Vie rurale
Les maisons France services sortent les citoyens de l’impasse administrative
Ce 18 octobre était inaugurée la vingt-septième maison France services de la Somme, à Poix-de-Picardie. Les citoyens peuvent y poster une lettre, se connecter à internet, et surtout trouver une aide humaine pour compléter leurs dossiers administratifs.
Ce 18 octobre était inaugurée la vingt-septième maison France services de la Somme, à Poix-de-Picardie. Les citoyens peuvent y poster une lettre, se connecter à internet, et surtout trouver une aide humaine pour compléter leurs dossiers administratifs.
Emmanuel Moulard, secrétaire général de la préfecture de la Somme, se trouva fort dépourvu le jour où il dû remplir son dossier en ligne de renouvellement de carte grise. Son adresse postale étant un «mail» et non une «rue», impossible d’entrer cette information dans le logiciel. «La dématérialisation apporte beaucoup de services, mais elle ne doit pas rimer avec déshumanisation. Il y a toujours des cas particuliers qui nécessitent une réponse humaine. Cette plus-value est réelle dans les maisons France services», avançait le représentant de l’État ce 18 octobre, lors de l’inauguration de la maison France services de Poix de Picardie. «Avec leur déploiement, on peut dire que ce n'était pas mieux avant, mais que c’est mieux aujourd’hui», ajoute-t-il.
Cette maison France services est la vingt-septième de la Somme, ce qui en fait un département «bien pourvu». Comme partout, on y trouve une offre de services variée : Agence nationale des titres sécurisés (ANTS), MSA, allocations familiales, assurance retraite, finances publiques, La Poste… «L’objectif de l’État était d’atteindre une maison France services par canton. Chez nous, l’objectif est dépassé, avec une couverture en zone urbaine comme en zone rurale», présente le sous-préfet d’Amiens. La CC2SO (Communauté de communes Somme Sud Ouest), fait figure d’exemple. Avec les deux dernières France services inaugurées – à Poix-de-Picardie et celle de Molliens-Dreuil deux jours plus tôt –, elle en compte désormais cinq. La plus grande intercommunalité des Hauts-de-France, avec 119 communes, peut même se targuer de présenter le bouquet de services à moins de 10 km de chaque habitant grâce à la Boussole, maison France services itinérante, en place depuis le 14 février 2022
Une proximité avancée
«Ce bus itinérant nous permet une réelle proximité. La communication est moins évidente vers les gens qui sont en rupture avec le numérique. Ainsi, nous allons vers eux», explique Delphine Damay, directrice des solidarités à la CC2SO. À Méréhaucourt, neuf habitants, sept personnes ont sollicité un accompagnement. Au total, deux-mille-cinq-cent personnes ont été accompagnées en un an et demi. «Les dossiers de retraite sont un bon exemple. Ce sont les plus traités.» Les agents, qui bénéficient d’accès privilégiés avec les services administratifs, parviennent à débloquer des situations qui paraissaient sans issue. «Nous faisons le maximum pour aider les personnes. Quand nous n'avons pas la réponse, nous orientons. Beaucoup nous demandent combien ils nous doivent, alors que le service est gratuit», témoigne Pauline Bimbart, agent France services de Poix. Et d’ajouter : «certaines personnes ont éclaté en sanglot, tellement ils étaient soulagés.»
Un porte-monnaie qui s’allège
Avec cette nouvelle maison France services inaugurée à Poix-de-Picardie, Alain Desfosses, président de la CC2SO, avance dans son objectif «d’améliorer le quotidien des citoyens». Mais comme de nombreux élus, il craint l’avenir. «Avec la baisse des budgets de l’État qui nous sont alloués, dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2025, qu’en sera-t-il demain ? Nous devrons prendre garde à ne pas nous éloigner de la solidarité.»
Pour rappel, le gouvernement a annoncé des mesures de maîtrise budgétaires, dont 5 milliards d’euros de réduction des dépenses publiques vers les collectivités locales et territoriales. «Pour le département de la Somme, l’impact est évalué à 24 millions d’euros», avance le Département dans un communiqué. Les conséquences se feront sentir sur «les actions particulières volontaristes», comme la fin de plusieurs aides directes aux familles, la réduction «importante» des subventions aux communes et aux intercommunalités, ou encore l’arrêt de partenariats avec des acteurs locaux.