«Les années sont difficiles mais la viande tient bon»
Malgré une météo compliquée et des cours en berne, les marges des éleveurs bovin viande sont stables dans les Hauts-de-France en 2019.
À chaque début d’année, le réseau Inosys bovin viande qui regroupe l’Institut de l’élevage et les conseillers des chambres d’agriculture analyse la dernière année au travers de sa note de conjoncture. Le printemps 2019 a été plutôt clément. Les animaux étaient sortis tôt en pâture et les premières récoltes d’herbe ont été plus que correctes en quantité et en qualité. L’été chaud et sec a compliqué les conduites des prairies qui se sont vite transformées en «paillasson» dans certains secteurs. Néanmoins, les animaux sont rentrés en état, ce qui n’a pas augmenté les coûts alimentaires de façon significative.
Attention aux charges
Les systèmes herbagers ont des charges alimentaires qui augmentent de 6 % alors que celles des systèmes en polyculture baissent de - 5 %. Les correcteurs sont restés bas alors que les coproduits comme les pulpes sèches et les corn gluten/wheat feed ont eu tendance à prendre de 5 à 10 €/t. Les engrais sont repartis à la hausse (environ + 5 %) après quatre années de baisse. Les frais d’élevage (vétérinaires, reproductions, divers…) ont eux augmentés de + 3 %. L’herbe reste le fourrage le plus économique, mais attention aux surconsommations de concentrés et de pulpes sèches dans ces systèmes. Un bilan fourrager et un calcul des rations permettent de faire rapidement des économies.
Un produit animal stable mais faible
Le produit viande évolue de 1 % en système naisseur et naisseur engraisseur. La segmentation croissante du marché de la viande n’offre que des prix de ventes en dessous des attentes des éleveurs pour les femelles. La Charolaise R = se valorise autour de 3,55-3,60 €/kg carcasse ; la Blonde d’Aquitaine à 4,3 €/kg carcasse et la limousine à 4 €/kg carcasse, toutes conformations confondus d’après l’analyse des tableaux de bords bovin viande.
Les mâles sont aujourd’hui mieux valorisés. Le prix des taurillons est en moyenne de 3,75 €/kg carcasse (+ 5 cts), mais ils avoisinent depuis quelques années les 4 €/kg carcasse en début et fin d’année. Les broutards restent en majorités vendus à la pièce et non au poids comme dans d’autres régions. Les mâles de 320 kg vif partent à 2,81 €/kg vif soit environ 900 €.
Et la contractualisation ?
Pour augmenter les prix de ventes et se positionner sur un marché spécifique, les négociants et coopératives proposent aux éleveurs de nombreuses filières, label ou contrat. Les plus-values peuvent aller de 10 cts à plus de 50 cts/kg carcasse. C’est un plus non négligeable aujourd’hui et qui va dans le sens de la loi Egalim et de la contractualisation voulue par la filière. Attention cependant à rester cohérent vis-à-vis de son système en place, car les changements et les contraintes supplémentaires ne sont pas toujours rentables.
Une marge stable
La marge brute animale en système naisseur-herbager est de 510 €/UGB contre 427 €/UGB en polyculture. Le chargement étant plus faible dans le premier (1,5 contre 2,2 UGB/ha), la marge par ha SFP est de seulement 761 € contre 958 €. Engraisser les mâles permet d’améliorer la marge de l’atelier que ce soit par UGB ou par ha SFP. La marge brute ne prend pas en compte par définition les charges de structure et le temps de travail qui peut être important. Cependant, elle reste proche, voire supérieure à la marge culture (céréales, betteraves sucrières, colza). Il est possible de bien valoriser ses prairies si on travaille correctement. La variabilité des marges entre ateliers est importante, de 150 à 200 €/UGB selon les systèmes, d’après la centaine d’analyses technico-économiques (GTEV) réalisée au niveau Hauts-de-France.
Dans la Somme, l’effectif de vaches allaitantes reste stable
À partir des données du service identification chaque année, un point précis est réalisé sur les évolutions du cheptel départemental.
- 1,29 % : Une perte modeste de cheptel, soit 2 500 animaux pour un total de 195 500 bovins. En revanche, c’est la baisse continue qui est inquiétante, puisque nous avons perdu depuis dix ans, 8 % du cheptel Samarien contre 3,7 % en région Hauts-de-France.
- 2,1 % : c’est 1 094 vaches laitières en moins sur un total de 50 331 fin 2019. Sur dix ans, c’est 12 % de baisse sur la Somme contre 3 % en Hauts-de-France.
= l’effectif de vaches allaitantes reste stable avec 25 000 femelles, et l’on retrouve cette stabilité depuis dix ans sur la Somme comme en région, même si des petites variations existent sur cette période.
+ 1,7 %, c’est l’augmentation du nombre de mâles (lait + viande) sur notre département. Mais le nombre de bovins laitiers régresse de 4,5 %, alors que les mâles de type viande augmentent de 5,5 %. Au total, 35 282 mâles dont 22 696 mâles viande.
- 3,34 %, c’est la diminution du nombre d’éleveurs sur ces douze derniers mois contre - 2,5 % en région. Sur dix ans, nous avons perdu 31 % des éleveurs et en Hauts-de-France 26 %. En dix ans, le nombre d’animaux détenu par les éleveurs a augmenté de 32 %.
73 vaches laitières par élevage sur 722 troupeaux de plus de 5 vaches dont 136 élevages à plus de 100 vaches.
34 vaches allaitantes par élevage sur 670 troupeaux de plus de 5 vaches dont 25 élevages de plus de 100 vaches.
37 % de charolaises ; 41 % de blondes ; 7 % de limousines ; 6 % de salers ; 4 % de croisées.
Daniel Platel (CA80)