Les éleveurs maintiennent la pression
Faute de réponses à leurs revendications, les éleveurs ont continué leurs actions contre les grandes surfaces du département.
Dans un courrier du 4 février, la Fdsea, les JA et l’Uplp avaient demandé aux responsables des grandes surfaces du département de «revaloriser les prix d’achat des produits issus de l’élevage» (voir nos précédentes éditions). Aucune réponse n’étant encore parvenue à la mi-février, les éleveurs ont décidé de poursuivre les actions. Du jeudi 21 au samedi 23 février, les «actions paillage» nocturnes ou matinales ont recommencé. Cette fois ce sont de petits groupes qui sont allés manifester leur colère un peu partout dans le département. Vingt cinq supermarchés ont été «paillés» la semaine dernière et plus de 160 éleveurs se sont mobilisés, montrant leur détermination à obtenir une hausse des prix de leurs produits.
En début de semaine, la Fdsea et les JA ont obtenu deux rendez-vous avec des directeurs de supermarchés. Ils ont par ailleurs rencontré le secrétaire général de la préfecture de la Somme (voir ci-dessous) et une réunion est prévue avec les parlementaires samedi 2 mars. Cela étant la mobilisation ne faiblit pas : dès ce samedi une nouvelle action sera menée à Amiens.
La Somme n’est pas le seul département à se mobiliser : l’Oise, le Morbihan, le Finistère, le Poitou-Charentes, le Lot, la Manche et bientôt le Nord-Pas de Calais ont aussi mené des actions du même type dans les grandes surfaces de leur département.
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Une table ronde distributeurs, transformateurs, éleveurs et consommateurs va être organisée
Dominique Dengreville et Olivier Thibaut, président et vice-président de l’Uplp, et Marc Hossart, président des JA, ont rencontré Jean-Charles Geray, le secrétaire général de la préfecture de la Somme, vendredi 22 février. François Bonnet, le directeur de la Draaf de Picardie, et Paul Gérard, le directeur de la Dddtm, étaient également présents.
«Nous sommes dans la même situation qu’en 2009, le prix du lait a certes moins baissé, mais les prix des matières premières se sont envolés», a lancé d’emblée Dominique Dengreville, insistant sur la situation délicate de l’élevage dans la Somme. «De nombreuses demandes d’arrêt sont déposées et les installations diminuent. Et pourtant nous possédons de nombreux atouts pour faire de l’élevage, et cette activité crée de la valeur ajoutée et amène des emplois».
«Il est temps de réagir !» a poursuivi Marc Hossart. «Les accords du 3 mai sur la renégociation des prix ne sont pas respectés alors que les conditions sont réunies». Les responsables syndicaux ont également fustigé le désengagement de l’Etat dans la gestion interprofessionnelle des volumes et des prix.
«Nous ne pouvons pas produire des produits de qualité, pas chers touten respectant les contraintes environnementales, ces trois critères ne sont pas compatibles», a fait observer Olivier Thibaut. «La politique des grandes surfaces est de tirer les prix vers le bas. Le prix de la baguette a été augmenté de 50% depuis les années 90 en prétextant la hausse des cours du blé alors que le blé ne représente que 5% du prix de la baguette et que les prix des produits laitiers stagnent. Aujourd’hui, les éleveurs n’arrivent pas à répercuter les prix de vente sur leurs produits, nous n’avons pas la reconnaissance de notre travail», a-t-il déploré.
Prenant acte de ces propos, Jean-Charles Geray, a accepté d’organiser une table ronde entre distributeurs, transformateurs, éleveurs et consommateurs. C’est ce qu’a demandé au niveau national la Fnpl (Fédération nationale des producteurs de lait) et c’est ce qui devrait donc se passer dans toutes les régions.