Les Jeunes agriculteurs rédigent un manifeste ambitieux
Rien de tel que le Salon international de l’agriculture (SIA) pour faire passer ses idées auprès des politiques. Dans ce sens, les Jeunes agriculteurs ont rédigé un manifeste, début janvier.
Un «Manifeste pour une ambition agricole française qui défende un modèle agricole de type familial» a été rédigé par le syndicat des Jeunes agriculteurs (JA). Il a été officialisé le 10 janvier, et présenté le 4 janvier lors des vœux du syndicat à la presse. Destiné à tous les candidats à la présidentielle, il insiste sur les grands axes à développer pour conserver une agriculture forte, et sera délivré lors des visites des politiques au Salon international de l’agriculture (SIA). Le manifeste pose volontairement trois questions : «Quelle agriculture voulons-nous en France ?», «Comment favoriser le renouvellement des générations d’agriculteurs ?» et «Comment défendre l’agriculture française ?»
A la première question, les JA répondent en défendant «une politique agricole qui rééquilibre les rapports de force dans les filières». Pour cela, le syndicat prône le regroupement des agriculteurs en OP (organisations de producteurs) pour peser dans les négociations commerciales. Il encourage la contractualisation et «attend du président de la République» une révision de la Loi de modernisation de l’économie (LME).
Les JA évoquent largement les problématiques de la sur-réglementation, demandant «de définir des normes en concertation avec les agriculteurs». «Le futur chef de l’Etat devra reprendre la main sur son administration», est-il même écrit. Dans un contexte où le versement de certaines aides Pac peut avoir jusqu’à deux ans de retard, la phrase n’est pas anodine. Le syndicat demande aussi à «mettre en place des objectifs de résultats plutôt que de moyens».
Politiques foncières et fiscales
Du côté du renouvellement des générations, le syndicat revendique «un budget ambitieux pour l’installation des jeunes» et, surtout, un cadre national, défendu par le gouvernement à Bruxelles pour la Pac 2020. Le niveau de formation est également important, comme le rappelle régulièrement Jérémy Decerle, président des Jeunes agriculteurs, dans le cadre d’«une professionnalisation» du secteur. Dans le même sens, le syndicat précise «qu’il faut avant tout reconnaître les agriculteurs actifs». D’où l’importance de créer un registre des actifs agricoles. Registre toujours en attente, et ce, malgré le vote de sa création dans le cadre de la Loi d’avenir de 2014.
Une politique foncière et une politique fiscale favorisant l’installation sont également revendiquées par le syndicat. Ainsi, la taxe foncière sur le non bâti agricole pourrait être ajustée localement. «L’objectif final est de s’affranchir des stratégies patrimoniales qui empêchent la transmission et la mise à disposition du foncier», explique le syndicat. Les JA proposent plusieurs solutions comme le renforcement du statut du fermage, la meilleure maîtrise des prix du foncier lors de l’installation et la suppression de la «surconsommation du foncier» du fait de l’urbanisation. Pour la fiscalité, selon les JA, «un dispositif plus efficace de gestion du revenu doit être mis en place : réforme profonde de la déduction pour aléas (DPA) ou création de la déduction pour transmission et installation (DPTI)».
Les JA en désaccord avec l’OMC
A la question de la défense de l’agriculture française, c’est par une évolution de la Pac que les Jeunes agriculteurs apportent une réponse. «Abandon progressif des aides découplées au profit d’outils plus efficaces pour sécuriser le revenu», «mise en place de nouveaux outils assurantiels ou contracycliques associant des mécanismes privés et adaptés aux spécificités des territoires» ou encore «aides à l’innovation, notamment sur les énergies renouvelables». Les propositions sont nombreuses.
Toujours dans le cadre de la Pac, Les JA revendiquent un nouveau pacte alimentaire et l’absence de marchandisation de l’agriculture dans les négociations internationales. «Nous refusons de suivre à la lettre les règles dictées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui considère que les produits agricoles peuvent être échangés comme tout autre bien de consommation», peut-on lire dans le manifeste. Le syndicat évoque également «le rééquilibrage des accords commerciaux» au travers de «relations internationales rénovées», «la promotion des produits français à l’export ou encore la nécessité de reconnaître les contributions environnementales de l’agriculture». Une campagne de communication sur l’agriculture et le métier d’agriculteur devrait être portée par le syndicat avant le début du SIA.