d’abord le fil, en respectant un angle d’affûtage bien précis. «Il faut ensuite supprimer le morfil, ces petites limailles qui restent sur le tranchant d’un couteau après le passage sur la pierre, à l’aide d’un feutre coton.»
Quoi de plus agréable qu’un couteau qui coupe vraiment pour découper une pièce de viande ? Ou qu’un sécateur qui sectionne une branche sans effort ? Ou que des ciseaux à couture qui glissent sur le tissu ? «Je peux affûter tout ce qui coupe : ustensiles de cuisine, de jardinage… Ça demande une certaine capacité d’adaptation. Chaque pièce a sa spécificité», assure Renaud. Les lames d’une presse à ballots ont par exemple retrouvé leur tranchant après être passées dans ses mains. Un boulanger a encore fait appel à lui pour sa lame de trancheuse à pain. «Parfois, je passe un peu de temps à réfléchir à la manière dont je vais la prendre», sourit-il.
Ce samedi matin, au marché de Molliens-Dreuil, quelques premiers clients déjà fidèles étaient heureux de le retrouver.
Bruno Longue Épée, agriculteur à Fricamps, était venu remercier Renaud pour son travail d’affûtage de son soleil à bois. «Ça fait un moment que je me dis qu’il faut que je le fasse faire, mais je ne trouvais personne. La venue de Renaud au marché était l’occasion.» Lui se sert de cet outil pour fendre le bois qui lui sert de chauffage tout l’hiver. «Et y’a rien à faire, il faut le faire entretenir. On passe parfois des clous et des bouts de métal dedans qui l’abîment.» Une heure de travail aura été nécessaire pour rendre le coupant à la scie circulaire. «J’ai vu la différence. Le débit est beaucoup plus important.» Rendez-vous est pris pour la fin de saison.
Du rémoulage à la coutellerie ?
Les particuliers repartent en prime avec des conseils pour l’entretien régulier des couteaux au fusil d’aiguisage. «C’est un métier de conseils et de services.» Les échanges avec ses clients poussent aussi Renaud Sorel à aller plus loin dans le monde des couteaux. «J’espère un jour pouvoir fabriquer mes propres couteaux. Je sens qu’il y a de la demande.» Le rémouleur sera peut-être aussi un jour le coutelier samarien.
Retrouvez le planning des déplacements sur le-remouleur-samarien.fr et sur sa page facebook.
Le saviez-vous ?
Pour aiguiser une lame, il existe deux méthodes, celle de l’affûtage et celle du rémoulage. Les deux techniques se différencient par le sens dans lequel la lame est apposée à la meule. Pour l’affûtage, la meule attaque le taillant et fini par le fil, le couteau est apposé à un angle de 35°. En ce qui concerne le rémoulage, la meule attaque le fil en face. Le taillant du couteau a une plus grande résistance en rémoulage qu’en affûtage, donc une longévité de coupe accrue. Cependant, cela améliorant le tranchant, la lame peut être plus coupante que nécessaire. D’où la nécessité de varier les techniques selon les outils et les besoins de la personne qui a recours au service d’affûtage rémoulage.