Jardin
Le sureau s’enracine pour deux jours à la citadelle de Doullens
L’une des premières fêtes des plantes créées en France se déroule chaque année à Doullens. L’édition 2022, qui sera la trente-cinquième les samedi 28 et dimanche 29 mai, sera consacrée au «suzerain des ruines», plus connu sous le nom de sureau.
L’une des premières fêtes des plantes créées en France se déroule chaque année à Doullens. L’édition 2022, qui sera la trente-cinquième les samedi 28 et dimanche 29 mai, sera consacrée au «suzerain des ruines», plus connu sous le nom de sureau.
Dans le cadre de la Citadelle de Doullens (XVIe siècle), un des joyaux architecturaux des Hauts-de-France situé entre Amiens et Arras, l’édition annuelle des Journées doullennaises des jardins d’agrément mettra à l’honneur le sureau, un arbuste méconnu bien que populaire et plein d’attraits. Outre la présence d’une soixantaine de pépiniéristes producteurs et d’associations comme le Conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS), une conférence exceptionnelle sera proposée le dimanche matin par Marc-André Selosse. Professeur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, spécialiste des liens entre les champignons du sol et les racines des plantes, il partagera ses travaux à l’occasion de la parution de son livre L’Origine du Monde (Actes Sud).
Le «suzerain des ruines» : un arbuste plein d’atouts
Autre temps fort de ce week-end, une exposition évoquant la culture… du sureau, son utilisation au jardin (haie, bosquet), et tous les bénéfices dont le jardinier et les gourmands peuvent tirer. Le sureau noir (Sambucus nigra L.) ou «suzerain des ruines» que l’on appelle aussi le protecteur du foyer, l’arbre-médecine, le pharmacien de la maison, le prince des décombres, l’arbre aux fées ou la vanille du pauvre, est un arbuste plein de bienfaits et d’atouts. Jean-Claude Marzec qui préside avec son association à l’organisation de la fête des plantes, le met à l’honneur en présentant, une trentaine d’espèces et de cultivars. On pourra y découvrir notamment ‘Gincho Purple’, aux ombelles roses, avec un feuillage pourpre ; ‘Madona’, aux ombelles blanches accompagnant le feuillage panaché où se mêlent le doré et le vert ; ‘Black Beauty’ arbore des ombelles rose vif se détachant sur un superbe feuillage presque noir.
Le sureau en quelques mots
Le sureau (Sambucus nigra L.) est un arbuste à la pousse rapide (jusqu’à 8 m). Il apprécie une bonne terre ordinaire, pas trop sèche, même calcaire ainsi que le soleil comme l’ombre douce. Ses ombelles ainsi que ses fruits en font un arbuste fort décoratif. Ses odeurs délicates, la diversité de son feuillage, ses propriétés médicinales, tinctoriales et culinaires en font une «plante compagne» comme la désigne Pierre Lieutaghi dans l’un de ses livres. Ses fleurs puis ses fructifications automnales sont généreuses et, après transformation, font le plaisir de toute la famille (gelées, confitures, vinaigres, moutardes, apéritifs, jus de fruits, infusions). Cet arbuste offre aussi, gîte et couvert aux oiseaux, abeilles, papillons et autres insectes.
Pour l’ex-pépiniériste Noémie Vialard, auteur de plus de 80 livres sur la nature, le jardin et «chroniqueuse-croqueuse» pour la presse, «les feuilles fournissent un purin aux nombreux pouvoirs, comme fongicide et répulsif pour les nuisibles. C’est un arbre indispensable pour la biodiversité». Dans Balades gourmandes (Delachaux et Niestlé), elle invite à déguster fleurs et baies du sureau. «À cueillir dès qu’elles s’épanouissent, les inflorescences, aux délicieuses senteurs de miel et de citron, parfument agréablement boissons ou desserts. Par exemple, elles adoucissent les confitures et les compotes de rhubarbe. Faites-en des sirops, du ‘champagne’ grâce à la fermentation, du vinaigre, des infusions pour assaisonner des plats salés ou sucrés. Elles servent aussi à aromatiser la bière.» Quant aux baies, il est recommandé de «les cueillir dès qu’elles sont bien mûres – sinon elles sont amères et laxatives – et avant que les oiseaux ne les dévorent. On peut ensuite les transformer en confiture ou en gelée, seules, ou mélangées aux coings, aux pommes... Grâce à la qualité de leur pectine naturelle, coings et pommes aident les confitures ‘à prendre’.» Apprendre à connaître et à déguster le sureau, c’est donc ce week-end à Doullens. Mais aussi plein d’autres choses à découvrir grâce à la présence de nombreux exposants.
Infos pratiques : Journées doullennaises des jardins d’agrément, samedi 28 et dimanche 29 mai, à la Citadelle de Doullens, Côte d’Amiens, à Doullens ; de 9h30 à 19h. Entrée : 6 € - Pass 2 jours : 8 €. Gratuit pour les moins de 15 ans