Les gendarmes aux agriculteurs : «vous êtes nos yeux !»
La Fdsea et la Gendarmerie nationale ont organisé plusieurs réunions d'informations qui ont concerné plus d'une vingtaine de cantons.
La participation desgendarmes aux réunions d'information sur les vols et les actes de vandalisme en milieu rural organisées ces dernières semaines à Albert, Ham, Nesle, Caix, Abbeville et Beauval correspond à la volonté de la gendarmerie nationale de renouer le contact avec le milieu rural et avec les agriculteurs en particulier. L'adjudant-chef Guyart, référent-agriculture au sein du groupement de gendarmerie de la Somme, reconnaît que depuis une quinzaine d'années, la relation entre les gendarmes et le monde agricole a été rompue.
Il s'agit à présent d'établir un réseau de proximité, de contacts, d'échanges, d'écoute pour mieux se comprendre et agir ensemble pour la sécurité. «Vous êtes nos yeux ! Comme vous êtes beaucoup plus nombreux que nous, nous avons besoin de vous», a-t-il expliqué.
Agir ensemble
L'objectif majeur de la démarche est d'éviter ou de retarder les vols et les dégradations. Pour cela, la gendarmerie livre des recommandations tirées de son expérience et des témoignages de victimes. Néanmoins, il s'agit également de pouvoir, d'une part, intervenir rapidement sur les lieux du méfait et, d'autre part, repérer les auteurs et le cas échéant, démanteler les réseaux.
Les voleurs, rappellent l'adjudant-chef, passent leur temps à surveiller, à observer, à attendre le bon moment. «Le vol est leur activité principale et pour cela, les malfrats n'ont peur de rien et font souvent preuve d'un aplomb incroyable ! Ces VRP du vol cherchent à se donner le moins de mal possible pour un profit maximum», rappelle-t-il. Force et faiblesse du département, la densité du réseau routier et autoroutier auquel il faut ajouter le réseau secondaire constitué par les chemins de plaine goudronnés, en particulier pour l'accès aux éoliennes. «Je suis sidéré d'observer l'origine des véhicules qui circulent sur ce type de voirie», assure l'adjudant-chef.
Des mesures de bon sens pour dissuader ou retarder les voleurs
Protéger ses biens
L'accès aux bâtiments d'exploitation est assez simple à sécuriser par la réalisation d'un fossé ou la limitation du nombre d'entrées dans le périmètre. La plus fréquente doit pouvoir être fermée pour éloigner le stationnement éventuel ou ralentir la vitesse. La clôture est un bon moyen à condition de l'enterrer de 40 cm au moins. Une haie doit surtout être basse pour éviter de passer facilement dessous et ne pas empêcher de regarder au-dessus.Le matériel, notamment les moissonneuses et leur imposant réservoir empli de gas-oil pour l'hiver, doit être impérativement dissimulé à la vue et ne pas tenter les voleurs.
Les maisons d'habitation dans les corps de ferme constituent une aubaine pour les malfaiteurs. Les occupants reproduisent des habitudes ancestrales en accrochant toujours au même clou depuis des décennies ou en laissant la clef de la voiture au tableau de bord, dans le pare-soleil ou sous un chiffon. «Ils savent tout cela et c'est un jeu d'enfant pour les voleurs pour saisir la bonne occasion et dérober les bijoux et les vieux souvenirs tout en mettant sans dessus-dessous le contenu des placards laissant une désagréable impression de viol de l'intimité», témoigne l'adjudant-chef.
Au changement d'habitudes ajouter l'autodiscipline dans le remisage du matériel notamment pour le dissimuler à la vue depuis une route ou un poste d'observation facile d'accès.Stationner deux tracteurs côte à côte sous une lampe à détecteur de présence en plaçant les réservoirs à l'intérieur est une bonne pratique dissuasive ou au moins qui pourra retarder la fuite voire qui obligera le voleur à abandonner ses jerricans pour s'enfuir. Les vols de gas-oil sont fréquents. Les plus redoutables sont les petites quantités prélevées souvent. Il faut donc penser à vérifier régulièrement le niveau de la cuve.
Protéger les points sensibles
Le démarcheur ou autre fournisseur de service est redoutable. Il se présente sous un faux-prétexte avec, par exemple, un bidon de 5 l pour avoir du fuel car il vient de tomber en panne avec sa voiture. En fait, il cherche à localiser la cuve à fuel pour revenir se servir plus tard. «Refuser à ce visiteur qu'il vous accompagne. La cuve à fuel est un lieu sensible qu'il faut préserver à tout prix de toute observation et mémorisation», recommande l'adjudant-chef. Un plus pour les zones à risques, les plus convoitées (atelier, cuve à fuel, hangar à matériel, salles de traite, etc...), l'éclairage.
Pour le petit outillage, le marquage devrait être la règle. Il permet d'identifier l'outil en cas de récupération. L'absence de preuves de la propriété empêche la restitution au propriétaire. «C'est au propriétaire d'apporter la preuve sinon le détenteur, en l'occurrence le voleur, récupérera le bien», souligne l'adjudant-chef.
Le recours au chien pour dissuader les personnes mal intentionnées est à double tranchant. L'animal de compagnie qui déambule dans la cour ou qui monte dans le tracteur pour faire le tour de plaine n'empêchera en rien l'acte malveillant. «L'idéal est que le chien soit entendu sans être vu. Que le voleur ne sache pas à quel type d'animal il a affaire», prévient l'adjudant-chef.
Les animaux aussi
Varier les horaires de passage dans les pâtures pour éviter la routine. Continuer à circuler en plaine même quand les enrouleurs sont arrêtés à cause de la pluie. C'est une aubaine pour les voleurs qui disposent d'une plage horaire plus importante pour leur méfait.
Composer le 17
En cas de vol ou d'acte de malveillance, alertez immédiatement les forces de police ou de gendarmerie en appelant le 17. Ce n° est en constante écoute et les alertes sont immédiatement répercutées à l'ensemble du réseau. De plus, un véhicule, le plus proche disponible du lieu du méfait, est envoyé sur place dans les meilleurs délais. «Ne touchez à rien !», recommande l'adjudant-chef. Tous les éléments de preuves du vol tels que les photos, les certificats de propriété doivent être transmis aux enquêteurs.
Pour éviter l'attente à la gendarmerie pour porter plainte, il suffit d'utiliser la pré-plainte en ligne. La gendarmerie du domicile est tenue d'appeler dans les 48 heures pour prendre la déposition sachant qu'elle donne la liste des pièces utiles à avoir avec soi.