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Les Frisons véhiculent l’image de Selincourt à l’international

À Selincourt, hameau d’Hornoy-le-bourg, une équipe de passionnés a fondé un élevage de Frisons et de KWPN Tuigpaard. Ces chevaux, rares en France, brillent en concours d’attelage au plus haut niveau. Onze naissances sont prévues ce printemps. 

Le premier Frison est apparu comme par magie, devant les yeux ébahis de Phillipe Abauzit, lorsqu’il était gamin. «C’était au cirque. On était assis dans le noir, en attendant le début du spectacle. La lumière s’est allumée sur ce cheval majestueux, au centre de la piste. J’étais hypnotisé», se souvient-il. Son amour pour la race originaire de Frise, province des Pays-Bas, ne l’a jamais quitté. Il faut dire que le cheval, au modèle baroque, a de la prestance : une robe noire particulièrement brillante, une longue crinière, un port d’encolure haut et des allures de cheval ibérique. L’homme d’affaires, à la tête de sociétés dans le secteur du bâtiment, est allé au bout de son rêve. «J’ai eu une première pouliche, Anaïs du Graffard. Puis, il y a quinze ans, j’ai racheté la jumenterie d’un ami décédé, et j’ai fondé les Frisons de Selincourt.» L’élevage porte le nom de son hameau natal, à Hornoy-le-Bourg. 

Aujourd’hui, il fait rayonner Selincourt au plus haut niveau des concours d’attelage. Depuis deux ans, les poulains Frisons grandissent aux côtés des poulains KWPN Tuigpaard, une autre race de chevaux néerlandais, spécialement sélectionnés pour les concours d’attelage. «Ils ont davantage de sang que les Frisons», note-t-il. Vingt-huit Frisons sont hébergés à l’écurie, dont huit poulinières. Cette année, onze naissances sont prévues attendues : six KWPN et cinq Frisons. Le premier KWPN de l’année, Thor de Selincourt, a pointé le bout de son nez début février. Le premier Frison, Wagner de Selincourt, né il y a deux semaines, montre déjà toute sa vitalité avec ses cambrioles au paddock. 

Pour s’occuper de tout ce monde, Philippe est entouré d’une équipe de passionnés, dont sa femme Nathalie, son beau-fils Vincent Prat, son ami Patrick Devillepoix, et Marion Dezoteux. Cette dernière bichonne les chevaux de leur naissance au concours. «Je fais de l’équitation depuis que j’ai trois ans. J’ai toujours su que je voulais en faire mon métier, mais je ne connaissais pas l’attelage.» La jeune fille, étudiante en bac pro à la MFR de Songeons (60) découvre les Frisons de Selincourt «par hasard», car proche de chez elle. Elle a débuté par un stage et n’y est plus jamais partie. Désormais titulaire d’un BTS, elle occupe le poste de responsable d’écurie. «Philippe m’a aussi poussé à faire l’école d’attelage et à passer mon diplôme d’enseignante dans la discipline.» Elle bénéficie de l’encadrement d’un des meilleurs meneurs français à quatre chevaux : Sébastien Vincent, installé à Sacy-le-Grand (60). 

 

Du sport de haut niveau

La voici désormais mordue. «Ce sont des sensations incroyables.» Mais ces sensations se méritent. Mener quatre chevaux demande une vraie condition physique. «En période de concours, je fais du renforcement musculaire trois à quatre fois par semaine. Il faut entraîner les cinq chevaux (cinq sont nécessaires pour être sûr d’en avoir quatre le jour J). Le déplacement est une sacrée organisation : il faut transporter les chevaux, la voiture d’attelage, les harnais… Il faut au moins deux grooms pour nous aider. » 

Philippe suit les exploits de Marion et de ses chevaux avec fierté. «Ils sont la vitrine de l’élevage.» Lorsqu’il choisit l’étalon qui saillira ses juments, toutes «Ster» (l’élite de l’élevage), le fou de génétique n’a qu’une idée en tête : «sortir le meilleur cheval du monde !» Cette année, pour les Frisons, il a craqué pour Fryso 518, un étalon hollandais qui brille en dressage. Il espère aussi que ses KWPN, dont les premiers nés à Selincourt ont deux ans, permettront à Sébastien Vincent de briller au niveau mondial dans les prochaines années. Pour l’heure, Cesar de Selincourt Z, mâle de six ans mené par Marie-Ange Risch, s’est qualifié pour les championnats du monde. Dans le monde de l’attelage, Selincourt, quatre-vingt-seize habitants, sera peut-être un jour une capitale. 

Le bien-être des chevaux avant tout

Le secret, pour faire naître des cracks de l’attelage ? «Il faut sélectionner la meilleure génétique, et il faut savoir respecter le bien-être des chevaux», acquiesce Phillipe Abauzit. À Selincourt, les juments bénéficient d’une alimentation complète pendant leur gestation, et profitent de l’herbe des terres fertiles de cette région bocagère. Elles ne sont pas saillies chaque année. «Elles doivent être en forme pour pouvoir produire de beaux poulains, et avoir une meilleure longévité.» Les chevaux vivent en troupeau. «C’est la condition pour qu’ils soient bien dans leur tête.» Les poulains s’arrachent à la vente. «Il y a plus de demandes que d’offres. Certains réservent même leur poulain dans le ventre de la mère, avant même de savoir si c’est un mâle ou une femelle.»
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