Les Jeunes Agriculteurs plancheront au Cap Hornu sur l’environnement
Ils ont obtenu d’organiser la première session nationale Environnement des JA. Elle aura lieu les 17, 18 et 19 novembre prochains au Cap Hornu. Leurs motivations et les problématiques qui seront abordées.
Quand on pense à l’agriculture dans la Somme, avec ses importantes productions, on associe rarement, pour ne pas dire jamais, agriculture samarienne et exemplarité environnementale. «On a le département le plus productif avec le Nord-Pas-de-Calais, à l’échelle nationale, reconnaît Edouard Brunet, l’un des responsables du groupe Environnement chez les JA de la Somme. Tout le monde assimile cette productivité à la consommation d’intrants et à une forte irrigation alors que nous sommes exemplaires à bien des égards.»
Avant de s’agacer : «Comment peut-on imaginer un instant que l’on ne se soucie pas de l’environnement ? On nous reproche toujours de détruire l’environnement. Non seulement, ce n’est pas vrai, mais c’est, en plus, un patrimoine que l’on entretient. D’ailleurs, on le transmet de génération en génération. Aussi si l’on détruisait tout, comme certains le disent, cela ferait belle lurette qu’il n’y aurait plus d’agriculteurs et que la planète manquerait cruellement de denrées alimentaires.» «S’il n’y a plus d’agriculture demain, renchérit Armand Paruch, président des JA de la Somme, les terres seront en friche. Conséquence : les terres ne seront plus entretenues, et c’est l’environnement qui en pâtira.»
A contrario des images toutes faites que l’on pourrait avoir, les JA de la Somme sont bel et bien préoccupés par des questions environnementales, considérant que l’agriculture est une solution et non un problème pour l’environnement. Pour que cet axiome ne s’apparente pas cependant à une formule éculée, d’autant plus qu’il est répété en boucle depuis plusieurs mois dans la perspective de la COP 21, les JA de la Somme ont décidé d’en faire la démonstration. C’est dans cet objectif, ainsi que dans la volonté de faire découvrir leur département et le dynamisme agricole qui l’habite, qu’ils ont présenté leur candidature à la structure nationale des JA pour accueillir dans leur département la session Environnement, à laquelle devraient participer autour de cinquante responsables JA du dossier Environnement, venus de toute la France. Ils ont eu gain de cause. La session se déroulera en Baie de Somme, au Cap Hornu.
Les Bas Champs sous le feu des projecteurs
Outre la capacité d’accueil du lieu, le site, dans la zone des Bas Champs, a toute une symbolique importante pour les JA. «C’est un secteur atypique dans le département, qui n’est pas représentatif forcément de ce qui se fait ici dans l’agriculture. Par ailleurs, c’est une zone qui doit faire face aux problématiques environnementales telles que les drainages à ciel ouvert et souterrain, ou encore l’entretien des fossés, pour ne citer que quelques exemples», commente Edouard Brunet. Sans compter la nouvelle copie de l’Etat sur le classement en zones vulnérables, imposant à tous les agriculteurs du secteur de nouvelles mises aux normes de leurs exploitations. En mettant en lumière les Bas Champs, les JA de la Somme escomptent sensibiliser sur les questions des zones vulnérables.
Car, derrière cette «vitrine» naturelle exceptionnelle que représente la Baie de Somme, dans laquelle sont situés les Bas Champs, «se cache bel et bien des conditions agronomiques et environnementales difficiles à gérer au quotidien. Comment, dans ces conditions, faire prendre conscience des problématiques environnementales territoriales ou même micro-territoriales ? Avec des normes de plus en plus draconiennes, des contraintes qui s’accentuent de jour en jour et des lois qui se complexifient, tous ces événements modifient notre travail de paysan et freinent les projets d’installation, souligne Armand Paruch. A nous, donc, Jeunes Agriculteurs, de proposer des simplifications et des prises en compte des problématiques sur nos territoires ! Ainsi, dans les Bas Champs, on se bat pour que la zone passe en ICHN (Indemnités compensatrices d’handicaps naturels), comme dans les zones de montagne, par exemple». Autant de problématiques environnementales qui seront au cœur de la session nationale, la semaine prochaine.
Enjeux de demain
Après une présentation de chaque responsable et l’évocation de l’actualité des régions, le 17 novembre prochain, les JA feront le point sur l’actualité, en abordant l’état d’avancement du contentieux nitrates, les lois biodiversité et transition énergétique, le plan Ecophyto 2, et toutes les questions attenantes à la problématique de l’eau (SDAGE, captages et projets de territoire). Ils enchaîneront sur la communication à mettre en place autour des situations de crise.
La matinée du mercredi, entièrement organisée par les JA de la Somme, comprendra la visite des Bas Champs, avec la découverte des problématiques environnementales qui y sont associées (ZNT, zones inondables, biodiversité, espèces protégées…), ainsi que la visite de l’usine d’engrais Timac Agro. «C’est la dernière usine française à produire des engrais sur le territoire national. Par ailleurs, c’est le seul groupe, au niveau mondial, qui fait de la recherche sur les engrais. C’est un groupe qui nous intéresse aussi par sa dimension de développement durable, comprise dans son process industriel. Il était donc intéressant de la faire découvrir à tous», précise Edouard Brunet.
L’après-midi sera, elle, consacrée aux thématiques en lien avec la qualité de l’air, ses enjeux et problématiques pour demain, ainsi qu’à l’agriculture face aux défis du changement climatique. «L’objectif des ateliers organisés est de valoriser les bonnes pratiques agricoles existantes et d’établir notre positionnement sur ces sujets. Dans tous les cas, ce que l’on veut, c’est être concerté dans toutes les décisions prises pour l’agriculture», commente-t-il.
La dernière journée, soit le jeudi, sera l’occasion de débattre avec les élus de la Somme invités à la session. LR, le PS et EELV devraient être représentés. Jérôme Bignon, élu de la Somme et rapporteur de la loi sur la biodiversité, a, lui, déjà répondu présent. Les questions ne manqueront pas. «On demandera aux politiques ce qu’ils veulent faire de l’agriculture demain, souligne Edouard Brunet. Veut-on encore des agriculteurs en France ? La question des phytos sera sans doute aussi abordée, parce qu’on veut savoir si on aura toujours le droit d’en utiliser demain, et sous quelle forme. Ce que l’on attend d’eux, c’est qu’ils passent des paroles aux actes.»
Enfin, pour clore la session, la visite d’une ferme du réseau Dephy est programmée. Elle est cependant à confirmer. Quoi qu’il en soit, là encore, le choix n’est pas le fruit du hasard. La Somme est le département le plus impliqué au niveau de ce réseau, qui a mis en place des fermes expérimentales engagées dans la diminution des produits phytosanitaires. Une autre façon de faire la preuve que l’environnement est une préoccupation constante chez les agriculteurs samariens. En témoignent aussi la qualité de l’eau, ainsi que celle des productions, comme de leurs quantités.
Les partenaires
- Chambre d’agriculture de la Somme
- Conseil départemental de la Somme
- Crédit agricole Brie Picardie
- Groupama Paris Val de Loire
- CER France Somme
- MSA Picardie- Timac Agro France
- FDSEA de la Somme et L’Action agricole picarde
- Conseil régional de Picardie
- L’ASBS et la CGB
- Syndicat mixte de la Baie de Somme et du Grand littoral picard
- CDC de la Baie de Somme Sud
- ASA des Bas Champs- Coopératives : Calipso, Noriap, Calira, Sodiaal Union
- La Biscuiterie Tournayre
- Boris Dupuis - Brasseur Marquenterre
L’environnement dans la Somme
- Des parlementaires impliqués en matière de développement durable, d’énergies renouvelables, de biodiversité
- La Picardie, une région pionnière sur la chimie verte avec le premier pôle IAR
- De nombreux groupes d’agriculteurs sur l’environnement mis en place par la Chambre d’agriculture de la Somme
- La Somme : premier département à être doté de drones
- Intégration d’un module sur l’agro-écologie dans le programme du stage 21 heures
- Une assemblée générale en 2015 sur l’environnement avec l’intervention de Barbara Pompili et de Céline Imart sur «L’environnement : quel avenir pour l’installation ?»
- Une Plaine en fête 2015 sur les thèmes de l’Homme et de l’agro-écologie
- Un groupe Environnement au sein des JA de la Somme, animé par Edouard Brunet, Vincent Duchemin et Marc Hossart, qui se réunit au minium deux fois par an, et si besoin, organise des réunions en plus lors d’actualités fortes. Ce qui a été le cas lors du passage complet du département en zones vulnérables.
- L’adhésion des JA de la Somme au club Climat du Conseil départemental de la Somme
- Participation des JA de la Somme au groupe national Environnement