Chasse et forêt
Les agriculteurs de la Somme demandent plus de moyens contre le sanglier
La gestion du sanglier s’est invitée au débat lors de la dernière session de la Chambre départementale d’agriculture de la Somme. La profession agricole veut une pression de chasse plus forte sur l’espèce.
La gestion du sanglier s’est invitée au débat lors de la dernière session de la Chambre départementale d’agriculture de la Somme. La profession agricole veut une pression de chasse plus forte sur l’espèce.
Après une série de battues automnales qui n’auraient pas donné les «résultats» escomptés, des questions se sont posées en ce qui concerne la chasse lors de la dernière session de la Chambre départementale de la Somme, le 23 novembre, à Amiens : sangliers plus aguerris ou chasseurs maladroits ? Toujours est-il que la profession agricole est déçue du manque d’efficacité des opérations de régulation du suidé dans le département et elle le fait savoir. Président de la section «dégâts aux cultures» de la FDSEA, Denis Delattre a ainsi fait part de son inquiétude aux membres de la Chambre départementale d’agriculture, parmi lesquels siègent le président de la fédération des chasseurs de la Somme, Yves Butel : «Il y a une grosse inquiétude sur le développement du sanglier dans notre département. La chasse est ouverte que depuis peu de temps – l’ouverture générale a eu lieu le 19 septembre –, mais nous trouvons que les prélèvements ne sont pas à la hauteur. J’espère franchement que le tir va être rectifié parce que je suis inquiet de l’importance des dégâts. La fédération fait son travail correctement, j’en suis sûr, mais il faut faire plus…», a dit M. Delattre. Faire «plus», en parallèle à la mise en œuvre de moyens de prévention, c’est augmenter la pression de chasse sur certains territoires et s’assurer que des animaux soient tués en nombre suffisant pour éviter les phénomènes de concentration.
Sangliers retors
En tant que représentant des chasseurs du département, Yves Butel le reconnait : «Nous sommes déçus cette année par les prélèvements du début de saison.» La raison ? Des territoires difficiles à chasser, où les sangliers ont pris leurs marques : «On n’arrive pas à faire sortir les sangliers des traques dans lesquelles ils se trouvent, constate M. Butel. Ils tournent en rond…» Et font rendre chèvre les chasseurs et leurs chiens. En zone de plaine, les choses ne seraient pas plus faciles, toujours à en croire M. Butel : «La plaine est recouverte de moutarde, de miscanthus, de maïs et cela m’inquiète. Quand une compagnie de sangliers élit domicile dans une parcelle de moutarde de 15 ha, elle y est plus tranquille que dans un bois de la même surface.». À mesure que la saison avance, que les plaines sont récoltées et que la végétation se fait moins dense, le président des chasseurs espère que les prélèvements vont augmenter : «D’ici la fin de l’année, j’espère que ça ira mieux…». Et Yves Butel de rappeler que la fédération des chasseurs autorise chaque année des prélèvements plus importants de sangliers dans le cadre de plans de chasse.
Dégâts et autres risques
Chaque saison, un peu plus de 4 000 sangliers sont tués dans la Somme. «On est toujours sur le fil du rasoir, poursuit M. Butel. Il est hors de question de laisser les populations de sangliers exploser au nom des bonnes relations que l’on entretient avec le monde agricole et de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique.» Malgré cela, reconnaît-il, «il reste des points noirs dans le département». Pour Guillaume, président des Jeunes agriculteurs, «l’un des problèmes, ce sont les zones pas ou peu chassées. On connait des territoires où les sangliers sont tranquilles et personne ne dit rien parce que ces territoires appartiennent à des personnes qui ont le bras long !», s’étonne le jeune agriculteur. Président de la FDSEA 80, Denis Bully souligne, pour sa part, les risques «autres» liés à la prolifération du sanglier : collisions sur les routes, transmission de maladies aux animaux d’élevage, pollution génétique… Et M. Bully de conclure : «Quand le sujet, c’est la régulation d’un nuisible, il faut y mettre les moyens.»