Chasse
Les chasseurs appelés à «ne pas avoir peur» de ce qu’ils sont
C’est au palais des congrès de Beaune, en Côte d’or que s’est tenu milieu de semaine dernière le congrès de la Fédération nationale des chasseurs (FNC). Un rassemblement destiné à galvaniser les troupes alors que les menaces sur la pratique de la chasse restent pressantes.
C’est au palais des congrès de Beaune, en Côte d’or que s’est tenu milieu de semaine dernière le congrès de la Fédération nationale des chasseurs (FNC). Un rassemblement destiné à galvaniser les troupes alors que les menaces sur la pratique de la chasse restent pressantes.
Alors qu’une nouvelle proposition de loi pour l’interdiction de la chasse le dimanche devait être prochainement débattue à l’Assemblée Nationale - elle n'a finalement pas passé le barrage de la Commission du développement durable le 29 mars -, le président des chasseurs de France, Willy Schraen a rappelé haut et fort combien la chasse a sa place dans le paysage. Plus de 450 personnes ont suivi le 23 mars dernier son discours d’ouverture du congrès de la FNC, auxquelles il fallait ajouter les participants «en présentiel» dans le palais des congrès de Beaune (21).
Entre enjeux cynégétiques et politiques, Willy Schraen a expliqué pendant près d’une heure en quoi la chasse «s’inscrit bien dans le patrimoine rural», et s’apparente «à un mode de vie». Mais il a aussi évoqué sans détour les menaces qui pèse sur cette pratique et sa manière de faire pour la défendre.
La chasse, outil de régulation d’espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ? Pour le patron de la chasse française, trop réducteur, même s’il salue la conclusion récente d’un accord avec la profession agricole visant à réduire les surfaces endommagées par la faune sauvage, avec le soutien de l’État : «À tous ceux qui veulent réduire la chasse à un rôle de régulation, je dis non. Nous ne voulons pas être une milice armée chargée de faire de la régulation. La chasse, ce n’est pas mon métier, mais mon loisir.» Et d’appeler les chasseurs à retrouver fierté et dignité : «N’ayons pas peur d’être ce que nous sommes. La chasse est une activité légale. Ce n’est pas une maladie honteuse.»
Appel au dialogue
Alors que la saison 2022-2023 s’est trouvée marquée par un emballement médiatique sur l’accidentologie liée à la chasse, Willy Schraen est revenu sur les efforts menés par les chasseurs depuis de nombreuses années pour rendre la pratique plus sûre. Même s’il salue les travaux menés avec l’État pour aboutir à un certain nombre de propositions, le président de la FNC a souligné «ne pas avoir attendu les politiques pour se saisir du dossier. Si le nombre d’accidents a été divisé par quatre en vingt ans, c’est grâce au travail réalisé par les fédérations départementales des chasseurs.»
En ce qui concerne le partage des espaces naturels, Willy Schraen préfère croire «au bon sens et au dialogue» plutôt qu’une cartographie de lieux où l’on pourrait aller sans croiser un chasseur. «On peut continuer à vivre ensemble, comme on le fait depuis des décennies…» a-t-il dit, pourfendant ses détracteurs qui appellent par exemple à sanctuariser une journée hebdomadaire sans chasse. Si une loi comme celle qui devait être débattue le 6 avril à l’Assemblée nationale venait à être adoptée, «finie la chasse populaire», a souligné M. Schraen. Et ce n’est pas le soutien du chef de l’État à la chasse et aux chasseurs qui y changerait quelque chose…
Réflexion autour d’un engagement européen
En l’absence d’échéances électorales nationales proches, ce sont vers les élections européennes (2024) que l’attention du président des chasseurs de France se porte actuellement. Localement, c’est-à-dire dans la Somme, l’idée est partagée. Lors d’une rencontre avec le monde professionnel agricole mi-mars, le président de la Fédération des chasseurs de la Somme, Yves Butel, s’est clairement exprimé «pour» : «Tant qu’on ne refera pas de liste de défense des intérêts ruraux aux élections, qu’elles soient européennes ou autres, on n’avancera pas. Il faut montrer notre force face à tout un tas d’associations qui savent le faire et qui se satisfont de faire 2-3 % quand nous, à leur place, ferions facilement entre 8 et 10 %.» Si l’idée d’une candidature aux élection européennes n’est pour le moment pas confirmée, une réflexion est «engagée».
En s’assurant d’une présence au Parlement européen, il serait alors plus facile pour les représentants de la chasse française de la défendre contre «Bruxelles» et ses fonctionnaires. L’interdiction du plomb à proximité des zones humides ou la suspension des chasses traditionnelles ? «Des prétextes pour détruire la chasse en Europe». Aujourd’hui, regrette Willy Schraen, «nous sommes tributaires du bon vouloir de quelques fonctionnaires européens qui théorisent la nature et considèrent la chasse comme l’une des principales menaces pour la biodiversité malgré toutes les preuves manifestes du contraire».
Enfin, dernier dossier évoqué, celui de la valorisation de la venaison. Encore «trop compliquée», selon le président de la FNC, il souhaite une réglementation plus souple : «C’est quand même dingue qu’il soit plus facile aujourd’hui d’acheter un morceau de sanglier qui vient d’un pays de l’Est plutôt que d’aller le chercher à la cabane de chasse du village», a-t-il fait remarquer.
«Pas le moment de baisser les bras»
À la manière d’un chef de bande, Willy Schraen a démontré – une fois encore, mais beaucoup la connaissent désormais – sa détermination : «Toute personne qui, par idéologie, bêtise ou opportunisme attaque la chasse ou la ruralité me trouvera sur son chemin», a-t-il déclaré. Et d’appeler l’ensemble de ses soutiens «à ne pas baisser les bras». «Dans un avenir pas si lointain, être chasseur, pêcheur, agriculteur, éleveur… finira par être reconnu par la société dans laquelle nous vivons.» Une reconnaissance qu’il faudra sans nul doute aller chercher.